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Le soutien aux mesures anti-Covid reste solide, mais les conflits privés bondissent, selon un sondage SSR

Selon un sondage SSR, les Suisses s'inquiètent d'une société divisée. 70% soutiennent toutefois le certificat covid obligatoire
Selon un sondage SSR, les Suisses s'inquiètent d'une société divisée. 70% soutiennent toutefois le certificat covid obligatoire / 19h30 / 2 min. / le 29 octobre 2021
La pandémie exacerbe les tensions dans le cercle privé, à tel point que près de la moitié de la population dit craindre des conflits à cause de la crise sanitaire, selon un nouveau sondage SSR publié vendredi. Les personnes interrogées sont toutefois une majorité à défendre les mesures prises pour lutter contre le coronavirus, dont la vaccination et le certificat Covid.

Une hausse des tensions dans la sphère privée, des tests payants et un certificat Covid qui convainquent, une vaccination qui polarise, des actions du Conseil fédéral qui divisent et une UDC toujours esseulée dans son combat contre les mesures: tels sont les principaux enseignements du neuvième sondage sur la crise, réalisé par Sotomo pour le compte de la SSR.

Crainte des conflits en forte hausse

Alors que la situation pandémique s'est stabilisée, voire améliorée, dans de nombreux domaines, tous les indicateurs qui représentent des tensions et des bouleversements sociaux pointent fortement vers le haut.

Ainsi, 45% des personnes sondées craignent des conflits dans leur sphère privée. Dans les huit enquêtes précédentes, cette proportion était toujours inférieure à 25%. Un tiers des sondés disent d'ailleurs avoir coupé le contact avec un membre de leur famille ou un ami, sur fond de divergences.

A noter que les deux craintes les plus mentionnées lors des trois précédents sondages – la restriction des libertés et la peur de l'isolement – ont cette fois enregistré une baisse.

Les tests payants et le certificat Covid soutenus

Le certificat Covid dans sa forme actuelle est soutenu par près de deux tiers des sondés (62%), un chiffre stable par rapport à la dernière enquête. Le pass sanitaire ne doit toutefois pas aller plus loin d'après la population. Une majorité refuse par exemple son extension aux stations de ski.

A noter quelques différences de perception selon les régions linguistiques: le certificat est davantage défendu en Suisse italienne que dans le reste du pays. Mais aussi selon l'âge et le genre: plus on est jeune, moins on souhaite le pass, alors que les hommes y sont davantage favorables que les femmes.

L'abolition de la gratuité des tests Covid pour obtenir un certificat, en vigueur depuis le 11 octobre 2021, est soutenue par 59% des répondants. Mais là aussi, l'âge est un facteur déterminant. Ainsi, les personnes de plus de 65 ans y sont largement favorables, alors que moins de la moitié des personnes âgées de moins de 45 ans défendent le paiement des tests.

Un majorité souhaite une troisième dose de vaccin

A l'heure actuelle, 74% des personnes sondées ont reçu au moins une dose de vaccin, contre 60% lors du dernier sondage en juillet. La vaccination semble donc avoir trouvé davantage de volontaires durant la fin de l'été, puisque cette augmentation de 14 points correspond peu ou prou à la proportion des sondés qui disaient encore vouloir attendre en juillet (12%). Le nombre de personnes convaincues de refuser la piqûre a par ailleurs légèrement diminué depuis cet été, passant de 25% à 22%.

Parmi les personnes encore non vaccinées, soit environ un quart des répondants, seules 0,5% se disent sûres de vouloir quand même le faire et 4% l'estiment probable. En revanche, 74% sont certaines de refuser une injection et 21,5% sont presque sûres d'y renoncer.

Les arguments pour convaincre les réfractaires sont principalement l'augmentation de la confiance dans le vaccin (47% des sondés citent cet argument), la difficulté que représente la vie sans certificat (44%), l'obligation de la vaccination pour pouvoir voyager (23%), le prix trop élevé des tests (22%) et l'encouragement des proches (2%).

Le sondage relève par ailleurs que les personnes étrangères en provenance d'Amérique du Nord ou du nord de l'Europe sont davantage vaccinées que les Suisses de naissance alors que les étrangers originaires d'Europe de l'Est, d'Afrique et surtout du sud-est de l'Europe sont en moyenne moins vaccinés.

Près de la moitié des sondés (48%) se disent en outre très favorables à une dose de rappel et 10% "plutôt en faveur" de cette troisième dose. De plus, contrairement à la dernière enquête, une majorité des Suissesses et des Suisses questionnés se dit favorable à l'obligation vaccinale pour le personnel soignant (57%) et pour les enseignants (52%). La vaccination obligatoire pour les employés du secteur de l'hôtellerie/restauration ne recueille en revanche pas de majorité.

L'UDC fait bande à part sur les trois grands thèmes

Enfin, qu'il s'agisse de vaccins, de certificat Covid ou de tests payants, l'identité politique semble avoir une forte influence sur les opinions. C'est particulièrement net pour les sympathisants de l'UDC qui, sur ces trois sujets, se démarquent très nettement de la majorité de leurs compatriotes.

Ainsi, celles et ceux qui se disent proches du premier parti de Suisse sont 77% à se déclarer contre ou plutôt contre l'obligation de présenter un pass sanitaire, contre 26% pour Les Verts, 19% pour Le Centre, 17% pour le PLR, 13% pour le Parti socialiste et 13% pour les Vert'libéraux.

Les sympathisants de l'UDC sont également les plus opposés à la fin de la gratuité des tests de dépistage, à 75%. Suivent les électeurs des Verts (34%), du Centre (21%), du PS (21%), du PLR (18%) et des Vert'libéraux (18%).

Même constat enfin sur la propension à se faire vacciner. Les soutiens de l'UDC sont, à 52%, les plus en défaveur des deux injections. Les Verts se démarquent aussi avec 15% d'opposition, contre 7% pour Le Centre, 6% pour les PLR, 5% pour les socialistes et 4% pour les Vert'libéraux.

Confiance dans la politique du Conseil fédéral

La proportion des sondés avec un haut niveau de confiance dans le Conseil fédéral pour sa politique Covid reste aussi élevée que durant l'été 2021 (53%). Cependant, la part des personnes avec un bas niveau de confiance est passée de 26% à 33% par rapport au mois de juillet, ce qui montre une augmentation de la polarisation sur cette question.

Concernant les membres du Conseil fédéral, Ueli Maurer a connu une perte de confiance depuis l'été, au même titre qu'Alain Berset. Sur une note de 1 à 6 - 1 représentant un résultat "très mauvais" et 6 "très bon" -, le conseiller fédéral UDC est passé depuis le mois de juillet de 3,8 à 3,3 alors qu'Alain Berset a reculé de 4,3 à 4,1.

Le conseiller fédéral en charge de la Santé reste toutefois le mieux classé en octobre 2021, devant sa collègue de parti Simonetta Sommaruga (3,8) et le président de la Confédération Guy Parmelin (3,7). Suivent Viola Ahmerd (3,7) et Karin Keller-Sutter (3,6), alors que le PLR Ignazio Cassis ferme la marche (3,1).

Tristan Hertig, Victorien Kissling et Didier Kottelat

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Méthode

L'enquête a été réalisée du 20 au 25 octobre 2021 par le centre de recherche Sotomo pour le compte de la SSR.

Un total de 59'402 questionnaires remplis par des personnes de plus de 15 ans venant de toute la Suisse ont été évalués à cette fin.

La plage d'erreur est de +/- 1,1 point de pourcentage.