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Candidate au Conseil fédéral, l'UDC Michèle Blöchliger admet être binationale

Un conseiller fédéral UDC peut-il être double national ? La question se pose sérieusement au sein du parti.
Un conseiller fédéral UDC peut-il être double national ? La question se pose sérieusement au sein du parti. / 19h30 / 2 min. / le 19 octobre 2022
La candidate de l’UDC au Conseil fédéral Michèle Blöchliger reconnaît avoir la double nationalité suisse et britannique. Dans un premier temps, la conseillère d’Etat nidwaldienne avait déclaré que cette information n’était "pas exacte". Elue ou pas, elle va de toute manière renoncer à la nationalité britannique, précise-t-elle.

Contrairement à ce qu’elle a indiqué en annonçant sa candidature au Conseil fédéral, l’UDC nidwaldienne Michèle Blöchliger est non seulement suisse mais aussi sujette de Sa Majesté, affirme mercredi le Tages-Anzeiger. La conseillère d’Etat, seule candidature féminine à la succession d’Ueli Maurer, possède la nationalité britannique par sa mère anglaise.

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Devant la presse lundi à Stans, Michèle Blöchliger avait pourtant démenti cette information, qui figurait sur Wikipedia. Or, c’est bien l’encyclopédie en ligne qui avait raison. Celle-ci se fondait d’ailleurs sur le propre site internet de la politicienne UDC. La mention de sa double nationalité, qui a disparu, y était encore présente à la fin novembre 2021, comme en témoigne une recherche sur le site d’archivage des pages web Wayback Machine.

Michèle Blöchliger admet aujourd’hui s’être "exprimée de manière imprécise et malheureuse". Même si son passeport est expiré depuis plus de dix ans, elle n’a jamais renoncé formellement à la nationalité britannique, confesse-t-elle dans le journal zurichois. Elle compte toutefois le faire, qu'elle soit élue au Conseil fédéral ou non.

Différentes appréciations de la loyauté

Pour l'UDC genevois Yves Nidegger, lui-même binational suisse et français, la conseillère d'Etat nidwaldienne a bien fait de dire qu'elle renonçait à sa nationalité britannique. "Il peut y avoir en tout cas l'impression d'un conflit d'intérêt et ça suffit pour que ce soit problématique. Un conseiller fédéral, contrairement à un juge, ça ne peut pas se récuser. Ca doit fonctionner, dans un collège de sept, par tous les temps", souligne le conseiller national.

Pour le chef du gouvernement genevois, en revanche, binationalité et travail dans un exécutif sont parfaitement compatibles. "En tout cas, je ne proposerais pas de renoncer à ma nationalité italienne pour briguer un tel poste", avance Mauro Poggia. "Le constat objectif est que la Suisse a été construite par des gens qui sont venus d'ailleurs. Notre richesse, c'est aussi notre diversité. Ça ne veut pas dire que cette diversité est un signe d’une potentielle déloyauté", ajoute l'élu MCG.

Italo-suisse elle aussi, la Verte Lisa Mazzone est du même avis. "A partir du moment où on prête serment sur la Constitution, on s’engage complètement et avec toute sa loyauté pour le pays et pour le bien commun", note la sénatrice genevoise. Pour elle, "la question de la double nationalité n'est absolument pas pertinente." L'éventualité d'une guerre est, selon elle, la seule exception. "Dans ce cas, il y a un conflit d’intérêt et je pense qu’il faudrait renoncer à sa nationalité."

Un débat lancé par l'UDC

La double nationalité des conseillers fédéraux est une question sensible au sein de l’UDC. En 2017, l’actuel président du parti Marco Chiesa avait déposé une initiative parlementaire pour que seules les personnes "100% suisses" puissent accéder au Conseil fédéral. Objectif: éviter les potentiels conflits de loyauté. Cette proposition n'avait pas trouvé grâce au Parlement. Seuls les élus UDC l'avaient approuvée.

Le débat avait été alimenté par les candidatures d'Ignazio Cassis et de Pierre Maudet, tous deux binationaux, pour reprendre le siège laissé vacant par Didier Burkhalter. Né de parents italiens et naturalisé en Suisse à l’âge de 15 ans, le Tessinois renoncera publiquement à sa nationalité italienne en août 2017, un mois avant son élection. Quant au Genevois, il déclarera être prêt à abandonner temporairement son passeport français s’il était élu.

Jusqu'à présent, la Suisse n’a jamais eu de conseiller fédéral binational.

Didier Kottelat

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Un Suisse sur cinq est binational

Plus d’un million de ressortissants suisses de plus de 15 ans disposent d’une deuxième nationalité, ce qui représente 19% de la population, selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique pour 2020. Environ deux tiers d’entre eux ont acquis la nationalité suisse par naturalisation et un tiers l’ont obtenu à la naissance.

Au sein des doubles nationaux, la nationalité la plus représentée est l’italienne (24%) suivie par la française (11%) et l’allemande (9%). C’est à Genève que le taux de binationaux est le plus élevé (47%), devant le Canton de Vaud (31%) et le Tessin (29%). Le taux est inférieur à 10% dans les cantons d’Appenzell Rhodes-Intérieures, Nidwald, Obwald, Schwyz et Uri.

Cinq candidats pour un siège

Pour l'heure, outre la conseillère d'Etat nidwaldienne Michèle Blöchliger, quatre hommes UDC convoitent le siège d'Ueli Maurer au Conseil fédéral.

Il s'agit du conseiller national bernois Albert Rösti, favori des pronostics, du sénateur bernois Werner Salzmann, du conseiller d'Etat zougois Hainz Tännler et de l'ancien conseiller national zurichois Hans-Ueli Vogt.

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