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La PMA, un enjeu du référendum contre le "mariage pour tous" déposé lundi à Berne

Le comité référendaire dépose plus de 50'000 signatures contre le "mariage pour toutes et tous"
Le comité référendaire dépose plus de 50'000 signatures contre le "mariage pour toutes et tous" / 19h30 / 2 min. / le 12 avril 2021
La population suisse devra prochainement se prononcer sur le mariage pour tous. Enjeu crucial du texte, la procréation médicalement assistée, interdite pour les couples homosexuels en Suisse, suscite un vif débat. Deux femmes racontent leur parcours dans le 19h30.

Les Suissesses et Suisses pourraient être appelés à se prononcer sur sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe à l'automne déjà.

Les trois comités référendaires engagés contre le texte (UDC, UDF et la Fondation pour la Famille) ont en effet réuni suffisamment de signatures et déposé lundi à la Chancellerie fédérale un référendum contre la révision de la loi. Le comité référendaire a précisé qu'il avait déposé 59'176 signatures certifiées.

La remise des signatures à la Chancellerie fédérale a été accompagnée d'une contre-manifestation des partisans de la révision de la loi sur le "mariage pour tous" à Berne. Ces derniers ont été tenus à l'écart par la police.

L'introduction du "mariage pour tous" "reviendrait à ouvrir une brèche sociale et politique qui évacue la définition historique du mariage, compris comme l'union durable d'un homme et d'une femme", écrit le comité référendaire. Selon celui-ci, le "mariage est et doit rester l'union naturelle d'un homme et d'une femme, qu'il s'agit de protéger".

Mariage et accès au don du sperme

Outre le mariage pour les couples de même sexe et l'accès au don de sperme pour les couples lesbiens (PMA), la loi prévoit la naturalisation facilitée du conjoint et l'adoption conjointe. Trois points que les opposants combattent farouchement.

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Largement débattu au Parlement, l’accès à la PMA pour les couples de lesbiennes est l’un des enjeux cruciaux du texte. En Suisse, toutes les techniques de procréation médicalement assistée sont interdites aux couples homosexuels. L’accès aux dons de sperme est réservé aux couples hétérosexuels mariés. Les personnes LGBTQI+ se tournent ainsi toujours plus vers les centres de PMA des autres pays d’Europe, par exemple le Danemark et l’Espagne, ou vers des banques de sperme qui ont un siège à l’étranger.

Un long chemin

Selon une récente étude de l’Université de Berne, 516 parents suisses se seraient rendus à l’étranger pour avoir un enfant en 2019. C’est le cas Florine et Magali, deux Biennoises d’une trentaine d’années et mamans du petit Manoa, deux ans. Leur enfant est né grâce au don de sperme d’un donneur anonyme, une pratique possible dans les cliniques de fertilité espagnoles.

Le couple essaye aujourd’hui d’avoir leur deuxième enfant, mais le parcours pour y parvenir se révèle long et compliqué. "Émotionnellement c’est assez sportif. Il faut sauter dans l’avion à la dernière minute, quand on est en période d’ovulation et que le médecin nous donne le feu vert. On doit être sur place 36 heures plus tard, donc les choses s’organisent à la dernière minute", témoigne Florine lundi dans le 19h30.

Et la jeune femme de poursuivre: "Cela peut aussi être dur financièrement. Pour avoir Manoa, on a dû débourser 6000 euros. Heureusement que cela a marché du premier coup, sans devoir faire de stimulation hormonale. Là, c’est plus compliqué. C’est Magali qui va porter notre enfant et nous sommes déjà à notre troisième tentative. On doit compter entre 3000 et 4000 francs par voyage."

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Sentiment d’injustice

Le couple se confie sur le sentiment d’inégalité qu’elles éprouvent face aux couples hétérosexuels. "On essaye de ne pas penser à l’injustice que subissent les couples gays, sinon cela nous freinerait. Malheureusement, c’est la donne pour les couples lesbiens: si on veut un enfant, on doit partir à l’étranger. On le sait depuis l’adolescence, même si on avait l’espoir que les choses évoluent plus rapidement. On se dit qu’on s’aime, qu’on a juste envie d’avoir une famille et de continuer de construire notre vie. On demande juste à être parent."

Si le peuple suisse accepte la loi sur le mariage pour tous, les lesbiennes pourraient avoir accès au don de sperme sur le sol suisse dès 2022. Un changement qui réjouit Magali et Florine.

"Se dire que les générations futures pourront peut-être vivre ça avec plus de légèreté est un véritable bonheur. On rêve de vivre dans un monde où l’on peut demander à sa partenaire: tu as envie d’un enfant? Et que cette question soit la seule question importante dans cette décision."

Sujet TV: Fanny Zürcher

Adaptation web: Sarah Jelassi avec ats

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