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La fusillade de Genève met en lumière la facilité à se procurer des armes à feu en Suisse

Après la fusillade entre gangs rivaux à Genève, notre enquête révèle la facilité à se procurer des armes en Suisse
Après la fusillade entre gangs rivaux à Genève, notre enquête révèle la facilité à se procurer des armes en Suisse / 19h30 / 2 min. / le 5 juin 2022
La fusillade, il y a deux semaines, entre deux gangs de motards dans un bar à Genève met en lumière le milieu des armes en Suisse. Etonnamment, il n’est pas si compliqué de se procurer une arme à feu dans notre pays, comme le révèle une enquête du 19h30.

Dans le canton de Genève, 111’000 armes sont enregistrées dans les bases de données de la police. Pour avoir un permis d’acquisition d’armes, il faut montrer patte blanche avec un casier judiciaire vierge. Depuis le début de l’année, 750 autorisations ont été délivrées avec analyse complète des dossiers.

Et ce n'est que dans environ 10% des cas que des enquêtes de proximité sont menées pour s'assurer que la personne désirant acquérir une arme est apte ou non, comme l'indique dans le 19h30 l'adjudant Mathieu Menuz, chef de la Brigade des armes, de la sécurité privée et des explosifs de la Police cantonale genevoise.

"Cela consiste par exemple à envoyer quelqu’un au Centre universitaire romand de médecine légale pour effectuer des tests au niveau des stupéfiants ou de l’alcoolémie. On peut également demander une expertise psychiatrique ou auditionner des gens."

Les armuriers contactés par la RTS s’accordent à dire qu’ils ne vendent pas d’armes à n’importe qui, mais préfèrent rester discrets. Depuis 13 ans dans la profession, Patrice* insiste sur le fait qu'il s'agit d'une responsabilité morale. Il veut garder l'anonymat par crainte pour sa sécurité.

"Si une personne obtient un permis d’acquisition d’armes parce qu’elle répond aux critères en vigueur, elle peut venir chez nous. Mais si, quand elle vient chez nous, elle nous paraît bizarre, on ne doit pas lui délivrer d’armes", indique-t-il. Avant d'ajouter qu'il lui est arrivé de refuser une vente une seule fois. "C'était une personne un peu droguée, je pense. Elle me paraissait dans un état second et j’ai préféré ne pas faire la vente."

>> Lire aussi : Deux gangs de motards se disputent le canton de Genève

D'autres façons d'acquérir des armes

Il existe d’autres façons pour acquérir une arme sans passer par les contrôles. Il s'agit de la voie illégale du marché noir. En quelques clics sur le DarkWeb, il est ainsi possible de trouver ce que l’on cherche.

Les prix sont même légèrement en dessous du marché suisse. "L’accès à l’information et la plateforme pour pouvoir y acheter est directement accessible, comme Amazon ou eBay. Différentes armes de poing disponibles en Europe ou au Royaume-Uni peuvent être livrées en Suisse", souligne Steven Meyer, cofondateur et directeur général de Zendata, entreprise spécialisée en cybersecurité.

Reste un autre problème, celui des armes acquises avant la modification de la loi fédérale. Une des personnes contactées dans le cadre de l'enquête de la RTS a ainsi confié posséder sept armes à feu. Elles ont été achetées légalement il y a une quinzaine d'années à des particuliers.

Pas de permis avant 2008

Avant 2008, la loi n'obligeait en effet pas d'avoir un permis d’acquisition d’armes lors des ventes entre particuliers. Aucune déclaration n'a donc été faite et la police n'a aucune connaissance de leur existence. Pourtant, parmi elles, des armes sont interdites depuis 2019.

Contactée, Fedpol ne possède aucune donnée sur le nombre d’armes totales circulant en Suisse. Selon des estimations, ils pourraient y en avoir entre 2 à 3 millions.

* Nom connu de la rédaction

Sujet TV: Camille Rivolet

Adaptation Web: Fabien Grenon

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