Publié

La Confédération s'engage pour la sécurité des lieux de culte des minorités culturelles

La surveillance des lieux de culte fait débat à Genève
La surveillance des lieux de culte fait débat à Genève / 19h30 / 2 min. / le 8 juin 2022
L'enveloppe de la Confédération destinée à la sécurisation des lieux de culte des minorités culturelles qui en font la demande va être augmentée dès 2023. Les cantons sont invités à s'engager dans le même sens, Genève en particulier.

Les lieux de culte des minorités culturelles sont de plus en plus souvent la cible de menaces d'actes de terrorisme et d'extrémisme violent et leur besoin de sécurisation est donc accru. Depuis 2020, la Confédération finance des mesures visant à protéger les institutions de minorités ayant un besoin de protection particulier et qui en font la demande.

Les demandes sont soumises jusqu'en juillet, pour l'année suivante. Depuis 2021, comme illustré dans le graphique ci-dessous, les demandes ont été plus élevées car, selon le Service de renseignement de la Confédération, "les menaces envers les institutions juives et musulmanes de Suisse sont encore aggravées par les théories complotistes antisémites liées à la pandémie de Covid-19".



La Confédération a donc décidé d'augmenter l'enveloppe annuelle de 500'000 francs, pour passer dès 2023 à 2,5 millions de francs par année. Ce budget est prévu jusqu'en 2028, afin de soutenir notamment des mesures techniques, ainsi que des plans de sécurité intégrale. Après cette date, il est prévu de revenir à l'enveloppe de 500'000 francs par année.

Genève pointée du doigt

Beaucoup de communautés assument financièrement leur protection depuis plusieurs années. A Genève par exemple, la Grande Mosquée dépense 15'000 francs par année pour mandater du personnel spécialisé et gérer son réseau de caméras de surveillance.

Cette situation est inacceptable, selon la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, qui a déclaré lors d'une assemblée de la communauté israélite, le 29 mai dernier, qu'elle trouvait "inouï d'exiger d'une minorité religieuse qu'elle assume elle-même sa sécurité".

Cette critique visait particulièrement Genève, qui n'a pas d'enveloppe dédiée à la sécurité de ses lieux de culte. Pour Mauro Poggia, conseiller d'Etat genevois chargé du Département de la sécurité, "il s'agit de trouver un juste équilibre entre l'argent du contribuable et le financement que chaque entité, religieuse ou non, doit aussi mettre en place pour assurer la protection privée de l'événement qu'elle organise".

Gianluca Agosta/Elisa Casciaro

Publié

La responsabilité de l'Etat

Mais pourquoi est-ce la responsabilité de l'Etat de financer la sécurité des minorités religieuses? Le Département fédéral de justice et police a répondu par mail à la RTS que "l'Etat a la responsabilité d'assurer la sécurité des citoyennes et citoyens. En Suisse, cette tâche incombe aux cantons, qui détiennent la souveraineté en matière de police. Mais ça ne signifie évidemment pas que la Confédération ne peut pas apporter sa contribution: raison pour laquelle l'ordonnance sur les mesures de soutien à la sécurité des minorités ayant des besoins particuliers de protection a été adoptée en 2019."

En conséquence, la Confédération "invite les cantons à augmenter leurs efforts pour financer les mesures de protection des minorités particulièrement menacées. Mais elle n'a pas la compétence de les y contraindre. La Confédération est en contact avec les cantons afin de trouver des solutions financières durables".