L'aumônerie musulmane dans les centres d'asile suisses doit être pérennisée, selon une étude
L'aumônerie musulmane complète l'offre existante proposée par les Eglises nationales. Sa mise en place - sous la conduite du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) - a notamment contribué à prévenir des situations de conflit dans les CFA, s'est félicité lundi le SEM lors d'une conférence de presse.
Le SEM se base sur une étude menée par le Centre Suisse Islam et Société (CSIS) de l'Université de Fribourg, qui dresse un bilan très positif du projet. Celui-ci a occupé l'an passé cinq aumôniers musulmans, dont une femme, dans les structures régionales de Zurich, de Suisse romande et de Suisse orientale, soit 2,3 équivalents plein temps. En février, un nouvel aumônier débutera aussi au Tessin.
Requérants de 19 pays
Les aumôniers ont accompagné des requérants de 19 pays différents, dont plus de la moitié sont originaires d'Algérie, d'Afghanistan, du Maroc et de Syrie. Les trois quarts sont des musulmans sunnites, 14% sont chiites, 9% chrétiens. Environ 60% des entretiens ont été menés en arabe, 40% se sont déroulés en anglais, en français ou en berbère.
La grande majorité des personnes ayant bénéficié d'accompagnement étaient des hommes de moins de 40 ans, relève l'étude. Les entretiens ont porté principalement sur des problématiques psychologiques ou psychosomatiques, sur la peur de l'avenir, les conflits, les problèmes familiaux ou encore le stress émotionnel et la dimension religieuse.
La médiation entre les autorités des centres et les requérants, l'apaisement des conflits entre les requérants eux-mêmes, sont des tâches centrales de ce service. La concentration de 200 à 300 personnes dans un lieu fermé suscite des défis et des frustrations à tous les niveaux, rappelle un aumônier ayant participé au projet.
Interlocuteurs "précieux"
L'expérience a démontré que les requérants d'asile eux-mêmes recouraient volontiers à ce service. Les aumôniers musulmans sont aussi des interlocuteurs précieux des employés des CFA pour l'encadrement, la sécurité, les soins. En outre, leurs compétences religieuses, culturelles et linguistiques sont particulièrement appréciées.
Zurich, dès 2016, avait été pionnier en la matière. Une association d'utilité publique, Quams, y a été mise en place, qui veille à la qualité de l'aide aux personnes concernées et se pose comme interlocutrice des musulmans au sein des hôpitaux publics, des services de secours et des EMS, en plus des centres d'asile. Elle est ouverte tous les jours, 24 heures sur 24.
ats/vajo
Pérenniser et intensifier la coopération
L'étude suggère d'intensifier la coopération avec Quams et de créer une structure analogue en Suisse romande. Elle propose aussi d'inclure une représentation musulmane dans la coordination de l'aumônerie d'asile, constituée actuellement de représentants du SEM et des Eglises nationales.
Si l'évaluation positive du service se confirme, l'aumônerie musulmane sera, dans la mesure du possible, mise en place définitivement dans les centres pour requérants, relève encore le SEM. Les responsables recherchent une solution pour assurer un financement à long terme et une structure pérenne.