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Le masque pourrait avoir un impact sur le développement de l’enfant

Rendez-vous société: les enfants et le masque. Les précisions du Professeur Fabrice Clément de l'UNINE
Rendez-vous société: les enfants et le masque. Les précisions du Professeur Fabrice Clément de l'UNINE / 12h45 / 8 min. / le 16 septembre 2020
La lecture des émotions et des expressions affectives sont des vecteurs cognitifs importants pour le développement des enfants. Les gestes barrières contre le Covid-19, comme le port du masque, pourraient donc avoir un impact sur leur apprentissage, selon des experts.

Respect de la distance physique et port du masque: ces gestes barrières que l’on a intégrés au quotidien ont des répercussions sur les interactions entre adultes et enfants. Ces échanges jouent pourtant un rôle important dans le développement cognitif des petits, à l’exemple des bébés qui ont besoin de lire les expressions du visage ou des plus grands qui apprennent à parler en imitant les adultes. Les masques peuvent donc avoir un impact sur l’apprentissage.

"Nos émotions passent par notre visage qui donne aux enfants des signaux sur notre manière d’évaluer une situation", explique mercredi dans le 12h45 Fabrice Clément, professeur en sciences de la communication et de la cognition à l’Université de Neuchâtel. "C’est en regardant les expressions affectives des autres qu’ils décryptent leur environnement et adaptent leur comportement. Avec le masque, ils perdent une partie de ces informations".

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Inquiétudes des éducateurs de la petite enfance

Depuis fin août, le port du masque est obligatoire dans les crèches du canton de Genève. Que ce soit pendant les chansons, les repas ou les câlins, l’accessoire est omniprésent. Élément perturbateur pour ceux qui commencent à parler, le masque a surtout un impact sur les bébés. Passer du visage connu et aimant de leurs parents à celui d'éducatrices masquées peut être éprouvant.

"La barrière du masque pose une véritable question sur l’acquisition du langage et l’imitation des expressions. Par exemple, les enfants ne comprennent pas pourquoi nous ne pouvons plus goûter à table", témoigne Sylvie Schneider, éducatrice à la crèche Bertrand, située dans le quartier de Champel.

Minimiser l’impact du masque

Selon le professeur Fabrice Clément, l’utilisation de masques transparents par les éducateurs pourrait être une solution envisageable au frein communicationnel. Il rappelle néanmoins que le visage n’est pas le seul canal d’expression. "Les gestes et les intonations verbales sont aussi des facteurs primordiaux dans le développement de l’enfant".

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Ces techniques sont déjà appliquées dans certaines structures genevoises. "On a dû vite s’adapter à l’annonce du port du masque obligatoire", souligne Sandra Kolly-Bellet, directrice du secteur petite enfance à Champel, en précisant avoir rapidement abordé sur le site de Bertrand l'utilisation de la communication gestuelle. "Une éducatrice formée à ces moyens est venue vers nous en disant qu’il était essentiel de faire appel à ces outils".

Si les interactions entre enfants et adultes sont importantes, il ne faut pas sous-estimer les liens affectifs et les échanges qui subsistent entre eux. "Il suffit de se balader dans un parc pour voir qu’ils sont captivés surtout par les autres enfants. Une autre solution serait de mixer les âges dans les crèches, afin que les plus âgés jouent ce rôle d’évaluateur cognitif", ajoute François Clément. 

Interview et propos recueillis par Fanny Moille

Adaptation web : Sarah Jelassi

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