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Fabio Regazzi: "L'initiative sur le nucléaire prendra du temps, alors que le problème est là maintenant"

Fabio Regazzi, président de l'USAM : on ne peut pas accepter de contingents pour la fourniture d'énergie.
Fabio Regazzi, président de l'USAM : on ne peut pas accepter de contingents pour la fourniture d'énergie. / 19h30 / 7 min. / le 28 août 2022
Dans un contexte de pénurie énergétique cet hiver, les entreprises suisses sont en difficulté et cherchent des solutions. Dans le même temps, une initiative vise à autoriser à nouveau la construction de centrales nucléaires. Le président de l'Usam Fabio Regazzi n'y est pas opposé, mais juge qu'il faut aller plus vite.

Interviewé dimanche dans le 19h30, Fabio Regazzi, président de l'Union suisse des arts et métiers (Usam), la faîtière des petites et moyennes entreprises, explique qu'il faut effectivement "avoir un peu peur, parce que la situation est tendue", même s'il "pense qu'à la fin, on va s'en sortir sans trop de dégâts, au moins au niveau de la pénurie d'énergie".

En réponse à l'initiative sur le nucléaire qui va être lancée prochainement, à laquelle le président de l'Usam se dit favorable en principe, il explique cependant qu'il faut rester "réaliste". Selon le conseiller national du Centre, "on ne peut pas imaginer résoudre le problème actuel de pénurie d'énergie avec cette initiative, parce que cela prendra beaucoup de temps. Et le problème est là, il est maintenant".

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Le Conseil fédéral "se lève tôt mais se réveille tard"

En marge des discussions sur la pénurie énergétique, des critiques ont été portées au Conseil fédéral sur sa gestion de crise. L'Usam souhaite donc "demander à Guy Parmelin d'être impliquée davantage comme faîtière de l'économie pour contribuer à trouver des solutions".

Fabio Regazzi justifie ce désir d'implications de l'Usam "parce que nous pouvons apporter des contributions par notre expérience, par nos connaissances". Le Tessinois regrette que cette implication de la faîtière des PME par le Conseil fédéral soit si tardive. "Les Suisses, c'est un peuple qui se lève tôt mais qui se réveille tard, et ça vaut aussi un peu pour notre Conseil fédéral", conclut-il. 

Contingentements d'énergie et indemnités fédérales

Sur la question des contingentements d'énergie pour les entreprises, une question mise sur la table par le Conseil fédéral, le président de l'Usam se dit radicalement opposé. Pour lui, "en Suisse, on ne peut pas se le permettre pour la fourniture d'énergie". Au nom de la faîtière, il "demande de faire tout le possible afin que les contingentements n'arrivent pas. (...) C'est juste que le Conseil fédéral ait un plan B, mais pour l'instant, il faut se concentrer pour éviter ça."

Pour ce qui relève d'éventuelles indemnités fédérales, Fabio Regazzi n'en demande aucune tant qu'il n'y a pas d'interruption de la fourniture d'énergie. "Mais si on doit en arriver à ça, alors c'est clair, on est dans une situation similaire à celle du Covid-19: l'Etat n'est pas dans la condition de garantir des fournitures. Et s'il y a des dégâts au niveau de l'économie, il faudra qu'il réponde par des indemnités", défend-il.

"L'inflation est vraiment une sale bête"

Enfin, Fabio Regazzi conclut sur l'inflation, une "sale bête" dont "il faut faire attention". A ses yeux, les salaires vont augmenter dans certains secteurs ou certaines entreprises, mais pas partout, car certains secteurs ont de la peine.

"En plus, il y a les augmentations massives du coût de l'électricité et de l'énergie en général et il faut faire attention de ne pas mettre trop de difficultés à ces entreprises". Le président de l'Usam évoque donc la possibilité que l'Etat fasse "à son tour un effort pour combattre cette inflation".

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Propos recueillis par Jennifer Covo

Adaptation web: Julien Furrer

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