Femmes de terre. [RTS]
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Femmes de terre

En Suisse, plus de 50'000 femmes travaillent dans l’agriculture. Incontournables sur les exploitations, elles sont souvent épouses de paysans et apportent une aide précieuse à leur conjoint. Encore rares et minoritaires, elles sont aussi de plus en plus nombreuses à être à la tête d’une exploitation

Portraits de ces "femmes de terre" aux multiples casquettes: mère, épouse, employée agricole ou cheffe d’exploitation. Cathy Trachsel, Anita Ruegsegger, Fabienne Roux et Siulene Marcon parlent de leur vie de femmes paysannes dans le 19h30.

Sujets TV: Manon Germond

Les femmes dans l'agriculture

Un "rôle important" pour le secteur

"Les femmes jouent un rôle important dans l'agriculture", indique le site internet de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG).

Si la plupart de ces femmes sont mariées à un agriculteur et exercent une activité professionnelle non-agricole, elles passent 34 heures par semaine (chiffres de 2020) à s'occuper de l'exploitation agricole.

Sur les 150'100 personnes employées dans l'agriculture en 2019, pas moins de 54'000 étaient des femmes (36%), dont près de 3300 sont des cheffes d'exploitation (6,6%), selon l'OFAG.

Toujours plus nombreuses à diriger une ferme

Et le nombre de femmes à diriger des exploitations agricoles progresse d'année en année. En 2019, 130 nouvelles fermes étaient dirigées par des paysannes, soit une hausse de 4,2% sur un an.

Entre 2000 et 2019, le nombre d’exploitations agricoles dirigées par une femme a augmenté de 943 unités, soit de 1,8% par an. 

A noter encore que les femmes paysannes sont globalement moins bien formées que leurs collègues agriculteurs. Vingt-quatre pour cent d'entre elles n'ont terminé que l'école obligatoire et n'ont suivi aucune formation professionnelle ultérieure (voir le graphique).

>> Les précisions de Laurent Dufour sur cette série de portraits :

Quatre portraits de femmes paysannes, quatre choix de vie différents. Présentation de la nouvelle série "Femmes de terre" avec Laurent Dufour
Quatre portraits de femmes paysannes, quatre choix de vie différents. Présentation de la nouvelle série "Femmes de terre" avec Laurent Dufour / 19h30 / 1 min. / le 9 août 2021

Cheyres (FR)

Siulene Marcon

"La femme paysanne doit savoir tout faire." Siulene Marcon a quitté le Paraguay il y a quatre ans pour venir s'installer en Suisse. "Je viens d'une famille de paysans. Quand je suis venue en vacances, ici, en Suisse, j'ai rencontré Sébastien et je suis tombée amoureuse de lui et du métier", raconte-t-elle.

Siulene Marcon, paysanne à Cheyres (FR). [RTS]
Siulene Marcon, paysanne à Cheyres (FR). [RTS]

Siulene Marcon, qui se qualifie de "paysanne de coeur", travaille désormais sur l'exploitation située à Cheyres, dans le canton de Fribourg. De la gestion de la vigne aux agneaux, elle a tout appris avec Sébastien Bise. Ils forment un duo à la vie comme aux champs. "Si nous nous séparons, je sais que je n'aurai rien. La seule chose que j'emporterai avec moi, c'est ce que j'ai appris. J'aurai ma petite AVS. Est-ce qu'il faudra que je retourne dans mon pays pour pouvoir vivre? Il ne faut pas penser à cela."

Si Sébastien Bise était réticent à l'idée de travailler en couple, il n'y voit désormais que des avantages: "Ce qu'elle apporte, c'est le bonheur, la joie de vivre et aussi une dynamique à l'entreprise. Et à moi-même surtout. C'est vrai que dans les moments difficiles, nous nous épaulons."

Main dans la main, ils veulent maintenir cet équilibre et continuer à gérer, ensemble, les hectares de vignes et leurs 1000 moutons.

>> Le reportage du 19h30 :

Série "Femmes de terre": Portrait d'une paysanne de cœur dans une exploitation viticole
Série "Femmes de terre": Portrait d'une paysanne de cœur dans une exploitation viticole / 19h30 / 2 min. / le 9 août 2021

Travers (NE)

Cathy Trachsel

Cathy Trachsel gère l'exploitation de sa belle-famille à Travers, dans le canton de Neuchâtel. Son mari a une entreprise de terrassement en génie civil. "J'ai la passion pour les animaux. Nous avons donc créé une pension pour les chevaux et une stabulation libre pour les équidés."

Cathy Trachsel, paysanne à Travers (NE). [RTS]
Cathy Trachsel, paysanne à Travers (NE). [RTS]

Elle s'occupe aussi bien du verger que de la basse-cour, des moutons et du potager. Selon ses calculs, elle travaille pour 11 francs de l'heure.

Pour Cathy Trachsel, être paysanne "c'est être proche des animaux, les respecter. Avoir un respect de la biodiversité. Et pouvoir montrer aux gens que ce qu'ils ont dans leurs assiettes, donc leurs besoins fondamentaux, vient des paysans."

Ancienne éducatrice de la petite enfance, elle propose aussi des activités d'éveil à la nature pour les enfants. Sa collègue Julie Burkhardt salue son approche: "Les femmes doivent se mettre en avant. Parce que même si un homme est à la tête d'une exploitation, sa femme fait aussi un travail qu'on oublie parfois. Et je trouve beau que Cathy ait pu reprendre cette exploitation seule."

C'est aussi grâce au soutien de sa famille. Tout le monde met la main à la pâte. Son fils Quentin Trachsel est fier du chemin parcouru par sa mère: "Elle ne vient pas d'une famille de paysans. Mais elle a réussi, bout par bout, pallier par pallier, à réaliser son rêve."

>> Le reportage du 19h30 :

Quatre portraits de femmes paysannes, quatre choix de vie différents
Quatre portraits de femmes paysannes, quatre choix de vie différents: Cathy Trachsel / 19h30 / 2 min. / le 10 août 2021

Delley (FR)

Anita Ruegsegger

"Etre paysanne, c'est avoir une place valorisante sur une exploitation agricole." Sur le domaine familial situé à Delley, dans le canton de Fribourg, Anita Ruegsegger prépare notamment les commandes pour les magasins et les restaurants avec les asperges, les fraises, les concombres ou encore les salades cultivés par son mari Rudy Ruegsegger.

Anita Ruegsegger, paysanne à Delley (FR). [RTS]
Anita Ruegsegger, paysanne à Delley (FR). [RTS]

"Nous sommes deux à diriger. La femme a sa place ici, à pied d'égalité", témoigne-t-il. Et d'ajouter: "Lorsque nous nous sommes mariés, nous faisions un peu de vente directe. Quand ma femme a pris la décision de rester ici à la ferme pour élever les enfants et d'avoir une activité, nous avons décidé de développer le magasin, la vente directe."

Et cela fonctionne! Les recettes d'Anita Ruegsegger séduisent, à l'image de celle du concombre à l'aigre doux. Mais ce développement ne se fait pas sans un travail intense en couple et en famille, pour offrir un large choix de confitures, de gelées, de tisanes, d'huile ou encore de sirops.

Depuis cette année, le fils a rejoint la tête de l'exploitation. Libre à lui d'écrire la suite de cette histoire familiale.

>> Le reportage du 19h30 :

Quatre portraits de femmes paysannes, quatre choix de vie différents
Quatre portraits de femmes paysannes, quatre choix de vie différents / 19h30 / 2 min. / le 11 août 2021

Arbaz (VS)

Fabienne Roux

A Arbaz, en Valais, Fabienne Roux est devenue paysanne par amour, il y a vingt-huit ans, pour Bernard Sermier. "Pour moi paysanne, c'est une joie de vivre." Quand les vaches sont à l'alpage pour la saison estivale, elle tient une buvette. "Nous pouvons pratiquement vendre toute notre production ici."

Fabienne Roux, paysanne à Arbaz (VS). [RTS]
Fabienne Roux, paysanne à Arbaz (VS). [RTS]

Un revenu qui permet aussi de compléter sa petite retraite de 970 francs par mois. Car elle n'a pas beaucoup cotisé, notamment durant ses années de travail sur l'exploitation de son ami, précise-t-elle. "Je suis sa secrétaire, sa copine, sa soeur, sa maman, son employée de bureau et son ouvrier agricole. Je suis tout, mais je n'ai pas de salaire. Je vis avec lui. Nous avons trouvé un compromis et ça va très bien comme ça."

Le couple a décidé de fabriquer et de vendre son propre fromage. "Tu ne peux pas vivre qu'avec les vaches d'Hérens si tu ne fais pas ton fromage toi-même. En le faisant, on peut avoir le maximum du rendement."

Le couple a trouvé le bon équilibre pour faire tourner l'exploitation à deux. "Déjà, tu peux parler des problèmes avec quelqu'un. Parce qu'il y a tout le temps des petits problèmes. Comme partout. Et si j'aime bien fabriquer le fromage, vendre ce n'est pas trop mon truc", explique Bernard Sermier.

>> Le reportage du 19h30 :

Quatre portraits de femmes paysannes, quatre choix de vie différents. Le portrait de Fabienne Roux.
Quatre portraits de femmes paysannes, quatre choix de vie différents. Le portrait de Fabienne Roux. / 19h30 / 2 min. / le 12 août 2021