Publié

Solidarité en Suisse pour l'accueil des personnes qui fuient l'Ukraine

Solidarité en Suisse pour l'accueil des personnes qui fuient l'Ukraine
Solidarité en Suisse pour l'accueil des personnes qui fuient l'Ukraine / L'actu en vidéo / 2 min. / le 11 mars 2022
Avec la guerre en Ukraine, environ douze millions de personnes ont besoin d'une aide d'urgence, a rappelé vendredi le Conseil fédéral. 15 Minutes a rencontré en Suisse de simples citoyennes et citoyens qui ont décidé de faire leur part pour venir en aide aux personnes en exil.

La Suisse a décidé de débloquer 80 millions de francs pour l'aide humanitaire en Ukraine, de quoi soulager un peu sur place les millions de personnes qui requièrent une aide d'urgence. Plusieurs milliers de ménages se sont proposés dans notre pays pour accueillir réfugiées et réfugiés d'Ukraine.

>> Lire : Plus de 16'000 ménages suisses prêts à accueillir des réfugiés d'Ukraine

L'élan de solidarité est grand: il y a celles et ceux qui organisent des collectes, affrètent des camions, récoltent des habits… Des actions parfois peu coordonnées, isolées, pas toujours efficaces, mais qui témoignent d'une compassion sincère. Patrizia et Konstantin, Elena, Arsen, Lubomir, ont toutes et tous un point commun: une volonté d'agir.

A Lausanne, la boutique de produits russes Doushka a organisé une collecte pour les personnes ayant dû fuir l'Ukraine. [RTS - Katia Bitsch & Guillaume Rey]
A Lausanne, la boutique de produits russes Doushka a organisé une collecte pour les personnes ayant dû fuir l'Ukraine. [RTS - Katia Bitsch & Guillaume Rey]

Depuis le 24 février, jour où les blindés russes ont envahi l'Ukraine, Elena – depuis "Doushka", sa boutique de produits russes à Lausanne – a lancé une collecte sur les réseaux sociaux.

Certains jours, des dizaines de cartons s'empilaient sur le trottoir, avec de la nourriture et des produits d'hygiène: "Je suis russe d'origine, mais j'ai quitté la Russie à l'âge de seize ans. Poutine n'a jamais été mon président. C'est ma culture, mon pays, mon énorme douleur. Cette guerre, c'est une guerre dans ma famille!"

Ana fait partie des dizaines de personnes venues donner de leur temps. Elle-même est de nationalité ukrainienne: "La famille de mon mari vit là-bas, mes grands-parents sont là-bas, en lieu sûr". Elle raconte que beaucoup de ses compatriotes de l'étranger se sentent coupables de ne rien pouvoir faire, essayant d'aider comme ils peuvent depuis la Suisse. "J'étais un peu surprise que ce soit une boutique russe qui fasse cette collecte, mais beaucoup de gens dans le monde, beaucoup de Russes, témoignent leur soutien et se sentent mal aussi."

>> Ecouter le reportage de 15 Minutes :

La chambre d'amis, dans la maison de Patrizia et Konstantin, accueille le petit Marc, sa maman et sa grand-maman. [RTS - Katia Bitsch & Guillaume Rey]RTS - Katia Bitsch & Guillaume Rey
15 Minutes - Elan de solidarité suisse pour les Ukrainiens / 15 minutes / 15 min. / le 12 mars 2022

De la chaleur et un toit

Dans la région du lac de Morat, une maison héberge trois personnes de plus depuis cette semaine. Patrizia, Konstantin et leurs enfants ont accueilli le petit Marc, 8 ans, accompagné de Tanya, sa maman, et Julia, sa grand-maman: "Quand on a vu cette grande détresse, c'était clair qu'on allait aider", explique Patrizia.

Le père de cette famille, lui, a dû rester en Ukraine: il travaille dans une banque, une infrastructure dite "essentielle". Une séparation douloureuse que ces personnes en exode ont partagée: "Ça m'a vraiment beaucoup touchée d'entendre tout ce qu'ils avaient vécu: la guerre, la fuite... C'est très émotionnel. Les larmes coulent de tous les côtés".

Le petit Marc joue avec Konstantin. [RTS - Guillaume Rey]
Le petit Marc joue avec Konstantin. [RTS - Guillaume Rey]

Julia, Tanya et Marc ont emporté quelques affaires dans des sacs à dos: "Ils m'ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas prendre une valise, parce qu'il faut être capable de courir vite s'il y a une attaque", raconte Patrizia, la voix emplie d'émoi.

Tanya explique la situation très difficile à la frontière polonaise: "Il y avait une file de deux kilomètres, on a dû attendre quatorze heures dans le froid. Il y avait beaucoup d'enfants qui ne tenaient même plus debout, qui voulaient dormir et qui avaient froid. Mais on ne pouvait pas quitter la file, même pas pour aller aux toilettes. C'était une nuit terrible. Quand on a pu passer et qu'Arsen est arrivé, c'était comme un miracle". Arsen est venu depuis la Suisse pour secourir neuf personnes en Pologne, avec son minibus.

Le voisinage s'est aussi mobilisé, spontanément: "Cette impuissance touche les gens: ils ont envie de faire quelque chose". Le couple a reçu des cartons d'habits et aussi un tigre en peluche pour le petit Marc. L'enfant a passé sa première nuit en le serrant dans ses bras: "On a dû partir parce qu'il y avait beaucoup de badaboum à Kiev. J'avais peur et je devais toujours me cacher dans la baignoire ou dans le corridor comme ma maman me disait". Le jeune garçon dit espérer "rentrer le plus vite possible".

"Ils pourront rester chez nous le temps qu'il faut. Jusqu'à ce que la guerre soit finie ou qu'ils aient trouvé un endroit où vivre", ajoute encore Patrizia, pleine d'espoir.

>> Lire : L'accueil des réfugiés ukrainiens facilité en Suisse grâce au statut de protection S

Sujet radio: Katia Bitsch et Guillaume Rey

Version web: Stéphanie Jaquet

Publié