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Malgré la pandémie, l'e-commerce alimentaire reste un "marché de niche", selon la directrice de Migros Online

L'invitée de La Matinale - Katrin Tschannen, CEO de Migros Online (vidéo)
L'invitée de La Matinale - Katrin Tschannen, CEO de Migros Online (vidéo) / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 23 février 2021
Si toujours plus de ménages suisses se font livrer leurs courses à la maison, la vente en ligne de produits alimentaires reste toutefois faible en comparaison internationale, explique la directrice du supermarché en ligne Migros Online Katrin Tschannen, invitée mardi dans La Matinale.

Avec 2% de part de marché, l'e-commerce alimentaire reste encore un "marché de niche" en Suisse. Même si ce chiffre a doublé avec la pandémie de Covid-19, la Suisse reste à la traîne par rapport à d'autres pays, où la proportion atteint les 8%. En Corée du Sud, la vente en ligne de produits alimentaires se monte même à 20%.

En Suisse, ce chiffre pourrait atteindre les 10% d’ici cinq à dix ans, selon Katrin Tschannen, directrice de Migros Online (ex-LeShop.ch): "C'est la digitalisation de la vente qui va changer le comportement des consommateurs. Nous n’avons pas un objectif de croissance."

Pour Katrin Tschannen, le "retard" de la Suisse dans ce domaine s'explique par plusieurs facteurs. "La densité des magasins est importante. Tout le monde, ou presque, a un commerce juste à côté de chez soi. Et avec les heures d'ouverture, il est possible de faire ses courses jusqu'à 22h." L'autre aspect est financier. "Avec les salaires suisses, il n'est pas possible d'offrir la livraison avec des paniers d'achat très bas", explique Katrin Tschannen. Ce qui freine certaines personnes à commander en ligne.

Un marché compétitif

Leader du secteur, Migros Online a réalisé un bond de 40% de son chiffre d'affaires en 2020, à 266 millions de francs. La filiale du géant orange s'attend à une nouvelle hausse de 20% des ventes en 2021. Cette croissance devrait passer par la création d'un nouveau centre logistique à Zurich et l'extension de celui d'Ecublens (VD).

La marque évolue pourtant dans un marché compétitif avec des acteurs "historiques" comme Coop ou Farmy.ch, spécialisé dans les produits locaux et bio, mais également avec l'arrivée de nouveaux venus, notamment dans les villes, qui promettent une livraison entre quinze et soixante minutes. La concurrence internationale dans ce secteur est quasiment inexistante. Le marché est "trop petit" et le "dédouanement très complique", selon Katrin Tschannen.

Supermarché du futur

Si le commerce en ligne continue de progresser, il n'en découlera pas forcément une fermeture massive de succursales physiques, estime Katrin Tschannen: "Les magasins vont devenir encore plus importants. La difficulté, c'est dans les centres commerciaux. Parce qu'entre 30% et 40% des vêtements sont désormais achetés en ligne."

Dans sa stratégie, Migros imagine un supermarché digital, où tout passerait par une application. "Vous entrerez votre liste de course, déciderez si vous voulez aller en magasin ou commander en ligne, notamment les produits lourds ou la nourriture pour les animaux, scannerez vos articles et payerez avec votre téléphone sans passer par la caisse", décrit Katrin Tschannen.

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Valentin Jordil

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