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Chauffeurs routiers, à quand la relève?

Thierry Emery, chauffeur de camion passionné de la route
Thierry Emery, chauffeur de camion passionné de la route / L'actu en vidéo / 2 min. / le 6 novembre 2021
Stress des horaires, solitude, pénibilité du travail: le métier de chauffeur routier suscite peu de vocations. Chaque année, sur les 5000 chauffeurs nécessaires à la Suisse pour combler les départs, plus de la moitié sont recrutés à l’étranger. Pour comprendre ce manque de relève, l'équipe de 15 Minutes est montée dans le camion de Thierry Emery de Sierre à la région de Milan.

Il est 5h30 du matin, Thierry Emery, 53 ans, espère livrer sa cargaison d'aluminium avant midi à Tavazzano, près de Milan. En 35 ans de carrière, cet habitué de la route a déjà parcouru 3 millions et demi de kilomètres. Et la passion est toujours là.

"A 4 ans déjà j'ai choisi ce métier, avec les gros camions et tout... mais c'est vrai qu'il faut aimer être seul". Thierry a également dû accepter une vie de famille ponctuée d'absences.

"Je tire surtout mon chapeau à ma femme. Moi je ne sers à rien, je ne suis pas là. J’ai deux filles et la première, quand elle avait deux ans et demi, j’ai dû la prendre quelques jours avec moi dans le camion pour qu'elle ne me fasse plus la gueule."

Une vie de famille souvent entre parenthèses et des semaines de travail parfois à rallonge, Thierry comprend la réticence de certains jeunes à prendre la route.

>> Ecoutez le reportage de 15 Minutes :

Le secteur des transports routiers peine à recruter [RTS - Coraline Pauchard]RTS - Coraline Pauchard
15 minutes - Chauffeurs routiers, à quand la relève? / 15 minutes / 15 min. / le 6 novembre 2021

Pas assez de chauffeurs suisses

Si en Suisse on ne parle pas encore de pénurie, comme c'est le cas au Royaume-uni, les syndicats s'inquiètent. "Des chauffeurs, on n'en trouve pas assez en Suisse", explique David Piras, secrétaire général de l'association des routiers suisses. "Chaque année, on recrute environ 3000 chauffeurs à l'étranger. Ils viennent de Slovaquie ou de Bulgarie et même d'Ukraine. Avant, il y avait des Polonais, mais maintenant ils trouvent du travail dans leur pays ou en Allemagne."

Pour le syndicat de la branche, il faut augmenter les salaires pour attirer les jeunes mais également revaloriser la profession et offrir des perspectives d'avenir. Le syndicat envisage de lancer une initiative populaire en ce sens.

La route, une aventure

Pendant ce temps, Thierry poursuit sa route et approche d'Iselle en Italie. Mais il ne sera pas à l'heure à Tavazzano, car un pneu est à plat. "Chaque jour, c'est une nouvelle aventure", explique Thierry, qui a appris a gérer les imprévus. Il prévient son patron, Paolo Naselli, directeur de Martin Transports, et vice-président de l'Astag, l'association suisse des transports routiers.

"L'économie a fortement repris et tous les transporteurs ont des carnets de commandes pleins", souligne-t-il. "C'est aussi pour ça qu'il y a un manque de chauffeurs".

Après avoir déchargé sa marchandise, Thierry, repart pour son prochain chargement. Mais le téléphone sonne. C’est la centrale. On annonce de la neige au Simplon, il doit changer ses plans et emprunter le col du Grand-Saint-Bernard. La vie d'un chauffeur routier est souvent faite d’imprévus. Mais Thierry a une devise: "rouler et rester cool".

>> "Pénurie de chauffeurs routiers, bientôt la panne sèche?", écoutez le grand débat de Forum :

Débat entre David Piras de l'association Routiers Suisse, Bruno Storni, conseiller national PS tessinois, vice-présidente de l'association Transports et Environnement, et le président de l'association des transporteurs belges, Philippe Degraef. [RTS]RTS
Le grand débat - Pénurie de chauffeurs routiers, bientôt la panne sèche? / Forum / 21 min. / le 27 octobre 2021

Sujet radio: Coraline Pauchard, Guillaume Rey

Adaptation web: Katia Bitsch

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