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Le vaccin contre le Covid-19 en Suisse romande, pour qui, où et comment?

Eclairage sur le processus de vaccination en Suisse (vidéo)
Eclairage sur le processus de vaccination en Suisse (vidéo) / L'éclairage d'actualité / 4 min. / le 5 janvier 2021
Tous les cantons romands, Berne excepté, ont lancé leur campagne de vaccination contre le Covid-19. Quelles sont leurs stratégies? Qui peut prétendre au vaccin? Comment l'obtenir? Tour d'horizon.

Swissmedic a autorisé en décembre le premier vaccin contre le Covid-19 en Suisse. Ce vaccin de Pfizer/BioNTech convient aux adultes et aux jeunes dès 16 ans. La Confédération a établi un ordre de priorité pour les groupes cibles, selon leur degré de vulnérabilité.

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Il revient toutefois aux cantons de définir plus précisément ces groupes de personnes, leur âge par exemple. Ils doivent également définir un plan de vaccination avec, notamment, la mise sur pied de centres spécialement dédiés. Non obligatoire, la vaccination contre le Covid-19 est gratuite en Suisse.

BERNE

Le canton de Berne débutera sa campagne lundi prochain, 11 janvier. Les quelque 100'000 Bernois de 75 ans et plus pourront s'inscrire en priorité dès le 8 janvier, par téléphone (031 636 88 00) ou en ligne.

En parallèle, des équipes mobiles se rendront dans les institutions pour personnes âgées afin d'administrer des doses aux résidents et aux membres du personnel qui le souhaitent. "Nous estimons qu'entre 60 et 70% de résidents se feront vacciner", indique Gundekar Giebel, porte-parole du Département cantonal de la santé. Quant aux employés des EMS, ils ne seraient que 30 à 40% à vouloir le faire, précise-t-il. Une campagne d'information sera d'ailleurs lancée le 15 janvier pour "encourager les personnes à s'informer sur le vaccin", selon Gundekar Giebel.

Neuf centres de vaccination seront mis sur pied dans le canton. Ceux de l'Hôpital de l'Ile de Berne, de Tavannes, d'Interlaken et de Thoune ouvriront le 11 janvier, tout comme le centre cantonal de vaccination de Berne-Wankdorf. Suivront ceux de Berthoud (14 janvier), de Bienne et de Langenthal (18 janvier). Celui de Langnau devrait être opérationnel en février.

Une fois que les 75 ans et plus auront reçu leur deuxième dose (3 ou 4 semaines après la première), ce sera le tour des personnes à haut risque, entre 16 et 74 ans. La troisième phase comprendra les personnes entre 65 et 74 ans en bonne santé. Enfin, les vaccinations seront ouvertes à tous, dès 16 ans.

"Nous planifions l'administration de 1000 doses par jour, mais nous serons capables de monter jusqu'à 5000 vaccins quotidiens", précise Gundekar Giebel. Au total, le canton de Berne s'attend à ce que 500'000 de ses citoyens aient recours au vaccin, soit la moitié de sa population en âge de le recevoir.

FRIBOURG

Des équipes mobiles sont à pied d'oeuvre depuis fin décembre pour administrer le vaccin aux résidents et au personnel des 28 EMS du canton. "Pour l'heure, plus de 700 doses ont été injectées dans six établissements", explique Claudia Lauper, secrétaire générale de la Direction fribourgeoise des affaires sociales et de la santé.

Comme à Berne, le personnel semble en majorité réticent à se faire vacciner. Claudia Lauper parle, elle aussi, de 30 à 40% de professionnels prêts à se faire piquer.

Par ailleurs, Fribourg s'apprête également à ouvrir deux centres pour les personnes hors institution. Dès le 18 janvier, les 75 ans et plus pourront se rendre soit à Forum Fribourg, à Granges-Paccot, soit à Espace Gruyère, à Bulle. Ce dernier aura une capacité de quelque 700 doses journalières, alors que Forum Fribourg en aura le double. Les inscriptions seront ouvertes dès le 13 janvier prochain. Les informations pratiques peuvent être consultées sur le site du canton ou en composant le 084 026 17 00.

Le canton attend 11'000 doses au total pour le mois de janvier. "Au final, nous espérons vacciner 70% de la population, même si nous savons que c'est optimiste", précise Claudia Lauper.

GENÈVE

Après une phase test, les vaccins ont commencé à être administrés le 4 janvier dans les EMS ainsi qu'aux personnes de 75 ans et plus traitées aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Les inscriptions se font par téléphone (0800 909 400) ou en ligne.

Le canton a également envoyé 40'000 courriers pour appeler les personnes concernées hors institutions à se faire vacciner. "Nous avons reçu 20'000 appels en une heure", indique Laurent Paoliello, porte-parole du Département de la sécurité, de l'emploi et de la santé (DSES). Quant à la planification de la seconde dose, administrée quatre semaines plus tard, elle se fait lors de la première injection.

Premier en Suisse romande, le canton a débuté cette semaine la vaccination des 75 ans et plus hors institution. Trois centres ont été aménagés à Genève (M3 Sanitrade dans le quartier des Eaux-Vives), à la clinique de Carouge et à la Clinique et permanence d'Onex.

La campagne sera ensuite étendue à la classe d'âge des 65-74 ans ainsi qu'aux personnes vulnérables de moins de 65 ans (maladie cardiaque, obésité, etc.). Celles-ci seront avisées par courrier nominatif, courant janvier.

A noter que toute personne peut d'ores et déjà se préinscrire en ligne. L'extension à la population dans son ensemble ne se fera toutefois pas avant la fin mars, estime Laurent Paoliello.

JURA

Dans le canton du Jura, où 1000 doses ont été livrées à ce jour, la première phase de vaccination a débuté le 4 janvier. Elle a concerné les résidents et le personnel d'un EMS à Bassecourt. La campagne doit se poursuivre ces prochains jours dans une vingtaine d'institutions jurassiennes pour personnes âgées. Le canton mise dans un premier temps sur un rythme de 40 vaccinations à la demi-journée. Chaque personne recevra ensuite une deuxième injection, au minimum trois semaines après la première.

Par ailleurs, un centre cantonal de vaccination sera mis en fonction le 18 janvier dans l'ancienne usine Simon & Membrez à Courtételle. Celui-ci permettra l'administration d'une centaine de doses par jour. Le canton prévoit un dispositif d'inscription prochainement. Une hotline sera également ouverte dès le 11 janvier.

Une troisième phase concernera les personnes de plus de 16 ans, non à risque. Les injections se feront alors au centre de vaccination, dans les cabinets médicaux ou auprès de certaines pharmacies.

NEUCHÂTEL

Contrairement à d'autres cantons, Neuchâtel ne spécifie pas de limite d'âge pour sa première phase de vaccination. Il estime en effet qu'un patient de 58 ans avec des problèmes cardiaques par exemple peut être plus fragile qu'un autre de 76 ans en pleine santé.

Les inscriptions se font par le médecin traitant qui fait office de tri. "On s'est dit que la population qui est médicalisée était potentiellement exposée au virus, puisqu'elle devait se rendre chez son médecin et qu'elle bénéficiait d'une certaine autonomie. Dans le même temps, le médecin peut identifier qui est le plus à risque au sein de sa patientèle", explique Claude-François Robert, médecin cantonal neuchâtelois.

Un centre temporaire a été prévu sur le site du Mycorama à Cernier, où le personnel de l'institution NOMAD (Neuchâtel Organise le Maintien à Domicile) se chargera de la vaccination.

Le canton se prépare également à déployer une équipe mobile pour les résidents des EMS, ainsi que pour les professionnels de la santé des différents établissements médicaux.

Le reste de la population neuchâteloise non à risque sera pris en charge lors d'une troisième phase, dans l'un des centres cantonaux de vaccination, chez son médecin ou encore dans les pharmacies autorisées. "Les détails sur la localisation des centres de vaccination seront donnés en temps voulu. Un dispositif de prise de rendez-vous en ligne et par téléphone sera proposé", précisent les autorités. En attendant, la population peut adresser ses questions au canton en composant le 032 889 11 00.

VALAIS

En Valais, la priorité a été donnée aux services de gériatrie des hôpitaux. La campagne se poursuit cette semaine dans les EMS. Et, contrairement à Berne ou Fribourg, les vaccinations concernent uniquement les résidents de ces établissements.

L'opération sera ensuite élargie aux autres groupes prioritaires dès la mi-janvier, avec les 75 ans et plus qui ne se trouvent pas en institution, ainsi que toute autre personne atteinte d'une maladie chronique, quel que soit son âge. "Ce sont les médecins en cabinet qui connaissent le mieux cette patientèle. Ce sont donc eux qui administreront les premières injections", explique le canton.

Quatre centres de vaccination sont prévus à Brigue, Sion, Martigny et Collombey: "Ils seront ouverts dès que les doses de vaccin seront disponibles en suffisance et que les médecins en cabinet ne suffiront plus pour couvrir la demande", indique le Département valaisan de la santé. Les personnes à risque souhaitant se faire vacciner doivent s'adresser à un médecin. Une ligne téléphonique a également été mise en service (058 433 0 144).

A noter que le Valais a reçu 9000 doses. Le canton estime, qu'à terme, 10'000 doses pourront être injectées chaque semaine.

VAUD

Après une première phase de vaccination entamée le 30 décembre dans les EMS, le canton de Vaud se prépare lui aussi à ouvrir ses centres destinés au premier groupe prioritaire (les 75 ans et plus et les personnes à risque).

Quatre d'entre eux seront opérationnels dès le 11 janvier au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne, à l'Ensemble Hospitalier de la Côte (EHC) à Morges, aux Établissements hospitaliers du Nord Vaudois (EHNV) à Yverdon, ainsi qu'à la clinique la Lignière à Gland.

Le 25 janvier, ouvriront également ceux de l'Hôpital intercantonal de la Broye (HIB) et de l'Hôpital Riviera-Chablais (HRC). Les inscriptions seront possibles dès le 7 janvier via internet ou par téléphone (058 715 11 00).

Le canton mise dans un premier temps sur 1000 injections par jour avec une augmentation progressive à 3000. Les autorités espèrent en outre que les médecins et les pharmacies pourront administrer des vaccins dès le mois de mars, portant la totalité des piqûres quotidiennes à 5000.

Mathieu Henderson

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Deux autres vaccins très attendus

Actuellement, seul le vaccin Pfizer/BioNTech a été approuvé par Swissmedic. Les arrivages sont échelonnés pour des contraintes de production et d'acheminement, mais aussi de conservation, ce vaccin devant être stocké à -80°C.

Les campagnes de vaccination dans les cantons pourraient fortement s'accélérer lorsque les deux autres produits, ceux de Moderna et d'AstraZeneca, obtiendront le feu vert de Swissmedic.

Moins coûteux et plus faciles à conserver, ces vaccins sont très attendus par les cantons. Ceux-ci comptent sur leur mise sur le marché pour pouvoir intégrer les cabinets médicaux et les pharmacies dans le dispositif de vaccination.

L'Agence européenne des médicaments (EMA) a d'ailleurs approuvé mercredi le produit de Moderna. La Suisse a réservé 7,5 millions de doses. Elle a également commandé plus de 5 millions de doses du vaccin d'AstraZeneca. En Suisse, ça devrait suivre rapidement. L'entreprise se dit prête à livrer les premières doses helvétiques. (mh)