Le niveau des lacs continue de monter de manière préoccupante en Suisse

Dans plusieurs régions de Suisse, la situation est alarmante suite aux intempéries. Jeudi, le président de la Confédération Guy Parmelin s'est rendu à Bienne, puis en Suisse centrale, l'une des régions les plus touchées. A Lucerne, il a pu constater la gravité de la situation.

Jeudi après-midi, la crue du lac des Quatre-Cantons était encore sous contrôle, mais les autorités lucernoises se préparent à tout. Si le niveau de l'eau augmente de quelques centimètres seulement, elles devront se résoudre à fermer certaines zones du centre-ville et, par exemple, à interdire l'utilisation des ponts sur la Reuss.

Le niveau d'alerte 5 a déjà été dépassé. Pour éviter le pire, des digues pneumatiques oranges ont été disposées sur les quais près de la Reuss. Les commerçants de la vieille ville se sont tous équipés de protections (sacs de sables et planches de bois) au niveau des portes afin d'éviter, autant que possible, d'être inondés.

Deux résidents enlèvent du mobilier dans un jardin recouvert par l'eau du lac de Bienne, le 15 juillet 2021. [JEAN-CHRISTOPHE BOTT - KEYSTONE]Pour l'instant, Lucerne s'en sort bien. Ce n'est pas le cas partout. Toujours au bord du lac des Quatre-Cantons, le village de Stansstad, dans le canton de Nidwald, est sous l’eau.

La situation à Zoug préoccupe aussi le corps de pompier et de service civile.

Au nord, le Rhin est, lui aussi, très haut. Il devrait atteindre son pic durant la nuit de jeudi à vendredi, selon les prévisions de l'Office fédéral de l'environnement. La protection civile de Bâle-Ville est en train de déposer des digues de sable sur les rives.

En Suisse romande, les cantons de Neuchâtel, de Vaud et de Fribourg annoncent coordonner leurs actions aux abords des lacs de Morat et de Neuchâtel, en prévision des précipitations attendues jeudi soir et vendredi.

>> Le point de la situation jeudi soir dans Forum avec Delphine Gendre:

Delphine Gendre - RTS

>> Voir aussi le reportage du 19h30:

La situation va rester tendue jusqu'en fin de semaine sur le front des intempéries en raison du nouveau front froid qui a atteint la Suisse jeudi. Elle devrait ensuite s'améliorer largement à partir du week-end.

Le niveau des rivières et des lacs devrait continuer à augmenter ces prochains jours. L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) prévoit entre 60 et 80 millimètres de pluie dans les zones touchées, a déclaré mercredi soir David Volken, hydrologue de l'OFEV dans l'émission "10 vor 10" de la télévision publique alémanique SRF.

>> Les précisions du climatologue Martin Beniston:

Le mois de juillet connaît des températures particulièrement fraîches. La faute à une goutte froide qui recouvre actuellement la Suisse. Si les beaux jours vont arriver, nous ne sommes pas à l'abri d'un nouvel épisode de froid, prévient MétéoSuisse.

En 70 ans, la Suisse n'avait jamais enregistré autant de pluie entre le 21 juin et le 13 juillet.

>> Lire aussi: Un niveau de précipitations inédit depuis 70 ans en ce début d'été

Pendant que la Suisse voit ses eaux monter, d'autres régions du monde vivent des vagues de chaleur inédites. Ces phénomènes peuvent-ils être liés aux changements climatiques?

Pour le climatologue et professeur de l'Université de Genève Martin Beniston, "on n'a pas le recul nécessaire pour l'affirmer, mais c'est évident que les vagues de chaleur sont susceptibles de provoquer de fortes précipitations" par les phénomènes d'accumulation de l'humidité.

>> Ecouter l'interview de la prévisionniste Isabelle Fath dans le 12h30:

Gian Ehrenzeller - Keystone

>> La carte de vigilance crues pour les cours d'eau et lacs d'intérêt national:

Cette météo pourrie en plein été n'a rien d'inhabituel, rassure Dean Gill, de MétéoSuisse. Tous les quatre ans environ, la Suisse connaît un été un peu plus morose que ceux des autres années et ce, malgré le réchauffement climatique. "Il ne faut pas confondre climat et météo", rappelle le spécialiste. Ces épisodes de froids sporadiques ne permettent pas de tirer des conclusions sur l'évolution climatique.

Les faibles températures et les violentes précipitations qui s'abattent sur la Suisse sont dues à un phénomène météorologique appelé "goutte froide". Il désigne une poche d'air froid qui est abandonnée par la calotte du pôle Nord.

Cette masse est ensuite "étranglée" et "attaquée" de part et d'autre par un air plus chaud. Elle se met alors à tourner sur elle-même jusqu'à former une dépression, donnant lieu à des orages et de fortes pluies.

La Suisse s'apprête à connaître des jours meilleurs. Cette poche d'air se déplace très doucement en direction des Balkans et devrait laisser place à des températures plus estivales dès samedi. Mais rien n'est moins sûr pour les semaines à venir. "Il ne serait pas étonnant qu'un nouvel épisode de froid ressurgisse", avoue Dean Gill.

Conséquence moins spectaculaire, mais tout aussi importante des intempéries, l'agriculture suisse paie un très lourd tribut aux pluies des dernières semaines. Dans des champs détrempés souvent inaccessibles aux tracteurs, la production nationale de légumes est en danger.

Les salades, par exemple, commencent à pourrir, faute d'être récoltées. A Bardonnex (GE), le maraîcher Georges Vuillod n'avait jamais connu pareille situation. Impossible de désherber à la machine, et sur les grandes exploitations, impossible également de le faire à la main.

Ainsi, 30'000 à 50'000 salades devront être gaspillées. Pire, les récoltes d'automne sont aussi en danger. "Notre problème, il est davantage sur les légumes de garde, la carotte, betteraves, etc...", explique Georges Vuillod.

Et de déplorer: "On ne peut pas semer n'importe quand. Normalement, on devrait avoir terminé de mettre en place toutes ces cultures. Or, ce n'est pas le cas, parce que ça fait quatre ou cinq semaines qu'on n'arrive pas à faire ce travail correctement."

Tout n'est pas perdu, mais le temps presse. Pour sauver la saison, les maraîchers suisses rêvent d'un bel automne ensoleillé.

>> Le reportage du 19h30:

La filiale helvétique de la compagnie allemande Allianz devise la facture des intempéries qui se sont abattues ces derniers jours sur la Suisse et sur le canton de Zurich à environ 9 millions de francs, répartie sur plus de 2500 sinistres assurés.

Allianz Suisse souligne dans son estimation que la note depuis le début de l'année dépasse ainsi les ardoises records autour de 90 millions essuyées sur les exercices 2009 et 2012. Le montant des dégâts naturels à charge de l'assureur atteint en effet déjà 106 millions de francs.

Ce sont principalement les voitures et les meubles de jardin qui ont été endommagés. De nombreuses caves ont également été inondées.

Le président de la Confédération Guy Parmelin s'est rendu à Bienne pour constater la situation au bord du lac, dont le seuil de crue a été dépassé.

"J'ai pu constater de mes propres yeux à quel point la situation est critique", a commenté le Vaudois sur Twitter, avant de prendre la direction de Lucerne.

La situation devient toujours plus critique autour du lac de Bienne. Son niveau n'a cessé de monter jeudi, dépassant en début de soirée de 40 centimètres le seuil de crue. Le lac devrait atteindre vendredi un niveau record ont averti les autorités.

>> Le point de la situation jeudi à 7h00:

Marcel Bieri - Keystone

La hauteur du lac, qui fait l'objet d'une surveillance permanente de la protection civile et des pompiers, s'élevait peu avant 21h00 à 430,74 mètres, selon le site des dangers naturels du canton de Berne. En 2007, il avait affiché 430,88 mètres et en 2005 430,69 mètres, provoquant à chaque fois d'importants dégâts.

Les autorités municipales biennoises s'attendent à ce que le niveau du lac atteigne la hauteur record de 431 mètres d'ici vendredi, un seuil qui aggravera notablement la situation. Elles demandent donc instamment à la population de ne pas s'approcher des rives et de ne pas perturber le travail des forces d'intervention.

Sécurisation du débarcadère

A Bienne, l'eau a envahi le débarcadère et plusieurs places jouxtant le port. Des pompes évacuaient l'eau infiltrée dans le sous-sol des bâtiments. Des barrières métalliques ont été dressées pour sécuriser le site. La population se pressait en effet aux abords du lac pour immortaliser ce phénomène avec leur smartphone.

A la piscine de Nidau, la protection civile a établi un barrage avec des structures gonflables, sortes de boudins, pour éviter que l'eau n'atteigne les installations techniques, provoquant d'importants dégâts en pleine saison estivale. Des plages, des campings et des habitations sont aussi dans l'eau ailleurs autour du lac, au Landeron (NE), à La Neuveville (BE) ou à Ipsach (BE).

>> Le point sur la situation du lac de Bienne avec Fabienne Pambianco Carella au 19h30:

Une place inondée en ville de Berne, jeudi autour de midi. [Serge Houmard]La navigation sur le lac de Bienne et sur les cours d'eau proches est interdite jusqu'à nouvel avis pour tous les types de bateaux et d'engins de sport comme les planches à voile ou les paddles.

La police bernoise a fait état de dizaines d'annonces liées à des infiltrations d'eau. La population a aussi sollicité des sacs de sable, notamment pour tenter de dévier les fluides rejetés par des bouches d'égouts.

A Bienne, la rivière La Suze, particulièrement scrutée en raison du risque qu'elle fait courir au centre-ville en cas de débordement, n'a pas quitté son lit. Les autorités de la ville de Bienne ont émis des appels à la prudence à destination des personnes habitant les environs.

Situation du lac de Thoune

Le niveau du lac de Thoune dépasse actuellement de 26 centimètres son niveau de crue. Il continuera de monter pour atteindre son maximum vendredi soir. La navigation y est suspendue.

L'Aar à Berne a continué de grossir pour atteindre à 21h un débit de 521 m3/s, alors que le record enregistré en 1999 s'établissait à 613 m3/s.

La conseillère fédérale en charge de l'environnement Simonetta Sommaruga s'est elle aussi rendue en zone sinistrée jeudi, plus particulièrement dans le quartier de la Matte à Berne. Elle en a profité pour remercier via Twitter les pompiers pour leur travail.

Campings affectés

Les précipitations actuelles ont des conséquences particulières sur certains secteurs, et notamment les campings. Ceux qui sont situés en bord de lacs ont parfois dû prendre des décisions douloureuses, à l'image du camping Aaregg, au bord du lac de Brienz.

En raison des inondations et jusqu'à dimanche, il n'accueille plus personne avec tentes, caravanes ou en camping-cars. Il a même conseillé à sa clientèle actuelle de partir.

>> Interview de Marcel Zysset, patron du camping et président de l'Association Suisse des Campings:

aaregg.ch/DR

Durant la nuit de mercredi à jeudi, le niveau du lac des Quatre-Cantons est monté moins vite qu'attendu. "C'est une bonne nouvelle", confie le commandant des pompiers lucernois, tout en soulignant qu'il est trop tôt pour lever l'alerte.

L'eau du lac atteignait 434,78 mètres jeudi après-midi, soit trois centimètres de plus que le niveau le plus élevé prévu par l'échelle des dangers de la Confédération (5 sur 5). Si l'eau monte encore jusqu'à 434,90 mètres, une partie du centre-ville sera inondée.

>> Les explications dans le 12h30:

Delphine Gendre - RTS

L'eau a déjà commencé à envahir les quais longeant la rade de Lucerne. Le long de la Reuss, la situation reste également critique. Une inondation des berges en vieille ville ces prochains jours n'est pas exclue.

Les remerciements de Guy Parmelin

Le président de la Confédération Guy Parmelin s'est rendu dans la région jeudi après-midi. A Lucerne, il a remercié les forces d'intervention contre les inondations pour leur engagement "très professionnel". Ces dernières sont à pied d'oeuvre en permanence depuis plusieurs jours, alors même que leur effectif est restreint, a souligné le ministre lucernois Paul Winiker.

Selon Guy Parmelin, la réaction aux intempéries en cours a été meilleure que lors des graves inondations de 2005. Et d'espérer "que la nature se calme bientôt".

Le conseiller fédéral vaudois s'est ensuite déplacé à Aesch (LU) au bord du lac de Hallwil, puis à Hünenberg (ZG), où la situation reste critique le long de la Reuss. Des mesures y ont été prises en matinée pour renforcer et rehausser une digue qui menace de céder.

Une situation similaire à celle de 2005 "pas à exclure"

La police lucernoise a enregistré plus d'une vingtaine de signalements de dégâts d'eau depuis mercredi matin, avant tout pour des caves et des garages inondés. Plusieurs routes restent fermées en raison des inondations et de glissements de terrain.

Lors des graves inondations de 2005, le niveau du lac avait atteint 435,23 mètres. Une situation identique ne peut pas être exclue dans les jours à venir en raison des nouvelles précipitations annoncées, prévient la ville de Lucerne dans un communiqué.

Mardi soir, les pompiers avaient déjà renforcé la protection des rives de la Reuss, à Lucerne. Plusieurs ponts sur la rivière sont fermés depuis mercredi matin. Il en va de même des chemins pédestres le long de la rivière. De grandes flaques s'y étaient formées. Des barrages pneumatiques ont aussi été placés le long des rives.

En outre, les bateaux de la compagnie de navigation sur le lac des Quatre-Cantons ne circuleront pas de mercredi à samedi au moins. Le niveau élevé du lac constitue un risque important lors des embarquements et des débarquements, indique la compagnie de navigation SGV. Il en va de même du bois flottant.

>> Le compte-rendu de Julien Guillaume:

La ligne ferroviaire entre Lucerne et Giswil est pour sa part interrompue entre Alpnach Dorf et Sarnen pour une durée indéterminée en raison de dégâts. Et à cause des crues, il en est de même pour la ligne Lucerne-Meiringen, entre Hergiswil (NW) et Sarnen.

>> Ecouter aussi le sujet du 12h30:

Urs Flüeler - Keystone

Enfin, le Musée historique de Lucerne a fermé ses portes mercredi en raison du danger d'inondations. Il se trouve à proximité immédiate de la Reuss. L'institution avait déjà subi des dégâts d'eau mardi dans ses caves.

A Stansstad, dans le canton de Nidwald, le centre du village est désormais inondé par l'eau du lac des Quatre-Cantons. Des passerelles provisoires ont été érigées pour permettre aux habitantes et habitants de pouvoir circuler et pour acheminer des provisions ou du matériel. La commune a bouclé plusieurs secteurs.

A Stansstad (NW), des passerelles ont été érigées pour pouvoir circuler alors que les eaux du lac des Quatre-Cantons ont pénétré dans les rues. [Urs Flueeler - Keystone]

A Uri, canton fortement touché mardi, la situation reste tendue au bord du lac des Quatre-Cantons, mais elle s'est détendue durant la nuit dernière le long des cours d'eau. Le niveau de la Reuss y a fortement baissé. Toutes les routes principales uranaises ont pu être rouvertes.

Dans le canton de Schwyz, des inondations se sont surtout produites au bord du lac de Lauerz. Plusieurs personnes ont été évacuées de leur domicile mercredi.

Les Etat-majors de conduite vaudois, neuchâtelois et fribourgeois se coordonnent pour gérer la montée des eaux au bord des lacs de Neuchâtel et Morat. La situation y est jugée "préoccupante".

Dans un communiqué commun publié jeudi après-midi, les trois cantons disent assurer "un suivi permanent de la situation, coordonner les forces d'intervention dans le terrain et appuyer les communes affectées."

Des zones ont déjà été inondées, notamment dans la Broye fribourgeoise et vaudoise. Le camping de la Menthue à Yvonand (VD) a, par exemple, dû être évacué, rapporte Florence Frei, porte-parole de la police cantonale vaudoise. Une dizaine de personnes ont dû être provisoirement relogées dans la salle de gymnastique de la commune.

"La situation continuera à être critique ces prochains jours", relève-t-elle. Elle ajoute que si le lac Léman est, lui aussi, en train de monter, la situation semble "moins problématique" qu'autour des lacs de Neuchâtel et Morat.

La route du Lac fermée

En raison d'un éboulement, la Route du Lac est fermée entre Cully et Rivaz jusqu'à nouvel avis. La fermeture de ce tronçon longeant le lac Léman devrait durer plusieurs jours. Les forces de l'ordre recommandent d'éviter le secteur et de respecter la signalisation.

Une coulée de boue a coupé la ligne du Montreux-Oberland bernois (MOB) sur les hauts de Montreux. Les trains ne circulent plus sur le tronçon entre Chernex et Chamby. Ils sont remplacés par des bus.

Le niveau du Léman fait aussi l'objet d'une vive attention. La police recommande à la population d'éviter les abords des cours d'eau, en particulier le long du Rhône. Le niveau de la Broye est également préoccupant.

Du fait de la saturation des sols et des nouvelles précipitations attendues, des éboulements localisés, des chutes d'arbres ou des débordements de cours d'eau pourraient se produire avec les précipitions encore à venir, avertit le canton qui a lancé un appel à la prudence.

>> Reportage au camping de Vidy Lausanne dans le 12h45:

Le mildiou menace dans les vignes

Les fortes intempéries de pluie et de grêle qui s'abattent sur la Suisse depuis quatre semaines font souffrir particulièrement la vigne. Les sols sont détrempés, gorgés d'eau, les plants abîmés et les vignerons ne savent plus où donner de la tête face au mildiou, un champignon qui met leurs récoltes en danger.

>> Interview de Louis Fonjallaz, vigneron-encaveur à Epesses (Lavaux):

Jean-Christophe Bott - Keystone

Le danger de crues est élevé voire très élevé dans toutes les régions. Le message des autorités est clair: il faut éviter les bords de lacs et de rivières.

Pour preuve, ce camping à Gumefens, au bord du lac de la Gruyère, noyé sous les eaux. Il a dû être en partie évacué.

>> Le reportage du 12h45:

La situation semble ne pouvoir qu'empirer à Neuchâtel, car les précipitations incessantes remplissent les cours d'eau qui se déversent dans la région des Trois-Lacs.

"Les eaux vont continuer de monter", prévient Cédric Jaccoud, de la Permanence de la cellule de crise neuchâteloise. Il enjoint la population à "prendre les dispositions nécessaires pour que les éléments entreposés à des niveaux assez bas soient mis en sécurité, afin d'éviter que des hydrocarbures, des huiles ou de l'essence repartent dans les eaux".

>> Regarder au 12h45, l'interview de Cédric Jaccoud, Permanence de la cellule de crise neuchâteloise:

Quant aux activités sub-aquatiques, elles sont pour l'heure fortement déconseillées, tout comme la navigation privée ou la promenade le long des rives du littoral neuchâtelois et le long du Canal de la Thielle, "puisque les eaux sont élevées et continuent de monter", précise Cédric Jaccoud.

Des décisions intercantonales seront prises concernant le lac, puisqu'il touche les cantons de Fribourg, Berne, Vaud et Neuchâtel.

Le niveau du lac Léman continue de monter en raison des intempéries. Il s'élevait à 372,54 mètres jeudi matin, soit vingt-quatre centimètres au-dessus de la cote maximale estivale habituelle. Le débit de l'Arve est remonté.

"Le niveau du lac devrait encore monter de six centimètres, pour atteindre 372,60 mètres entre vendredi et dimanche", a indiqué jeudi Etienne Monbaron, hydrologue au Service de l'écologie de l'eau du canton de Genève. Selon lui, aucun problème relatif à des crues n'a été signalé au bout du lac. L'alerte se situe encore au niveau 3, à savoir un danger marqué.

Les berges du Rhône sont inondées suite aux fortes pluies. Genève, mercredi 14 juillet 2021. [Salvatore Di Nolfi - Keystone]

Après être redescendu en dessous de 200 mètres-cubes par seconde dans la nuit de mercredi à jeudi, le débit de l'Arve a augmenté avec les précipitations nocturnes. Il se situait à 300 m³/sec. jeudi matin.

"Le bassin versant est gorgé d'eau. Les débits des affluents et de l'Arve plus haut sont importants. On devrait mesurer 350 à 400 m³/sec., comme mardi matin", a fait savoir Etienne Monbaron.

La situation s'est aggravée au bord du lac de Zurich. Le niveau de l'eau a atteint 406,6 mètres jeudi à l'aube. Le danger d'inondation est donc passé au degré 4 sur 5 ("fort").

Certaines maisons situées en bordure immédiate du lac risquent d'être inondées, indiquent les autorités cantonales zurichoises. La pluie devait cesser de tomber jeudi soir dans la région. Le niveau de la Limmat et des autres cours d'eau zurichois pourrait commencer à baisser dans le cours de la nuit de jeudi à vendredi.

En revanche, le lac de Zurich et le Greifensee voisin, passé lui aussi au degré de danger 4, ne devraient atteindre leur niveau maximum que samedi, avant qu'il ne baisse lentement.

>> Regarder le 12h45, "Les pluies diluviennes de ces dernières semaines ont des effets dévastateurs pour l'agriculture et pour les maraîchers":

En Argovie, le débit de l'Aar a baissé jeudi. A 16h00, il se situait à 680 m3 d'eau par seconde près de Murgenthal après avoir atteint 951 m3 et dépassé ainsi le niveau de danger maximal (850m3).

Près de Brugg, située en aval de l'embouchure de la Reuss dans l'Aar, le débit de la rivière a toutefois augmenté quelque peu en cours de journée, à 1102 m3 par seconde. A Rheinfelden, le débit du Rhin était de 3421 m3 d'eau. C'est la mesure la plus élevée depuis mardi.

Les mesures de protection contre les inondations devraient toutefois être suffisantes, selon les autorités argoviennes qui ne s'attendent pas à d'importants dégâts matériels.

A Bâle, la protection civile a commencé jeudi à renforcer la rive droite du Rhin avec des sacs de sable. Les autorités ne s'attendent toutefois pas à de véritables inondations.

Le degré de danger ne devrait pas grimper au-delà de 4 sur 5 d'ici à vendredi. Le niveau du fleuve devrait alors avoir atteint son maximum dans la région.

Le niveau du lac de Bienne devrait atteindre son maximum samedi. Il pourrait alors rejoindre le seuil des crues de 2005 ou de 2007, a averti le canton de Berne mercredi. Le lac est actuellement stable aux alentours de son niveau de crue fixé à 430,35 mètres.

Les lacs des Quatre-Cantons et de Thoune ont eux dépassé le seuil de crue dans la nuit de mardi à mercredi.

En Suisse romande, la situation s'est légèrement détendue avant de nouvelles fortes pluies attendue dans la nuit de mercredi à jeudi. Seul le canton de Genève devrait être totalement épargné. L'alerte intempéries a été levée mercredi matin en Valais, mais les trafics ferroviaire et routier restent perturbés, notamment dans les cantons de Fribourg et Genève.

>> Lire aussi: Les lacs des Quatre-Cantons, de Thoune et de Bienne au niveau de danger maximal