Publié

Les procès en sorcellerie, au-delà du féminicide

Penser les procès en sorcellerie au-delà du féminicide: interview de Gwendolin Ortega. [RTS]
Penser les procès en sorcellerie au-delà du féminicide: interview de Gwendolin Ortega / Forum / 6 min. / le 30 octobre 2021
Les procès en sorcellerie n'étaient pas que des crimes misogynes. La réalité historique est beaucoup plus complexe et s'étend sur une longue période, estime Gwendolin Ortega, chercheuse à l'Université de Lausanne, samedi dans Forum.

La chercheuse Gwendolin Ortega, qui travaille sur les procès en sorcellerie dans le pays de Vaud entre le XVe et le XVIIe siècle, a indiqué dans Forum que ce phénomène ne touchait pas que les femmes.

"Au début de la répression, les textes le disent bien, l'hérésie touche les deux sexes. [...] Au commencement, on a une proportion de deux tiers d'hommes pour un tiers de femmes qui sont condamnés. Ces chiffres vont s'inverser lors de la deuxième partie de la répression, avec deux tiers de femmes pour un tiers d'hommes. Et il ne faut pas oublier qu'il a y aussi eu des enfants, qui ont eux aussi été tués pour un crime imaginaire."

Un contre-mouvement

Gwendolin Ortega rappelle également que la misogynie n'a pas été créée par la répression de la sorcellerie, mais qu'elle est bien antérieure. "Les discours d'Aristote et autres sont très misogynes. Mais les dialogues féministes actuels sur la répression de la sorcellerie visent en premier lieu l'institution écclésiastique. Or l'Eglise n'a de loin pas été la seule à être misogyne, à reléguer la femme à un rang inférieur. La médecine et la littérature l'ont également fait."

La chercheuse rappelle qu'il y a aussi eu un contre-mouvement et que celui-ci n'est jamais mis en avant. "On ne parle pas de Fortuna ou de Pierre le Vénérable qui, au contraire, au Ve siècle, avaient un discours beaucoup plus progressiste. On oublie ce genre de choses parce qu'on s'intéresse avant tout au mal que l'on veut mettre en avant, et on cristallise à nouveau la haine."

Propos recueillis par Thibault Schaller/asch

Publié