Publié

Le statu quo décidé "n'est pas une stratégie en vue de la loi Covid", assure Alain Berset

La Suisse fait preuve d'attentisme au sujet des mesures sanitaires: interview d'Alain Berset
La Suisse fait preuve d'attentisme au sujet des mesures sanitaires: interview d'Alain Berset / Forum / 10 min. / le 18 novembre 2021
Invité de l'émission Forum, le conseiller fédéral Alain Berset a estimé qu'avec "que 16% de patients Covid aux soins intensifs", de nouvelles mesures n'étaient pour l'heure pas justifiées. Il a écarté tout calcul politique de la part du Conseil fédéral en vue de la votation sur la loi Covid.

Le Conseil fédéral ne prévoit pour l'instant pas de mesures supplémentaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19, malgré le nombre d'infections qui monte en flèche. A dix jours de la votation sur la loi Covid, on pourrait penser que la perspective de cette dernière a pesé dans la décision du gouvernement de garder le statu quo.

>> Lire aussi : Un durcissement des mesures anti-Covid "pas nécessaire actuellement", mais les prochains jours seront décisifs

Le ministre de la Santé Alain Berset, interrogé dans Forum, se défend toutefois catégoriquement de tout calcul stratégique: "Le Conseil fédéral a fait la démonstration par le passé qu'il savait prendre les mesures nécessaires, même quand elles n'étaient pas populaires du tout."

"Ça fait six mois que le critère qui fait foi est celui de la disponibilité des soins intensifs et le nombre d'hospitalisations. Vous croyez vraiment que c'est parce qu'il y a une votation dans dix jours qu'on ne prend pas des mesures supplémentaires? Vous ne croyez pas que c'est plutôt parce qu'il n'y a que 16% des lits de soins intensifs qui sont occupés par des patients Covid? C'est ça le critère. Le Conseil fédéral ne s'est jamais laissé emporter par des réflexions de type stratégique", assure le Fribourgeois.

"Pas de raison" de changer le système 3G

Le conseiller fédéral n'exclut toutefois pas que des mesures pourraient être prises si la situation sanitaire venait à se détériorer. Vient alors la question des systèmes 2G, pratiquées en Allemagne et en Autriche - où seules les personnes vaccinées et guéries peuvent obtenir le pass Covid -  et 3G - qui étend le pass aux personnes avec un test négatif, en vigueur actuellement en Suisse.

Alain Berset ne voit pour l'instant pas de raison de changer de système: "On a mis en place le système 3G avec toute la conviction qu'on avait. On a fait en sorte qu'il puisse fonctionner, il s'est bien développé, il nous a bien aidés. Je n'ai pas connaissance de foyers d'infections dans de grands événements depuis qu'il a été introduit début juillet. Je ne vois pas aujourd'hui de raison de changer ce système 3G."

"Un confinement des personnes non-vaccinées n'est évidemment pas quelque chose de souhaitable pour notre pays"

Alain Berset

Réponse similaire à la question du confinement des personnes non-vaccinées, comme l'a instauré cette semaine l'Autriche: "On a observé ce qui se passait chez nos voisins, et ce n'est évidemment pas quelque chose de souhaitable pour notre pays."

"Cela-dit, on doit tout faire dans les semaines qui viennent pour éviter de devoir reprendre des mesures plus dures. C'est-à-dire assurer une bonne application de ce système 3G, qui fonctionne bien - et c'est peut-être la différence avec nos voisins -, et aussi redoubler d'effort sur les gestes barrières", souligne Alain Berset.

Mesures différenciées entre cantons?

Le conseiller fédéral est ouvert à l'idée d'imposer des restrictions différenciées entre les cantons en fonction de leur incidence. Il rappelle qu'il y a aujourd'hui un facteur de 1 à 6 entre l'incidence des cantons les moins touchés et celui des plus touchés, et que ces différences coïncident avec le taux de couverture vaccinale.

"Ça montre premièrement que la vaccination fonctionne très bien. Ensuite, si on suit le principe de proportionnalité, ça ferait sens d'agir là où il y a des problèmes et de ne rien imposer de plus là où il n'y en a pas." Toutefois, le ministre précise que "c'est une coordination à mener avec les cantons."

Interview radio: Mehmet Gultas

Version web: Antoine Schaub

Publié