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"Le discours scientifique peut parfois être un peu cacophonique"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Sabine Süsstrunk, présidente du Conseil suisse de la science
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Sabine Süsstrunk, présidente du Conseil suisse de la science / La Matinale / 10 min. / le 15 janvier 2021
En Suisse, la place des scientifiques n'a sans doute jamais été aussi mise en avant qu'en cette période de pandémie. Invitée de La Matinale, la présidente du Conseil suisse de la science Sabine Süsstrunk revient sur les difficultés qu'engendre cette situation, avec, notamment, certaines frictions entre le monde politique et celui des experts.

Samedi 9 janvier 2021, l'épidémiologiste bernois Christian Althaus annonçait avec fracas son départ de la task force scientifique Covid-19 de la Confédération. Dans un tweet, il demandait à ce que les politiques apprennent enfin à regarder la science sur un pied d'égalité. L'événement apparaissait alors comme le point culminant d'une tension vive entre la vision scientifique et celle du Conseil fédéral.

>> Lire à ce sujet : Un épidémiologiste quitte la task force scientifique de la Confédération

Sans prendre partie, la nouvelle présidente du Conseil suisse de la science estime ce genre de mésentente normale. D'après elle, il est en effet dans la nature des choses que des "opinions différentes" s'expriment.

"Les scientifiques donnent des opinions mais également des faits. De leur côté, les politiques doivent baser leurs choix sur nos conseils, mais aussi sur ceux d'Economiesuisse ou encore de l'USAM", concède-t-elle.

Un monde scientifique parfois cacophonique

La Soleuroise explique également qu'il est important de comprendre le monde scientifique comme quelque chose de mouvant, qui peut parfois déstabiliser le grand public.

"La science n'est pas immuable, elle avance, on la travaille, une nouvelle étude ou une opinion peuvent changer la façon de voir les choses (...) le discours scientifique peut donc parfois être un peu cacophonique".

Une réalité qui amène la présidente à plaider pour une meilleure compréhension de ce qu'est la science. "Nous n'avons pas encore fait suffisamment le point sur ce que la science peut apporter à la politique (...) Et puis, ce n'est peut-être pas seulement la science qui doit apprendre à parler au grand public, ce dernier doit aussi apprendre ce qu'est la science".

Pas de vocation à convaincre sur le vaccin

S'il est peut-être un point sensible entre une partie du grand public et les scientifiques, c'est sans doute celui du vaccin. Alors que de nombreux Suisses et Suissesses semblent douter de son efficacité, Sabine Süsstrunk juge que ce n'est pas aux scientifiques de convaincre.

"Notre rôle n'est pas de convaincre mais d'informer. Nous savons qu'il y a eu 3 cas d'allergies sur des millions de vaccins injectés, c'est très peu. Quant aux effets secondaires à long terme, il faut comprendre qu'au contraire d'un médicament, ils arrivent tout de suite avec un vaccin et pas des années plus tard."

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Tristan Hertig

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