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La Suisse fait face à l'important afflux de réfugiés ukrainiens, les centres d'accueil débordés

Les centres d'accueil sont débordés. Des familles de réfugiés ukrainiens ont du trouver des solutions d'urgence pour la nuit.
Les centres d'accueil sont débordés. Des familles de réfugiés ukrainiens ont du trouver des solutions d'urgence pour la nuit. / 19h30 / 2 min. / le 15 mars 2022
Les réfugiés ukrainiens affluent de plus en plus nombreux en Suisse. Mardi, plus de 5000 d'entre eux s'étaient déjà enregistrés dans les six centres fédéraux ouverts. Ceux-ci ont cependant tous atteint les limites de leurs capacités, en attendant que la Confédération améliore son efficacité.

L'enregistrement des réfugiés pour l'obtention d'un permis S a entraîné de longues files d'attente, en particulier au centre fédéral pour requérants d'asile de Zurich. Zurich est le canton qui accueille la plupart des arrivants pour l'instant.

Les autres centres ouverts se trouvent à Boudry (NE), Bâle, Berne, Chiasso et Altstätten (SG). Mardi à la mi-journée, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a dû annoncer sur Twitter que le centre fédéral de Zurich ne pourrait plus enregistrer davantage de réfugiés jusqu'à la fin de la journée. Le site zurichois, qui cédera jeudi cette compétence à la Confédération, est débordé par le nombre de demandes de permis S.

Il en est de même pour les cinq autres, tous affichant la couleur rouge, a précisé le SEM. Il existe un système de feux tricolores pour les centres d'asile fédéraux. En rouge: enregistrements impossibles, en orange: enregistrements limités et en vert: enregistrements possibles. A noter que ce code couleurs indique la capacité à mener les enregistrements, et pas les capacités d'hébergement.

Les réfugiés peuvent vérifier sur les sites en ligne des centres fédéraux lesquels affichent complet et lesquels sont encore peu occupés.

Pas enregistrés, ils quittent le centre

Le 19h30 a rencontré des réfugiés d'Ukraine, arrivés en Suisse lundi après-midi. Sans point de chute, ils se sont immédiatement rendus au centre d'asile de la Confédération à Boudry (NE) pour trouver un toit pour la nuit.

C'est là que les problèmes ont commencé. "La procédure était épuisante, particulièrement pour les enfants. Mais on nous a donné à manger, c'était très bien. Après, l'attente a été très longue, il n'y avait pas suffisamment de chaises pour s'asseoir, des enfants pleuraient, et l'un d'eux était malade", raconte l'une des personnes de ce groupe, Sviltlana.

Après cinq heures d'attente sans explication du centre, vers 23 heures, ils ont décidé de le quitter. Sans lit pour la nuit, ils ont été recueillis en urgence par des privés neuchâtelois.

"Nous étions reconnaissants d'avoir pu dormir chez eux. Mais je ne sais pas comment cela s'est passé pour ceux qui ont attendu toute la nuit là-bas", glisse la jeune femme.

"Je ne me plains pas, n'importe quelle situation est meilleure que des bombes sur nos têtes. certains aspects pourraient être renforcés, surtout pour les petits enfants", a encore déclaré une autre réfugiée dans La Matinale.

>> Les témoignages récoltés à Boudry :

Des réfugiés ukrainiens à l'entrée du centre d'enregistrement de Boudry (NE). [RTS - Ludovic Rocchi]RTS - Ludovic Rocchi
Les centres d'asile suisses dépassés par l'afflux de réfugiés ukrainiens / La Matinale / 4 min. / le 16 mars 2022

Interrogée dans La Matinale de mercredi sur la capacité de la Suisse à accueillir autant de réfugiés d'un coup, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a relevé "la situation extraordinaire". "Avant de critiquer, il est important de souligner la solidarité de la population suisse. Nous sommes capables de gérer une telle situation", a encore conclu la socialiste.

>> Les propos de Simonetta Sommaruga dans La Matinale :

L'invitée de La Matinale - Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale à la tête du DETEC
Les centres fédéraux débordés, la réaction de Simonetta Sommaruga / La Matinale / 1 min. / le 16 mars 2022

Personne n'est laissé à la rue

A Zurich, le centre fédéral de requérants d'asile et le site supplémentaire d'accueil, ouvert récemment près de la gare centrale, attribuent immédiatement un logement aux réfugiés ukrainiens. Jusqu'à présent les clés de centaines de logements ont pu être délivrées. Personne n'est laissé à la rue, assure le SEM.

En prévision d'une éventuelle pénurie provisoire, la municipalité de Zurich a décidé de mettre à disposition une grande salle sportive dans le sud-ouest de la ville. Dès mardi prochain, la Saalsporthalle pourra accueillir jusqu'à 200 réfugiés de passage ou dans l'attente de pouvoir déposer leur demande de permis S.

Il n'y a pas de quota pour le statut de protection S. Les réfugiés peuvent prendre leur temps pour s'enregistrer, rassure le SEM.

Pour éviter de surcharger les centres d'asile, la Confédération appelle toutes les personnes qui ont fui l'Ukraine et qui ont déjà un logement d'attendre avant de s'enregistrer dans le centre d'asile.

La situation en Suisse est incomparable avec ce que connaît la Pologne, par où 1,8 million de réfugiés ont quitté l'Ukraine, contre 5211 ici, a indiqué mardi le SEM. Le Conseil fédéral attend jusqu'à 60'000 réfugiés en provenance d'Ukraine.

>> Lire : Plus de 3 millions de personnes, dont environ la moitié d'enfants, ont quitté l'Ukraine

ats avec Julien Guillaume et kkub

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Efficacité renforcée

Pour recevoir le permis S, les réfugiés doivent remplir des formulaires, soumettre leurs empreintes digitales et participer à un premier entretien. Le SEM avait annoncé dimanche vouloir rendre ce processus plus rapide en mettant à disposition davantage de machines d'enregistrement des empreintes digitales.

De plus, les réfugiés ukrainiens pourront bientôt s'inscrire en ligne pour un rendez-vous d'enregistrement, afin de ne plus avoir à faire la queue pendant des heures. "Il y aura toujours des délais d'attente, mais nous essayons d'améliorer le processus d'enregistrement partout où c'est possible", avait déclaré la secrétaire d'Etat aux migrations Christine Schraner Burgener.

Appartements, écoles et animaux

Pour certains réfugiés arrivés à Zurich, la Suisse n'est qu'une station de transit avant de rejoindre des proches dans un autre pays européen. "Un pays entier est en fuite: nous accueillons ici des Ukrainiens issus de toutes les couches sociales", explique aux médias Andrea Lübberstedt, directrice de l'office cantonal zurichois des affaires sociales.

Malgré l'afflux important, les réfugiés restent calmes. Les arrivants font preuve d'une très grande solidarité entre eux, constate Andrea Lübberstedt. Mères et enfants sont nombreux. Parfois, des groupes aux besoins spécifiques arrivent en bloc. "Lundi, nous avons pu prendre en charge un groupe d'une quarantaine de personnes sourdes."

Premiers enfants scolarisés

Le statut de séjour S permet aux réfugiés ukrainiens d'obtenir un logement rapidement ou de ne rester que peu de temps dans un centre de requérants d'asile avant d'être logé dans leurs propres murs. Il les autorise aussi à chercher un emploi et à scolariser leurs enfants le plus rapidement possible.

Les premiers enfants ukrainiens commencent déjà à être scolarisés en Suisse orientale. La ville de St-Gall les intègre dans des classes régulières. Pour l'instant, il n'y a pas encore de planification au niveau cantonal. St-Gall souhaite une harmonisation intercantonale. En Thurgovie aussi, certains enfants réfugiés hébergés chez des particuliers fréquentent déjà des écoles communales.

Les animaux de compagnie ne sont pas non plus oubliés. En cas d'urgence, la section zurichoise de la protection des animaux place les chiens et les chats des réfugiés ukrainiens dans un refuge pour animaux. Tel est notamment le cas de ceux dont les détenteurs séjournent dans un centre de requérants d'asile. La Confédération a assoupli les conditions d'entrée des animaux de compagnie en provenance d'Ukraine.