Le 19h30 de la RTS est parti à la découverte des extrémités de la Suisse, en envoyant ses journalistes à la recherche des points les plus au nord, au sud, à l'est et à l'ouest du pays, mais aussi en son centre.
Une montagne grisonne au petit matin, une promenade genevoise collée à la frontière française ou encore une pente vertigineuse dans le canton d'Obwald, ce sont autant de lieux souvent surprenants et méconnus qui comportent tous leur part d'histoire.
Dans les Grisons, le soleil dévoile ses premiers rayons sur les flancs du Piz Chavalatsch. Le sommet de cette montagne, à 2700 mètres d'altitude, est le point le plus oriental de la Suisse.
"À l'école, on nous apprend que le Piz Chavalatsch est le premier endroit de Suisse, avec le Piz Bernina, frappé par les rayons du soleil", explique l'enfant du pays Nicole Tschenett, guide VTT dans la région.
Le sommet offre un panorama à 360 degrés d'où l'on peut voir l'Italie, l'Autriche et la vallée d'Engadine. Et au carrefour géographique s'ajoute un carrefour culturel: à quelques mètres de là, côté italien, un club de radioamateurs établit des communications avec toute l'Europe.
Sans surprise, le point le plus méridional de la Suisse se situe au Tessin, sur la commune de Chiasso. Il se trouve le long des vestiges de la "ramina", une clôture barbelée érigée à la frontière tessinoise par l’Italie vers 1890 et entretenue jusqu'aux années 1970 pour empêcher la contrebande venue de Suisse. La contrebande de cigarettes, notamment.
Un peu plus au nord, dans la localité de Pedrinate, intégrée en 1976 à la commune de Chiasso, on cultive la vigne sur les contreforts des Préalpes tessinoises. Et dans cette région aux saveurs d'Italie, l'industrie viticole doit s’adapter rapidement aux changements climatiques.
Aux confins du canton de Genève, le long du Rhône à environ 3 kilomètres de Chancy, la borne-frontière numéro un, la première des 6638 qui délimitent le pays, marque l'extrémité ouest de la Suisse. "Quand Guillaume Henri Dufour a commencé la cartographie de la Suisse, en tant que Genevois, il a évidemment commencé par Genève", explique le guide André Pozzi.
Flanquée de l'aigle des armoiries de Genève d'un côté et de celles du royaume de Piémont-Sardaigne (1720-1861) de l'autre, cette pierre a été posée en 1816. Tout un symbole: le canton de Genève avait rejoint la Confédération un an plus tôt.
Mais malgré le poids du symbole, cette borne n'est pas tout à fait le point le plus occidental. "En 1898, les limites du pays ont été corrigées. Cinq bornes ont été ajoutées, toutes un peu plus à l'ouest de la borne numéro un", précise André Pozzi. C'est donc la borne 1-5 qui est la plus à l'ouest. La frontière réelle, quant à elle, se trouve au milieu du Rhône.
Le point le plus septentrional de la Confédération se trouve près de Bargen, dans le canton de Schaffhouse, à environ 15 kilomètres de la ville éponyme. Il est marqué par la "Pierre noire", "Schwarzer staa" en dialecte schaffhousois.
"À l’époque, quand les gens étaient condamnés, on les menait jusque-là et on leur disait qu'on les décapiterait s'ils remettaient les pieds dans le canton de Schaffhouse", raconte la guide locale Nicole Fischer.
Après un périple au coeur du splendide et abondant vignoble schaffhousois du Klettgau, l'un des plus grands de Suisse alémanique, et à travers la forêt, la Schwarzer Stein révèle ses inscriptions: la date de fixation de la frontière, à savoir 1839. Avec d'un côté "GB", pour le grand duché de Bade, et de l’autre "CS", pour le canton de Schaffhouse.
Mesuré en 1988 à l’occasion des 150 ans de l'Office fédéral de la topographie, le centre géographique de la Suisse est situé dans le canton d'Obwald et il répond au doux nom d'Älggi-Alp. Situé sur la commune de Sachseln, il s'agit d'une prairie à 1645 mètres d'altitude, accessible en voiture mais aussi par des chemins de randonnée. Des parcours peu connus, mais "absolument fantastiques", témoignent des promeneurs rencontrés en route.
Le centre du pays est marqué par une pyramide de triangulation entourée par un muret représentant la carte de la Suisse. Mais, en réalité, ce monument n'est pas le véritable point central mesuré par les topographes. Celui-ci se trouve à environ 500 mètres de là, sur un terrain escarpé et glissant. "Il faut descendre assez fort, c’est un peu dangereux", confirme le président de l’association des chemins de randonnée d'Obwald Otti Küng.
Le guide et son acolyte ont bravé le danger, caméra à la main, pour atteindre pour la première fois le véritable centre de la Suisse, marqué lui aussi d'une pyramide de triangulation. Un lieu resté discret, voire secret. Une qualité toute helvétique?
