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Pour les mêmes symptômes, les CoronaCheck divergent entre cantons

Notre rédaction a découvert que selon les symptômes et le lieu de résidence, la conclusion de lʹoutil dʹauto-évalutation en ligne "coronacheck" nʹest pas la même. Parfois, on doit aller se faire tester, parfois pas. Comment expliquer ces différences? Pourquoi existe-t-il plusieurs outils différents de coronacheck?


Lʹéclairage de Valérie DʹAcremont, médecin et infectiologue à Unisanté et professeure à lʹUniversité de Lausanne. Un sujet de Bastien Von Wyss et Isabelle Fiaux. [Unisanté - Unisanté]
Des disparités existent entre les différents outils dʹévaluation du coronavirus des cantons romands / On en parle / 8 min. / le 18 septembre 2020
Pour évaluer les risques d'avoir contracté le coronavirus, il existe cinq sites de type "CoronaCheck" en Suisse romande. Or, les informations qui en ressortent peuvent différer selon le canton où l'on vit.

Chiffres à l'appui, la Suisse est entrée dans une phase qui ressemble à une deuxième vague de Covid-19. Selon l’OFSP, sur les deux dernières semaines, le pays compte en effet 62,3 nouvelles infections pour 100'000 habitants, ce qui le place parmi les pays à risque.

Conséquence: au moindre rhume, les Suisses sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les sites internet de type "CoronaCheck" pour savoir s'ils ne devraient pas aller se faire dépister.

Or, il existe cinq sites internet différents en Suisse romande, celui d’Unisanté à Lausanne pour les cantons de Vaud, Valais et Neuchâtel, celui de l’hôpital d’Yverdon, celui des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), celui de l'Etat de Fribourg et celui de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Et tous n'émettent pas les mêmes recommandations selon tel ou tel symptôme.

Concrètement, en cas de fatigue généralisée, de douleurs musculaires et de maux de tête, l’outil d'Unisanté indiquera qu'un test est nécessaire si vous habitez dans les cantons de Vaud et du Valais, mais pas si vous résidez à Neuchâtel. Tandis qu'avec l’outil genevois, fribourgeois et celui de l'OFSP, un dépistage n'est pas recommandé.

"La beauté du fédéralisme"

"Les recommandations de l'OFSP laissent une marge de manoeuvre aux cantons dans l'interprétation des symptômes selon leur réalité du moment", explique dans l'émission On en Parle la médecin et infectiologue Valérie d'Acremont, qui a mis au point, en mars dernier, le premier outil d'évaluation du coronavirus, celui d’Unisanté. "C'est la beauté du fédéralisme."

Comme elle le précise, l'OFSP a défini deux sortes de symptômes: majeurs (difficultés respiratoires, fièvre et perte de l’odorat/goût) et mineurs (rhume, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires). "Pour Vaud, n'importe quel symptôme demandera un test. Alors que d'autres cantons, comme Neuchâtel, se concentreront uniquement sur les symptômes majeurs", détaille-t-elle.

Valérie d'Acremont reste consciente que ces différences peuvent semer la confusion dans l'esprit des gens. Mais elle assure que chaque canton fait de son mieux, tout en suivant les recommandations de l'OFSP. "Il peut aussi y avoir des contradictions sur les différents sites à cause des mises à jour fréquentes, qui peuvent prendre parfois plusieurs heures pour être visibles", explique-t-elle.

Appel au bon sens

Quoi qu'il en soit, à l'approche de l'hiver, la médecin appelle au bon sens. "Il ne faut surtout pas commencer à saturer les hotlines et les médecins, sauf s'il y a une question cruciale."

Elle encourage à continuer d'utiliser les outils électroniques d'évaluation. "Et lorsqu'on a le nez qui gratte, il serait bien d'attendre une nuit pour voir si ça se transforme en un vrai rhume. Les gens doivent garder leur bon sens."

Propos recueillis par Isabelle Fiaux

Adaptation web par Fabien Grenon

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