Ignazio Cassis a traversé la frontière pour les 150 ans de la débâcle des Bourbakis
Le président de la Confédération Ignazio Cassis a traversé samedi la frontière franco-suisse aux Verrières (NE) pour célébrer le 150e anniversaire de l'internement en Suisse de l'armée française de l'Est, l'armée Bourbaki.
"En signant la Convention des Verrières, la Suisse a offert gîte et protection à près de 90’000 soldats et officiers français. Ce qui représentait environ 3% de la population suisse de l’époque", a déclaré le conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères, en présence d'officiels français et de l'ambassadeur de France en Suisse.
Le 1er février 1871, après la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870-1871, les soldats de l'armée du général français Charles Denis Bourbaki se sont réfugiés en Suisse, après l'échec d'une contre-offensive lors de laquelle les soldats français se sont trouvés encerclés par les troupes allemandes dans le Jura français (voir encadré).
![Une représentation du désarmement de l'armée français de l'Est à Verrières, février 1871, par Gustave Roux. [Keystone - Archive historique]](https://img.rts.ch/articles/2022/image/axy0f7-27695352.image?mw=1280 "Une représentation du désarmement de l'armée français de l'Est à Verrières, février 1871, par Gustave Roux. [Keystone - Archive historique]")
Défilé en costumes d'époque
Il s'agit du plus grand accueil de réfugiés dans l'histoire helvétique, d'une durée toutefois de six semaines. Pour célébrer ce 150e anniversaire, Ignazio Cassis a tenu à être présent des deux côtés de la frontière et a accompagné le cortège historique, qui est parti, côté français, des Verrières-de-Joux et qui a rejoint les Verrières, côté neuchâtelois.
Le défilé était composé de groupes historiques français en costume d'époque ainsi que deux batteries de campagne suisse, la neuchâteloise 14 et la fribourgeoise 13, en uniforme du 19e siècle.
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Plusieurs centaines d'invités et de spectateurs ont assisté samedi aux différents événements de la cérémonie, selon des journalistes sur place.
Importance de la solidarité et du CICR
Dans son discours, le président de la Confédération a estimé que cet accueil "témoigne de la solidarité sans faille et des liens inaliénables entre nos deux pays". Il a également souligné que la paix en Europe depuis près de 80 ans est due à l'unification européenne. "Il est essentiel de ne pas oublier l’objectif à l’origine de l'Union européenne: plus jamais de guerre sur le sol européen", a-t-il déclaré.
Il a aussi mentionné le rôle du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), depuis sa création en 1863. "Le passage de la frontière de l’armée du général Bourbaki a fortement rendu visible l'idée de fond du CICR", a-t-il expliqué, en précisant qu'il allait mettre "un accent particulier sur la collaboration entre la Suisse et le CICR au cours de son année présidentielle".
ats/jop
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Accueil de six semaines
La guerre franco-allemande de 1870-1871 s'est soldée par la défaite de la France. En janvier 1871, le général Charles Denis Bourbaki (1816-1897) déploie son armée pour mener une contre-offensive dans l'espoir de repousser l'armée allemande. Les soldats français sont encerclés dans le Jura français par les troupes allemandes.
L'armée Bourbaki se retranche alors à Pontarlier (F), tout près de la frontière suisse des Verrières, et demande l'asile militaire au Conseil fédéral. Entre le 31 janvier et le 3 février 1871, plus de 87'000 soldats et 12'000 chevaux entrent en Suisse.
Après avoir été désarmés par l'armée suisse, les soldats français sont soignés, nourris et hébergés dans 188 communes de tout le pays, à l'exception du Tessin. L'armée Bourbaki quitte la Suisse six semaines plus tard pour retourner en France.
Exposition à Lucerne jusqu'à fin 2022
Le musée du Panorama Bourbaki, à Lucerne, a déjà inauguré le 11 mai 2021 une exposition spéciale intitulée "Au-delà des frontières. Curiosité, espoir et courage", qui se tient jusqu'à la fin 2022. Celle-ci invite les visiteurs et les visiteuses à un examen thématique des frontières et des expériences transfrontalières en montrant que les frontières ne créent pas qu'une séparation, mais qu'elles unissent également.
Un tableau circulaire du panorama Bourbaki (110 m sur 14) y est notamment exposé. Il montre l'entrée de l'armée Bourbaki aux Verrières. Il a été peint en 1881 par Edouard Castres (1838-1902) et une équipe de peintres dont faisait partie le jeune Ferdinand Hodler. Le panorama a d'abord été exposé à Genève avant d'être installé à Lucerne en 1889.