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Ignazio Cassis: "Nous faisons très attention à ce que l'argent ne finisse pas dans les caisses des talibans"

Les réactions d'Ignazio Cassis, conseiller fédéral en charge des affaires étrangères.
Les réactions d'Ignazio Cassis, conseiller fédéral en charge des affaires étrangères. / 19h30 / 3 min. / le 13 septembre 2021
Lundi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré que la barre d'un milliard de dollars de promesses de dons pour l'Afghanistan avait été franchie lors d'une conférence internationale organisée à Genève. Présent lors de cet événement, Ignazio Cassis a expliqué au 19h30 que des "garanties" existaient pour que cet argent ne tombe pas dans les mains des talibans.

Depuis de nombreuses semaines, les Nations unies alertent sur la situation humanitaire catastrophique en Afghanistan. Face à cette situation, la communauté internationale cherche à apporter son aide, mais certains craignent déjà que les fonds tombent dans les poches des nouveaux dirigeants du pays, comme cela est déjà arrivé à de très nombreuses reprises dans le passé.

Invité du 19h30 lundi, Ignazio Cassis estime que "la méfiance" est présente mais qu'il existe également des garanties. "Je peux vous rassurer, la communauté internationale et la Suisse font très attention à ce que cet argent finisse dans les caisses d'organisations multilatérales et non pas dans celles des talibans ou du régime transitoire afghan (...) l'argent de la Suisse est versé à des organisations internationales étatiques, comme le Programme alimentaire mondial ou l'Agence internationale pour les réfugiés (...) nous avons donc vraiment des garanties", explique-t-il.

>> Revoir le reportage du 19h30 :

Afghanistan : l'ONU réclame une aide d'urgence de 600 millions de francs.
Afghanistan : l'ONU a reçu un milliard de dollars de promesses de dons pour l'Afghanistan / 19h30 / 2 min. / le 13 septembre 2021

"Une confiance à bâtir"

Questionné pour savoir si les talibans avaient changé et s'il était désormais possible de négocier avec eux, le conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères admet que "toute une série de promesses" a été faite, notamment concernant le droit des femmes à aller à l'école, le respect des droits de l'Homme ou encore la sécurité d'accès pour l'aide humanitaire. "On verra bien si c'est la vérité mais disons que ce sont des promesses qui nous font plaisir", ajoute-t-il.

Ignazio Cassis en est toutefois conscient, il faudra du temps avant de savoir avec certitude s'il est vraiment possible de traiter avec les talibans. Dans cet ordre d'idée, il juge une réouverture prochaine de l'ambassade de Suisse à Kaboul beaucoup trop précoce.

"C'est beaucoup trop tôt, il faut tout d'abord vérifier que les faits puissent démontrer que les mots sont honnêtes et crédibles (...) il y a évidemment toute une confiance qui n'est pas là et qu'il faudra bâtir en s'engageant dans des discussions au niveau des organisations multilatérales avec le régime transitoire et voir la suite."

Interrogé enfin s'il jugeait crédible de soutenir à un moment ou à un autre une quelconque résistance en Afghanistan, le conseiller fédéral tempère: "en réalisant la rapidité avec laquelle les talibans ont repris le pouvoir, cela signifie que la population a permis que ceci puisse avoir lieu, parce qu'elle a probablement jugé cette prise de pouvoir moins négative que la situation antérieure".

>> Revoir également les explications de Forum:

Propos recueillis par Philippe Revaz/ther

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