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Pour Valentine Python, inciter plutôt que taxer ne suffira pas à résoudre la crise climatique

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Valentine Python, conseillère nationale Verte vaudoise
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Valentine Python, conseillère nationale Verte vaudoise / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 28 septembre 2021
Après le rejet de la loi CO2 par le peuple, la Suisse se dirige vers un nouveau modèle qui fait la part belle aux incitations plutôt qu'aux taxes. Cette politique des petits pas ne plaît pas à la climatologue et élue écologiste au National Valentine Python.

Un nouveau bras de fer s'engage sur la politique climatique. Il y a 10 jours, trois mois après le rejet de la loi CO2 par le peuple, Simonetta Sommaruga a proposé la nouvelle voie à suivre: fini les taxes climatiques, place aux incitations.

>> Lire à ce sujet : Le Conseil fédéral propose une nouvelle loi climat sans taxes supplémentaires

Aux yeux des Verts, cette politique ne suffit pas pour résoudre la crise climatique. Certains de leurs élus à Berne évoquent même de la poudre aux yeux. Il est faux de dire que la Suisse n'a pas relâché ses efforts pour lutter contre le réchauffement climatique, a ainsi estimé mardi la conseillère nationale écologiste Valentine Python (VD), invitée dans La Matinale de la RTS.

Réintroduire une taxe sur l'aviation

"Mes collègues Verts au National ont déposé plusieurs [propositions de] minorités pour essayer, notamment, de réintroduire une taxe partielle sur l'aviation, puisqu'il n'en est plus du tout question", annonce la climatologue. "Les incitations, c'est très bien, mais je trouve qu'on a passé très vite à un discours disant que, comme la population ne veut plus de taxes, on va passer uniquement à des modèles incitatifs", déplore-t-elle.

Valentine Python analyse le non du 13 juin en partie par un rejet des taxes, mais pas seulement. "C'est aussi beaucoup le résultat d'une désinformation assez massive concernant l'impact de cette loi CO2 sur les ménages. Et elle a été la victime colatérale de la campagne très forte des pro-pesticides", estime l'élue écologiste.

La transition écologique, c'est évidemment plus compliqué selon son lieu d'habitation et sa distance aux villes que quand on habite en plein centre

Valentine Python, conseillère nationale Verte et climatologue

Pour qu'une transition écologique puisse s'opérer et que le message passe auprès d'une majorité de la population, il faudra prendre en compte la difficulté, pour les régions de campagne et de montagne, d'opérer cette transition. "C'est évidemment plus compliqué selon son lieu d'habitation et sa distance aux villes que quand on habite en plein centre et qu'on a déjà à disposition tout un réseau de transports publics", reconnaît l'élue vaudoise au National.

Les trop petits pas de la droite

Si, en matière environnementale, la Suisse ne procède que par tous petits pas, c'est particulièrement à cause de l'inégalité de représentation gauche-droite dans le monde politique suisse, accuse Valentine Python. "Si on voulait des avancées beaucoup plus fortes et rapides en ce qui concerne les enjeux environnementaux et sociaux, il nous faudrait une meilleure répartition entre les forces de gauche et les forces de droite", plaide-t-elle.

Elle pointe également du doigt le rôle du néolibéralisme dans la crise climatique: "Cette idéologie a petit à petit dominé l'ensemble des mécanismes de notre société, et c'est l'une des causes principales de la situation vraiment critique dans laquelle nous nous trouvons, et qui fait qu'on a atteint désormais les limites planétaires".

Si on voulait des avancées beaucoup plus fortes et rapides sur les enjeux environnementaux et sociaux, il nous faudrait une meilleure répartition entre les forces de gauche et les forces de droite

Valentine Python

Une climatologue sous la Coupole

Valentine Python se désole de constater autour d'elle une sous-estimation du risque quant aux menaces que fait peser le réchauffement climatique. "Tout dernièrement, un collègue de droite me disait, 'finalement, ces scénarios climatiques, ce ne sont que des hypothèses!'", raconte la climatologue, qui a publié ce printemps un livre qui témoigne de sa volonté de révolution verte, "Une climatologue au Parlement".

Elle espère d'ailleurs profiter de ce double statut de scientifique et de politicienne pour essayer de faire diminuer le fossé qu'elle constate "chaque jour, au sein du Parlement, entre compréhension scientifique du monde et interprétation qui en est faite".

Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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