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Les pauvres? Les grands oubliés de la crise du Covid!, dénonce Hugo Fasel

L'invité-e de La Matinale (vidéo) - Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse
L'invité-e de La Matinale (vidéo) - Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 16 septembre 2020
Invité de La Matinale de la RTS mercredi, l'ancien conseiller national PCS et directeur de Caritas Suisse Hugo Fasel a fait part de son dépit de voir la pauvreté gagner du terrain ces derniers mois dans le pays en raison de la crise sanitaire.

La crise liée au Covid-19 touche durement les couches les plus fragiles de la population, prévient Caritas Suisse. L'association de lutte contre la pauvreté est aux premières loges pour assister aux dégâts entraînés par l'épidémie, a témoigné mercredi son directeur Hugo Fasel dans La Matinale de RTS-La 1ère.

"On le vit tous les jours, on le constate avec les gens qui viennent dans nos épiceries. Ils ont aussi des difficultés pour payer ce dont ils ont besoin", raconte le Singinois, qui évoque tout particulièrement la situation des gens qui ne peuvent pas bénéficier d'une assurance sociale parce que leur travail, ou leur activité secondaire, n'était pas déclarée.

10 millions distribués directement

"Ces derniers mois, notamment grâce à l'argent récolté via la Chaîne du bonheur, on a pu s'engager concrètement auprès de ces gens, qui ne pouvaient pas payer leurs factures ou leur loyer. On a distribué plus de 10 millions", décrit le directeur de Caritas Suisse, qui se félicite du succès de la collecte pour aider les victimes collatérales du virus. Pour lui, "ce ne sont pas les marchés qui ont réglé les problèmes du Covid, c'est la solidarité de la population suisse".

Ce ne sont pas les marchés qui ont réglé les problèmes du Covid, c'est la solidarité de la population suisse

Hugo Fasel, directeur de Caritas Suisse

"D'autres profitent encore du chômage partiel, mais subissent une réduction de leur salaire de 20%. Pour un certain temps, ils peuvent encore vivre sur leur fortune, mais après, ils commencent à venir chez nous demander de l'argent supplémentaire, car ils n'arrivent plus à tourner", complète Hugo Fasel. S'il estime que les allocations spéciales pour le chômage partiel sont un pas important, il regrette le refus de la Confédération et du Parlement de soutenir les plus pauvres par l'intermédiaire de paiements directs à hauteur de 1000 francs par personne, comme le demandaient plusieurs motions.

"Intervenir, dire et décrire" la pauvreté

"C'est typique pour la Suisse: malgré 630'000 personnes en situation de pauvreté, on les oublie, même maintenant dans le contexte du Covid. On pourrait dire qu'on s'en fout, mais c'est pire: on les oublie même!", tempête l'ancien conseiller national chrétien-social. "On doit à chaque fois intervenir, dire et décrire ce que sont les réalités pour faire passer le message".

Avec les queues lors des distributions de nourriture à Genève, les gens ont soudain saisi quelque chose que Caritas sait depuis longtemps

Hugo Fasel

A ses yeux, c'est pour cela que les queues à Genève lors des distributions de nourriture ont tant choqué le public: "Là, tout à coup, les gens ont saisi quelque chose que Caritas sait depuis longtemps", remarque-t-il. Avec la réorganisation du système et la diminution des queues, ils craint maintenant que la pauvreté en Suisse, dont on avait un peu plus parlé ces dernières années, ne redevienne quelque chose de clandestin.

>> Lire à ce sujet : Une distribution massive de nourriture aux plus démunis à Genève

Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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"Etre humanitaire demande un acte concret!"

"Quand il s'agit d'humanitaire, la Suisse revendique tout le temps sa place de numéro un dans le monde. Elle veut son étiquette estampillée 'tradition humanitaire'. Mais être humanitaire demande un acte concret!", s'insurge Hugo Fasel, interpellé sur l'attitude de la Suisse après l'incendie qui a ravagé le camp de Mória, sur l'île de Lesbos.

>> Plus de détails : Un nouveau camp pour réfugiés sur l'île de Lesbos après les incendies

"La Suisse aurait pu agir maintenant! Dire qu'elle prenait 1000, 2000, 5000 réfugiés! Le pays pourrait facilement faire arriver demain 10'000 personnes directement de Lesbos. C'est une décision politique", critique le directeur de Caritas Suisse.