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Accoucher masquée ou pas? La question agite les maternités

La Société suisse de Gynécologie et d'Obstétrique n'impose pas l'obligation du masque en salle d'accouchement, laissant une certaine marge de manoeuvre aux hôpitaux et maternités. [Keystone/AP Photo - Francisco Seco]
Accoucher masquée ou pas? La question agite les maternités / La Matinale / 1 min. / le 13 octobre 2020
Pour limiter la propagation du virus, la plupart des maternités françaises demandent le port du masque durant l'accouchement. Ici, la Société suisse de gynécologie ne tranche pas, laissant une certaine marge de manoeuvre aux hôpitaux et maternités.

En France, contraintes de porter un masque durant leur accouchement, plusieurs femmes dénoncent une forme de violence obstétricale. Sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #StopAccouchementMasqué, elles témoignent et demandent de mettre un terme à cette pratique qu'elles qualifient d'inhumaine. "Moi, j'arrive à peine à faire mes courses avec un masque, je n'ose pas penser quel cauchemar ça doit être d'accoucher avec", a écrit l'une d'elle sur Twitter. "J'entame mon dernier mois de grossesse et j'angoisse à l'idée d'accoucher masquée", s'inquiète une autre.

"Avec l'enquête nationale sur la naissance, que nous avons menée cet été, nous nous sommes rendu compte que le port du masque était corrélé avec davantage de complications à l'accouchement, et davantage de dépressions post-partum et de stress post-traumatique", explique Sonia Bisch, la fondatrice du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques. "Ce port du masque n'est pas du tout anodin. Quand on accouche, on devrait tout simplement ne pas porter de masque."

>> Ecouter l'interview de Sonia Bisch :

Le port du masque pourrait causer plus de problèmes lors de l'accouchement. [Keystone/AP Photo - Francisco Seco]Keystone/AP Photo - Francisco Seco
Accoucher masquée ou pas? La question agite les maternités. Interview de Sonia Bisch / La Matinale / 1 min. / le 13 octobre 2020

Chez nous, la Société suisse de gynécologie ne tranche pas. Certaines maternités, comme au CHUV à Lausanne et à l'hôpital de Morges, ont décidé de couper la poire en deux. "Le seul moment où la patiente est autorisée à enlever le masque, c'est au moment des poussées, si elle est trop contrainte par l'effort qu'elle est en train de faire", explique Valérie Klein, directrice adjointe des soins à l'Ensemble hospitalier de la Côte.

Avant d'ajouter qu'avant et après la poussée, tout le monde, y compris les femmes enceintes, porte le masque. "C'est une question de sécurité pour tous: pour elle, son conjoint et pour les collaborateurs. Parce qu'évidemment, les contacts sont assez rapprochés à ce moment-là".

Autres lieux, autres règles

Du côté des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), des maternités du Jura, du Valais et de Neuchâtel, c'est une autre règle qui prévaut. Là-bas, les femmes qui n'ont pas de symptômes n'ont pas besoin de porter un masque en salle d'accouchement pendant le travail.

"Je pense que si elles avaient dû porter le masque tout le temps en salle d'accouchement, ça aurait été difficile. Peut-être pas pour toutes, mais en tout cas pour certaines", témoigne Marielle Mourgeon, sage-femme, cadre de proximité à la maternité du Réseau hospitalier neuchâtelois. Par contre, elle insiste: le masque reste obligatoire lors de consultations ou lors des déplacements au sein de l'hôpital.

Plusieurs soignants interrogés ont confié que le plus difficile n'était pas le masque. Mais le fait que le partenaire ne puisse pas, dans certaines circonstances, assister à l'accouchement.

Sujet radio: Pauline Rappaz

Adaptation web: Fabien Grenon

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