Publié

Les Suisses et les Suissesses travaillent moins qu'il y a dix ans

Le temps passé à travailler ne cesse de diminuer depuis 2010. [Keystone - Martin Ruetschi]
Les Suisses et les Suissesses travaillent moins qu'il y a dix ans / La Matinale / 2 min. / le 19 novembre 2021
Entre 2019 et 2020, la Suisse a enregistré une baisse de la durée de travail de 3,4% en raison de la pandémie. Mais si l'on oublie le Covid, le temps passé à travailler ne cesse de diminuer depuis 2010, explique un communiqué de l'Office fédérale de la statistique (OFS).

En 2020, une personne active occupée travaillait en moyenne 1495 heures par année en Suisse, peut-on lire dans un communiqué de l'Office fédéral de la statistique. Par rapport à il y a dix ans, ce nombre d’heures a diminué de 7,2%, soit une baisse de 13,8 jours de travail à temps complet.

Les conséquences de la crise Covid sur le marché du travail ont été considérables: hausse du nombre des chômeurs, forte augmentation du nombre de salariés touchés par la réduction de l’horaire de travail (chômage partiel) et du nombre d’indépendants soumis à des restrictions d’activité. La hausse du nombre des chômeurs et, en corollaire, la légère baisse du nombre de personnes actives occupées se répercutent sur le volume du travail, mais de manière très limitée.

Des durées de travail plus courtes et...

Evolution du temps de travail en Suisse entre 2010 et 2020. [OFS]
Evolution du temps de travail en Suisse entre 2010 et 2020. [OFS]

Entre 2019 et 2020, la Suisse a enregistré une baisse de la durée de travail de 3,4%, en raison principalement de la progression des heures d’absence en raison du chômage partiel et des restrictions d’activité des indépendants. La branche "hébergement et restauration" a connu la plus forte baisse (–22,2%).

Durant la décennie précédente, entre 2010 et 2019, la durée annuelle de travail par personne active occupée a baissé de 3,9%, soit un recul de 7,4 jours de travail. Cette réduction s’explique par la croissance du temps partiel et des vacances, la hausse de certains types d’absences ainsi que la baisse des heures supplémentaires.

... des vacances en hausse

Les dix dernières années, le nombre de semaines de vacances contractuelles des salariés à plein temps a augmenté de 5,0 à 5,2 semaines par année, soit 0,8 jour de vacances en plus.

La progression des jours de vacances est un peu plus marquée chez les indépendants à plein temps, le nombre de semaines de vacances étant passé de 3,3 à 3,6 sur la même période, soit 1,4 jour en plus.

La tendance à la hausse des vacances se poursuit depuis que les données existent (1996) et contribue à la diminution des heures de travail.

Il faut noter qu’en 2020, la pandémie a conduit à une forte diminution des vacances effectivement prises (3,9 semaines par salarié à plein temps en 2020). Sans cette baisse, le recul de la durée annuelle effective de travail aurait été encore plus marqué entre 2019 et 2020.

>> L'interview de Sandro Cattacin, sociologue à l'Université de Genève, dans Forum :

Les Suisses et les Suissesses travaillent moins qu'il y a dix ans: interview de Sandro Cattacin
Les Suisses et les Suissesses travaillent moins qu'il y a dix ans: interview de Sandro Cattacin / Forum / 4 min. / le 18 novembre 2021

Moins de travail pour toutes et tous

Le recul du temps passé au travail est plus fort chez les hommes (–5,2%) que chez les femmes (–1,1%) et chez les Suisses (–4,6%) que chez les étrangers (–3,2%). L’horaire de travail s’est davantage réduit chez les indépendants (–8,4%) que chez les salariés (–2,9%).

La baisse a été plus marquée chez les personnes avec enfants de 0 à 6 ans (–6,8%) que chez les personnes avec enfants de 7 à 14 ans (–3,7%) et que chez les personnes sans enfant de moins de 15 ans (–4,1%).

La baisse des heures de travail se constate dans toutes les branches bien que certaines aient enregistré des baisses plus importantes comme "Arts, loisirs, ménages privés, autres" (–5,9%), "Agriculture, sylviculture" (–5,6%) et "Administration publique" (–4,7%).

"Le travail à plein temps est devenu insupportable"

Cette baisse du temps de travail pourrait toutefois cacher une réalité plus pénible pour les travailleurs et les travailleuses.

"Globalement, on devrait tous et toutes se réjouir de travailler moins et de pouvoir passer plus de temps avec sa famille. Mais j'ai l'impression que ces chiffres ne disent pas tout", prévient la secrétaire syndicale Beatriz Rosende (SSP).

"En parallèle, il y a une intensification du travail. Ça veut dire qu'on travaille plus vite, et qu'on doit être davantage rentable au travail qu'il y a dix ans", détaille-t-elle, précisant qu'on le constate souvent "dans différents secteurs des services public", notamment le social, la santé ou l'enseignement. "Beaucoup de travailleuses ou de travailleurs décident de réduire leur taux d'activité parce que le travail à plein temps est devenu insupportable", explique-t-elle.

Même constat dans le reste de l'Europe

En comparaison internationale, la durée de travail a aussi reculé entre 2010 et 2020 dans l’Union européenne (–7,3%), l'équivalent de 14,2 jours de travail, une baisse similaire à celle observée en Suisse (-7,2%).

En comparant avec les pays voisins, la baisse du temps de travail en Suisse est plus forte qu’en Allemagne (–6,6%), mais moins forte que celle observée en Italie (–12,3%), en Autriche (–9,8%) ou en France (–9,0%).

ats/aps

Publié