"Cargo sous terrain" vise à transférer le transport de marchandises de la route à des tunnels souterrains. Il prévoit un tunnel à triple voie, exploité 24 heures sur 24, reliant les principaux centres logistiques du Plateau et de la Suisse du Nord-Ouest. Le réseau, constitué de 500 kilomètres de tunnel, devrait être achevé vers 2045.
Avec sa proposition de loi, le Conseil fédéral veut permettre et faciliter le projet, a expliqué la conseillère fédérale en charge de l'aménagement du territoire Simonetta Sommaruga. "Il règle les conditions pour sa mise sur pied et son exploitation."
Pas de financement fédéral
Et la socialiste d'insister sur plusieurs points centraux. La Confédération ne participera pas au financement. Les actionnaires doivent rester majoritairement suisses tout au long de la durée de vie de l'installation.
En cas de difficultés financières, Berne pourra exiger des garanties, voire le démantèlement ou le changement d'affectation en concertation avec les cantons.
Projet "visionnaire"
Les sénateurs voient la proposition d'un bon oeil. Nombre d'entre eux ont loué le projet "Cargo sous terrain" comme "excellent", "novateur" ou encore "visionnaire".
Le transport de marchandises sera optimisé, a précisé Hans Wicki (PLR/NW). "Et il arrive à point nommé. Le transport de marchandises va s'accroître fortement, en raison de l'augmentation de la population et de la croissance de l'économie." "Le projet est bienvenu pour soulager les routes", a abondé Hansjörg Knecht (UDC/AG).
"Il permettra de répondre à la distribution des biens de consommation, tout en limitant les nuisances, notamment sur l'usage du sol", a salué Olivier Français.
Pas une concurrence pour le rail
Pour le conseiller aux Etats PLR vaudois, interrogé dans l'émission Forum, ce projet ne présente pas le risque de créer une concurrence trop forte pour les CFF et le fret ferroviaire: "La progression du trafic va être très importante et aujourd'hui les CFF, dans l'état actuel du réseau, auront de la peine à répondre à la demande. Le projet souterrain aura donc un effet très bénéfique pour diminuer la charge du trafic, tant sur la route que sur le rail".
Et le sénateur vaudois d'ajouter: "S'il y a un peu de concurrence, ça fera du bien, d'autant plus qu'aujourd'hui, il y a encore des objectifs de rationalisation dans le transport sur rail. C'est donc un complément, et j'ose espérer que l'un comme l'autre pourront collaborer de manière active, en particulier sur le transport lourd".
Au vote final, les sénateurs ont approuvé le projet amendé sans opposition. Le dossier passe au National.
Plus de 30 milliards
Lancé en 2013 par des milieux privés, le projet coûterait en tout entre 30 et 35 milliards de francs. La responsabilité de la planification et du financement du projet incombera à la société anonyme Cargo sous terrain.
Les investisseurs attendent un grand bénéfice de leur concept, en particulier pour le secteur de la logistique et de la construction. Le projet compte parmi ses actionnaires Migros, Coop, Swisscom, La Poste, Manor, Helvetia, la Banque cantonale zurichoise, l'aéroport de Zurich, CFF Cargo, la Mobilière, Implenia, Panalpina ou Holcim. Des investisseurs étrangers y participent aussi.
ats/jpr