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Baromètre électoral: les Verts perdent du terrain alors que le PLR se redresse

Élections fédérales 2023: le baromètre de la SSR indique une progression du PLR et des Vert'libéraux
Élections fédérales 2023: le baromètre de la SSR indique une progression du PLR et des Vert'libéraux / 19h30 / 2 min. / le 26 octobre 2022
A un an des élections fédérales, l’UDC fait la course en tête, tandis que le PS et le PLR se disputent la deuxième place, selon le baromètre électoral SSR publié mercredi. Derrière, Le Centre suit son petit bonhomme de chemin, les Verts subissent un sérieux coup de frein et les Vert’libéraux montent en puissance.

Dans une année quasi jour pour jour, les Suissesses et les Suisses renouvelleront leur Parlement. Les partis sont dans les starting-blocks et c’est l’UDC, sans surprise, qui part avec la meilleure cote, selon le baromètre électoral SSR réalisé par l’institut Sotomo. Les démocrates du centre dominent les autres partis depuis les élections fédérales de 1999. Cette fois-ci, ils sont crédités de 26,1% des intentions de vote, soit dix points de plus que leurs principaux rivaux, les socialistes.

Avec 16,3% des suffrages attendus, le PS réussit de justesse à conserver sa deuxième place, mais il est désormais talonné par le PLR (16,1%). Un peu plus de 13% des personnes sondées se rangent sous la bannière du Centre. Née de la fusion du PDC et du PBD, cette nouvelle écurie politique parvient à tenir à distance les Verts (11,7%) et les Vert’libéraux (9,3%). Emmenés par la vague climatique, les deux partis écologistes avaient fortement progressé lors des élections de 2019.

Le PLR profite de l'"effet Burkart"

Par rapport à leur score de 2019, Verts et Vert’libéraux suivent aujourd’hui des trajectoires opposées: 1,5 point de moins pour les premiers et 1,5 point de plus pour les seconds. Le régime libéral séduit apparemment l’électorat puisque, après quelques accrocs en début de législature, le PLR a accéléré l’allure et progresse désormais dans les intentions de vote (+1 point), selon le baromètre électoral. Les autres partis sont quant à eux plutôt stables.

Divisé sur le virage écologiste imposé par l’ancienne direction ainsi que sur les mesures sanitaires, le PLR était le grand perdant du précédent sondage publié il y a une année. Aujourd’hui, les libéraux-radicaux semblent donc avoir trouvé le bon régime sous l’impulsion de leur nouveau chef. Elu en octobre 2021, Thierry Burkart a remis de l’ordre dans le parti, imposant un cap clairement bourgeois, remarque le politologue Michael Hermann, coauteur de l’étude.

Le conseiller aux Etats argovien est d’ailleurs plébiscité par ses troupes. Plus de deux tiers des électrices et électeurs du PLR jugent sa conduite du parti positive, relève le sondage. Seul le président du Centre Gerhard Pfister jouit d’une cote de popularité comparable au sein de l’électorat de sa formation. A l’inverse, seule une minorité de l’électorat de l’UDC et des Verts considère que le pilotage de Marco Chiesa et de Balthasar Glättli contribue au succès de leur formation.

Vers un recentrage des forces politiques

En 2015, les élections fédérales avaient débouché sur un virage à droite du Parlement. Quatre ans plus tard, la gauche, propulsée par les vagues féministe et écologiste, avait renversé la vapeur. Le baromètre électoral montre que l’on pourrait assister l’an prochain à un recentrage des forces sous la Coupole fédérale (-2 points pour la gauche, +1 point pour le centre, +1,5 pour la droite). Un tel mouvement de l’opinion nous ramènerait quasi à la situation qui prévalait durant la législature 2011-2015.

Symbole de cette évolution, 42% des sympathisants des Verts estiment que leur formation se situe trop à gauche. L’enquête de Sotomo montre d’ailleurs que le changement le plus fréquent concerne les anciens électeurs des Verts qui roulent désormais pour le PS. Pas moins de 85% d’entre eux se disent déçus du parti écologiste. Ceux-ci sont aussi nombreux à se tourner vers les Vert’libéraux, moins par déception envers les Verts (26%) que par conviction pour leur nouveau parti (45%).

A noter que le Parti vert’libéral est attrayant non seulement pour les Verts, mais aussi au centre et à droite de l’échiquier politique. Une part significative de l’ancien électorat du PDC et du PBD se tourne ainsi vers les Vert’libéraux, de même que la frange des électeurs traditionnels libéraux-radicaux insatisfaits par l’orientation actuelle du “parti de l’économie”. Le PLR, de son côté, se nourrit copieusement des mécontents de l’UDC.

Le retour des préoccupations sociales

L’essoufflement des Verts ne signifie pas que les craintes liées à l’écologie ont disparu. Le dérèglement climatique demeure le défi politique le plus important auquel notre pays est confronté, selon le sondage de Sotomo. Alors que la menace d’une pénurie d’énergie plane sur la Suisse à l’approche de l’hiver, la question de la sécurité d’approvisionnement fait son entrée dans la liste des préoccupations principales des Suissesses et des Suisses, directement au deuxième rang.

Par rapport aux enquêtes précédentes, les thèmes sociaux prennent énormément d’importance, à la faveur de la hausse des prix et de la pression qui s’exerce sur le budget des ménages. Les primes d’assurance maladie et le coût de la vie figurent désormais parmi les défis politiques centraux. A l’inverse, la lutte contre la pandémie de Covid a quasi disparu des esprits. Seule une personne sondée sur 100 estime qu’il s’agit encore d’un sujet prioritaire.

Un marathon, pas un sprint

La montée des inquiétudes économiques et sociales, thèmes de prédilection du PS et du PLR, pourrait permettre aux deux “vieux” partis gouvernementaux, en perte de vitesse depuis plusieurs législatures, de redresser la barre. A l’inverse, cette évolution, en éclipsant quelque peu l’urgence climatique, pourrait compliquer la tâche des Verts, qui misent énormément sur un bon score aux élections de 2023 pour revendiquer une place au Conseil fédéral.

La grille de départ est connue, mais le marathon électoral ne fait que commencer. Si certaines formations semblent plus en forme que d’autres, rappelons que les premiers partis ne sont pas toujours les premiers arrivés. Risque de pénurie énergétique cet hiver, tensions géopolitiques aux portes de la Suisse, hausse des prix et crise économique qui menace, le tout - bien sûr - sur fond de dérèglement climatique: cahoteuse et semée d’obstacles, la route des élections fédérales est encore longue.

>> Voir le débat d'Infrarouge à un an des élections fédérales :

Élections fédérales 2023 : à droite toute ?
Élections fédérales 2023 : à droite toute ? / Infrarouge / 63 min. / le 26 octobre 2022

Didier Kottelat

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Alain Berset le plus influent, Viola Amherd la plus sympathique

L’institut Sotomo a également sondé l’avis de la population sur le Conseil fédéral. Omniprésent durant la crise du Covid, Alain Berset est considéré comme le conseiller fédéral le plus influent, loin devant Ueli Maurer. Le grand argentier de la Confédération, qui a annoncé sa démission en plein milieu de l’enquête, est suivi par Karin Keller-Sutter et Simonetta Sommaruga. Pourtant président de la Confédération, Ignazio Cassis est celui qui a le moins d’influence, selon les personnes sondées.

Question sympathie, le chef de la diplomatie helvétique est également le moins bien noté (2,77 sur 5). C’est la ministre de la Défense Viola Amherd qui, en moyenne, est jugée la plus sympathique (3,34), devant Alain Berset (3,31). Malgré les violentes critiques qu’il a subies durant la pandémie, le ministre de la Santé reste extrêmement populaire. Karin Keller-Sutter (3,13) et Simonetta Sommaruga (3,12) figurent en milieu de classement, suivies par les deux UDC Guy Parmelin (3,05) et Ueli Maurer (2,98).

>> Ecouter le sujet du 12h30 :

Alain Berset.
Le baromètre de popularité des conseillers fédéraux / Le 12h30 / 2 min. / le 27 octobre 2022

Méthode

La collecte des données a été réalisée en ligne pour le compte de la SSR par l'institut de sondage Sotomo entre le 26 septembre et le 7 octobre 2022.

Le recrutement des personnes interrogées a eu lieu d’une part par le biais des portails web de la SSR et d’autre part via le panel en ligne de Sotomo. Après apurement et contrôle des données, les réponses de 21’038 électeurs et électrices ont pu être exploitées pour l’évaluation.

La représentativité de ce sondage est comparable à celle d’un échantillonnage aléatoire avec une marge d'erreur de +/-1,3 point de pourcentage, note Sotomo.