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L'initiative sur le matériel de guerre "a l'air très éthique, mais ne résoudra rien"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Guy Parmelin, conseiller fédéral en charge de l'Economie
L'invité de La Matinale (vidéo) - Guy Parmelin, conseiller fédéral en charge de l'Economie / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 12 min. / le 6 novembre 2020
Guy Parmelin était l'invité de La Matinale vendredi pour défendre la position du gouvernement sur l'initiative "Pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre". Pour le ministre de l'Economie, le projet va trop loin.

Le principe de cette initiative soumise au peuple le 29 novembre prochain est simple: interdire le financement des fabricants de matériel de guerre. Une entreprise est considérée en tant que telle lorsque plus de 5% de son chiffre d'affaires provient de ce commerce. Cette interdiction de financement concerne les grands instituts, comme la BNS, l'AVS-AI, ou encore les caisses de pension.

La Suisse est "exemplaire"

"A première vue, c'est quelque chose qui a l'air très éthique, très attractif, mais quand vous regardez concrètement ce que cela signifie, ça ne va résoudre aucun problème. On pourrait comparer cette initiative à un médicament qui n'agit pas et qui n'a que des effets secondaires négatifs", image Guy Parmelin sur la RTS.

Le Vaudois rappelle que la Suisse exporte deux tiers de son matériel de défense et de guerre dans des pays comme l'Allemagne ou le Danemark, dont l'objectif "est de renforcer leurs instruments de sécurité et de défense", et que des contrôles sur leur utilisation sont effectués par la Confédération a posteriori. "La Suisse est exemplaire en la matière", insiste l'homme d'Etat.

Il précise par ailleurs que les instituts financiers ont déjà l'interdiction d'investir dans les armes atomiques, chimiques, biologiques et les mines antipersonnelles.

"Les mentalités évoluent"

Au-delà de l'interdiction du financement du matériel de guerre, Guy Parmelin estime que des grandes entreprises pourraient être prétéritées, tout comme les PME. "Il y a des firmes comme General Electric qui fabriquent aussi des éoliennes, des médicaments. Elles vont être pénalisées. En acceptant cette initiative, nous serions les seuls à appliquer une telle prescription. Nous nous tirons une balle dans le pied. Nous allons pénaliser nos banques et nos institutions financières, nos caisses de pension qui ne pourront plus investir par crainte de poursuites judiciaires. Cela va impacter aussi les sous-traitants qui livrent des pièces, nos postes de travail, nos rentrées fiscales et nos assurances sociales", s'alarme-t-il.

Ne serait-ce pourtant pas l'occasion pour les institutions de viser des rendements dans des investissements plus durables? "Ça se fait naturellement. Les mentalités évoluent. Dès que les entreprises auront fait cette analyse, elles vont essayer d'avoir les instruments nécessaires sur la durée. Mais l'initiative est trop rigide avec son plafond de 5% du chiffre d'affaires", répète le conseiller fédéral UDC.

>> Lire aussi : L'interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre en question

Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Jérémie Favre

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