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Les mouvements anti-mesures sanitaires peinent à séduire dans les urnes

Opérations de dépouillement après les élections cantonales bernoises. [Keystone - Alessandro della Valle]
Les mouvements anti-mesures sanitaires peinent à séduire dans les urnes / La Matinale / 2 min. / le 30 mars 2022
La fin de la pandémie, dont les dernières restrictions devraient être levées mercredi, marque également la fin d'une époque pour les mouvements de lutte contre les mesures sanitaires. Ces derniers cherchent à poursuivre leurs activités au sein de l'arène électorale, mais peinent à séduire.

Le passage de la contestation dans la rue à l'arène politique institutionnelle n'est pas chose aisée pour les mouvements anti-système. Les dernières élections cantonales vaudoises, nidwaldiennes et bernoises en ont fait la démonstration.

À Berne, la section cantonale de Debout la Suisse, fer de lance des anti-mesures sanitaires durant près de deux ans, n'a pas brillé dimanche. Aucun siège sur 69 candidates ou candidats, et des scores faibles allant de 0,1 à 3% selon les circonscriptions.

Une véritable déception pour le candidat biennois Roland Gurtner, lequel concède avoir eu le "secret espoir" de décrocher quelques sièges. "Mais nous avons commencé très tard, et donc manqué de temps pour nous préparer. Financièrement, nous avions zéro franc, nous étions clairement désavantagés par rapport aux grands partis", explique-t-il.

Pas de nouvelle offre politique

Ce revers électoral à Berne s’ajoute à d’autres survenus ces dernières semaines. L'alliance des libertés vaudoise a obtenu moins de 1% des voix dans la course au Grand Conseil. Le résultat a été similaire à Nidwald.

Pour le politologue Pascal Sciarini, l'un des facteurs de cet échec est lié à la temporalité de ces élections, qui arrivent "un peu tard". "On est maintenant dans une période post-crise Covid. Les mesures contraignantes ont été relâchées, et ce qui faisait la raison d’être de ces mouvements a un peu disparu", estime-t-il.

Mais pour le spécialiste des comportements électoraux, l'autre raison, plus fondamentale, réside dans l’encombrement de l’espace politique helvétique. "Il y a déjà de nombreux partis en Suisse. Pour pouvoir se faire une place, il faut un programme ou des idées qui ne sont défendues par personne, ce qui est très difficile", explique-t-il. Or les positions anti-mesures sanitaires et la rhétorique anti-système ont largement été reprises par l'UDC, le plus grand parti du pays.

Espoirs pour le futur

Toutefois, rien n'est encore perdu pour le président et figure de proue de "Debout la Suisse", le Zurichois Patrick Jetzer, en vue des prochaines élections fédérales. "Nous sommes confiants, nous avons plus d'un an et demi devant nous. Maintenant, nous sommes en route depuis quelques semaines et nous allons encore faire quelques candidatures", explique-t-il, tout en concédant qu'il faudra encore apprendre et gagner la confiance de la population. Et d’assurer que son mouvement ne se limite pas à la contestation des mesures sanitaires.

Patrick Jetzer peut notamment s'appuyer sur sa propre expérience, lui qui a été récemment élu au Parlement de Dübendorf, sa commune de quelque 24'000 habitants dans le canton de Zurich.

Valentin Emery/jop

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