Publié

Noël Pedreira: "Les Eglises historiques n’ont pas le monopole de l’Aumônerie militaire"

Quelques membres de l'armée suisse. [Keystone - Martin Ruetschi]
LʹAumônerie de lʹarmée ouvre ses portes aux évangéliques / Hautes fréquences / 13 min. / le 30 mai 2021
Vendredi 4 juin 2021, à la caserne de Thoune, les responsables de la Fédération romande d’Églises évangéliques (FREE) stipuleront un partenariat avec l’Aumônerie de l’Armée suisse. La nouvelle collaboration a été rendue possible grâce à un accord signé le 2 novembre dernier entre le Réseau évangélique suisse et l’Aumônerie de l’Armée.

Le partenariat prévu est le fruit d’un long processus de réflexion qui a porté l’Armée suisse à ouvrir son service d’aumônerie militaire à d’autres communautés religieuses. Il portera à une augmentation des aumôniers francophones au sein de l’Armée suisse.

La FREE n’est pas la première Fédération évangélique de Suisse à faire une telle requête auprès de l’Armée suisse. Actuellement, l’aumônerie militaire compte une dizaine d’aumôniers évangéliques, dont la très grande majorité sont alémaniques.

Interrogé dimanche dans l’émission Hautes Fréquences, Noël Pedreira, remplaçant du Chef de l’Aumônerie de l’armée suisse, a relevé que beaucoup de personnes ont la formation et le savoir-être adéquats pour assumer une telle tâche au sein de l’Armée. Limiter cette mission aux seuls aumôniers issus des trois Églises historiques – Catholique romaine, Réformée et Catholique chrétienne – n’est donc plus en phase avec la société helvétique contemporaine.

Au service de chaque militaire

"Pour pouvoir signer un tel partenariat avec l’Aumônerie de l’Armée, les communautés religieuses doivent reconnaître les directives qui définissent la façon dont nous comprenons l’assistance spirituelle au sein de l’Armée. De ces directives découlent des principes qui déterminent le fonctionnement concret de notre service, notamment l’accueil inconditionnelle du militaire, quel que soit son enracinement religieux, son origine ou son orientation sexuelle", précise Noël Pedreira.

Ces directives, publiées en mars 2020 par le chef de l’Armée suisse Thomas Süssli, visent à adapter l’Armée à l’évolution de la société suisse, aujourd’hui toujours plus diversifiée sur le plan religieux.

Des accords "gagnant-gagnant"

L’Armée suisse se prépare à ouvrir les portes de son Aumônerie également à des aumôniers affiliés à d’autres communautés religieuses présentes en Suisse. En mars dernier, elle a notamment signé des nouveaux partenariats avec la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI), ainsi qu’avec la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS).

Ces changements au sein l’Aumônerie militaire sont le fruit d’un intérêt exprimé depuis de nombreuses années par plusieurs communautés religieuses, désireuses d’assumer leur part de responsabilité dans le domaine de la sécurité et de la défense de la Suisse. Mais ces ouvertures sont aussi une bouffée d’air frais pour l’Armée suisse, lui permettant à de repérer davantage de personnes pour assurer le service d’assistance spirituelle exigée par la Loi sur l’Armée.

"Au cours de ce processus, un des défis majeurs a été la prise de conscience que les Eglises historiques n’ont pas le monopole dans la matière. Ça n’a pas été toujours évident d’entrer en dialogue sur ce point, pour faire saisir qu’on n’est plus en 1883, lorsque l’Aumonier avait été instituée dans la nouvelle Armée fédérale. Car entre 1883 et 2021, il n’ y a pas que l’uniforme de l’Armée qui a changé…", rappelle Noël Pedreira.

RTSreligion / Davide Pesenti

Publié