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Le Léman a aussi eu son "Titanic", avec le naufrage du bateau Le Rhône en 1883

Une collision en 1883 provoque le naufrage du Rhône et fait 11 morts
Une collision en 1883 provoque le naufrage du Rhône et fait 11 morts / Couleurs locales / 3 min. / le 8 mars 2022
Le bateau à vapeur Le Rhône, 3e du nom, a récemment retrouvé les eaux du Léman. Mais l'Histoire a un peu oublié que l'un de ses ancêtres a coulé en 1883, faisant 11 morts. L'épave gît désormais à 300 mètres au fond du lac.

Dans les profondeurs du Léman, entre Lausanne et Evian, se trouvent les vestiges d'un drame vieux de presque 140 ans, qui a marqué toute la Suisse. Le soir du 23 novembre 1883, la visibilité était exécrable et la vague fouettée par les vents.

"Le Rhône (capacité de 300 personnes, n.d.l.r.) et Le Cygne (250 passagers) sont entrés en collision", raconte Lionel Gauthier, conservateur du Musée du Léman à Nyon, mercredi dans Couleurs locales. Une vingtaine de personnes ont pu passer du Rhône au Cygne. A partir du moment où Le Cygne a pu se dégager, Le Rhône a coulé à pic."

Capitaine mis en cause

Le Cygne a ensuite réussi péniblement à regagner le port lausannois d'Ouchy en naviguant en marche arrière sur toute la distance pour éviter que l'eau ne s'engouffre par l'étrave dévastée. Malgré cette manoeuvre salvatrice, le capitaine Goop a été l'une des figures tragiques du drame.

Il s'agissait d'une "double peine" pour lui, explique le conservateur, puisque sa mère et sa sœur étaient à bord du Rhône. "Il a perdu deux êtres chers et il a été l'un des accusés du "procès retentissant" qui s'est tenu quelques mois plus tard", rapporte-t-il.

Le capitaine a finalement été acquitté par le Tribunal fédéral, car ses manœuvres avaient suivi les règlements de l'époque. "Sur le Léman, il existait trois règlements, un genevois, un vaudois et un français. L'un d'eux précisait qu'il fallait croiser à gauche et les deux autres à droite. Cet accident, c'était finalement la faute à pas de chance", indique Lionel Gauthier.

Naissance de la société de sauvetage

En plus de l'épave du Rhône qui gît toujours dans les profondeurs du lac, un diorama au Musée du Léman témoigne de cette nuit tragique. La débâcle du Rhône a été vécue comme un "Titanic lémanique", même si la catastrophe est intervenue vingt-neuf ans avant le naufrage du célèbre paquebot en avril 1912.

Il a notamment permis d'éveiller les consciences en matière de sécurité lacustre. Ainsi, la société de sauvetage telle qu'on la connaît aujourd'hui est née à cette époque.

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Jost von Reding/vajo

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