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Les pratiques évoluent pour concilier installations solaires et patrimoine

Les défis de l'énergie solaire au regard des bâtiments du patrimoine historique (vidéo)
Les défis de l'énergie solaire au regard des bâtiments du patrimoine historique (vidéo) / La Matinale / 3 min. / le 30 novembre 2021
Parce qu'elles dénaturent les façades et les toits, les installations solaires sont souvent bannies des bâtiments classés au patrimoine historique. Mais la pression augmente et les lois évoluent dans le sens d'un assouplissement.

Les exigences climatiques, la pression du politique, les envies des propriétaires et les avancées technologiques poussent aujourd'hui les milieux du patrimoine à céder du terrain et à s'adapter. Ce mardi, une nouvelle loi sur le patrimoine bâti doit être définitivement adoptée dans le canton de Vaud.

Si le texte est accepté sans modification majeure, le patrimoine devra être pris en compte mais ne sera pas prépondérant lorsqu'il s'agit de rénovation énergétique. Il y aura davantage de dialogue entre les services cantonaux de l'énergie et du patrimoine. Les communes seront aussi mieux informées de ce qui est toléré. C'est capital, car ce sont elles qui délivrent les permis de construire. En bref, on vise plus d'efficacité et plus de souplesse, sans pour autant sacrifier le patrimoine.

Parcours du combattant

Aujourd'hui, vouloir passer au solaire quand on habite un bâtiment historique ressemble souvent à un parcours du combattant. La famille Bille Moinat vit dans une maison du 18e siècle au-dessus de Rolle, dans le canton de Vaud. Elle partait avec une double difficulté: son habitation est classée en note 3 et le village figure lui-même dans l'inventaire des sites d'importance nationale.

"C'est un processus d'environ deux ans de discussions et de négociations entre les monuments historiques, la commune et le Département de l'énergie", a expliqué cette famille mardi dans La Matinale de la RTS. "Il y a un côté anachronique: cela devrait prendre moins de temps. D'un autre côté, il y a une double contrainte: le respect de ces petits villages et de ces parties de villes qui sont classés et qui valent la peine d'être défendus, et une grande cause qui est l'installation d'énergies renouvelables, en particulier sur les toits des bâtiments".

Tuiles solaires rouges

Les autorités ont finalement accepté la pose de tuiles solaires rouges, de la couleur de la tuile vaudoise. Un modèle conçu par une PME romande. Le projet de la famille Bille Moinat est même devenu projet pilote cantonal.

La tuile est aujourd'hui considérée comme une solution d'avenir pour les bâtiments classés, mais elle est encore beaucoup plus onéreuse que les panneaux solaires.

Vivre avec

Patrimoine suisse dit pouvoir vivre avec la future loi vaudoise. L'association restera cependant très attentive à ce qui touche aux villages classés, comme l'explique Alexandre Antipas, vice-président de la section vaudoise de Patrimoine suisse: "On peut penser à certains centres historiques de villages comme Lutry, en Lavaux. Il y a plusieurs localités qui ont des noyaux qui sont très beaux et sur lesquels des interventions brutales qui dépareillent ne sont pas souhaitables".

Et pour répondre à une demande qui augmente, Patrimoine suisse organise l'an prochain - c'est une première - un colloque pour discuter des bonnes pratiques et conjuguer au mieux vieilles pierres et rénovation énergétiques.

Forte demande

La demande pour passer au solaire est aussi forte dans d'autres cantons: "Une demande ou deux arrivent chaque jour. Dans la plupart des cas, nous trouvons une solution, par l'intégration ou la pose sur un bâtiment annexe", explique Stanislas Ruck, chef de service des biens culturels à l'Etat de Fribourg. "Mais il y a quelques cas, pour des bâtiments très exposés dans des centres historiques importants, où nous ne trouvons pas de solution actuellement".

Entendez en Vieille-Ville de Fribourg, de Bulle ou à Gruyères, qui sont pour l'heure intouchables. Pour contourner l'écueil, un moyen consisterait à produire l'électricité ailleurs, en posant des panneaux solaires sur les toits d'un centre commercial ou d'un hangar par exemple.

Mais c'est encore un rêve: techniquement c'est parfaitement possible, mais pour l'instant, les bases les légales font défaut.

Sujet radio: cf
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz

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