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Les jeunes exposés à des stimuli pro-alcool toutes les cinq minutes

Les adolescents sont exposés toutes les 5 minutes à des stimuli en lien avec l’alcool. [Beutler - Christian Beutler]
Les adolescents sont exposés toutes les 5 minutes à des stimuli en lien avec l’alcool / Le 12h30 / 1 min. / le 11 mai 2021
Une nouvelle étude d'Addiction Suisse met en lumière "l'effrayante normalité" de l'alcool dans le quotidien des jeunes. Les adolescentes et adolescents entre 16 et 19 ans sont exposés en moyenne toutes les cinq minutes à des stimuli en lien avec l'alcool.

Le constat de cette enquête financée par l'Administration fédérale des douanes est clair: "Les jeunes sont une cible privilégiée du marketing de l'alcool, car ce sont les clients de demain", a indiqué mardi Addiction Suisse dans un communiqué.

Les incitations à la consommation d'alcool ont été examinées lors des trajets et activités types des jeunes dans leur vie de tous les jours, dans le cadre de leur sortie ainsi que sur les réseaux sociaux.

Une étude qualitative

Il s'agit avant tout d'une étude qualitative et non quantitative puisque seuls dix jeunes ont été suivis dans les cinq plus grandes villes de Suisse (Zurich, Genève, Bâle, Lausanne et Berne ), selon une porte-parole du centre national de compétences dans le domaine des addictions, interrogée par Keystone-ATS.

A noter aussi que l'enquête a été réalisée en automne 2020, période marquée par le durcissement des mesures prises pour enrayer la pandémie de coronavirus et la fermeture des lieux de sortie, de même que par la diminution des manifestations dans l'espace public. Addiction Suisse suppose dès lors que l'activité publicitaire a, elle, aussi été réduite durant cette période.

Incitations intentionnelles pour moitié

Les itinéraires, y compris donc les trajets pour participer à des activités telles que sport, cinéma, sorties au restaurant, etc, ont été parcourus dans un laps de temps de six heures environ. Par trajet, 73 stimuli pro-alcool ont été dénombrés en moyenne, soit un élément évoquant l'alcool toutes les cinq minutes, selon l'étude.

La moitié des stimuli comptabilisés concernaient de la publicité pour l'alcool ou des offres promotionnelles pour des boissons alcooliques, donc des incitations à consommer intentionnelles. L'autre moitié se composait de stimuli apparemment fortuits: bouteilles et cannettes vides dans l’espace public, scènes dans lesquelles l'alcool jouait un rôle (événement avec des personnes en train de boire), offres sur la carte d'un restaurant, etc.

Les messages de prévention perçus par les jeunes ont également été comptabilisés. Addiction Suisse n'a pu que constater que ceux-ci étaient "quasi inexistants" sur les trajets couverts par les jeunes.

Le pouvoir des réseaux sociaux

Le marketing de l'alcool s'est par ailleurs en partie déplacé sur internet. En 2019, 85% des jeunes de 12 à 19 ans ont passé une heure ou plus par jour sur la toile. La plupart sont également présents sur les réseaux sociaux, un phénomène qui s'est sans doute encore amplifié durant la pandémie, observe la fondation d'utilité publique.

Sur Snapchat, Instagram et TikTok en particulier, les jeunes reçoivent de nombreuses photos et messages d'amis et de connaissances qui ont pour sujet l'alcool, montre aussi l'étude. "La publicité pour l'alcool faite par des influenceurs est frappante", souligne-t-elle.

Pour Addiction Suisse, cette "effrayante normalité" de l'alcool dans le quotidien des adolescentes et adolescents est problématique au vu des quelque 400 jeunes hospitalisés chaque année en Suisse à la suite d'une intoxication alcoolique. Elle appelle à "renforcer les mesures de protection de la jeunesse, notamment la limitation de la publicité pour l'alcool en vue de réduire son attractivité auprès des jeunes".

ats/aq

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