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"Trafic, pression sur les places de travail: les gens ont peur aujourd'hui"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Norman Gobbi, évoque l’initiative de limitation de l’UDC
L'invité de La Matinale (vidéo) - Norman Gobbi, évoque l’initiative de limitation de l’UDC / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 1 septembre 2020
Avec la liberté physique procurée par la libre circulation, la Suisse a perdu énormément d'autres libertés, estime le conseiller d'Etat tessinois Norman Gobbi. Il était l'invité de La Matinale mardi pour défendre l'initiative de l'UDC "pour une immigration modérée".

Vue du Tessin, avec ses 68'000 travailleurs frontaliers quotidiens, la votation du 27 septembre pour l'abolition de la libre circulation prend tout son sens, selon le président du Conseil d'Etat tessinois. La cohabitation avec les travailleurs frontaliers n'est en effet pas la même au Tessin que dans d'autres cantons comme Genève (86'000 frontaliers), Vaud ou le reste de la Suisse, affirme Norman Gobbi.

Le salaire moyen, d'abord, y est plus bas de 17% par rapport à la moyenne suisse, et jusqu'à 30% comparé à de grandes villes comme Zurich, fait valoir l'élu de la Lega. Une différence imputable à la pression sur les salaires due aux attentes salariales plus basses des travailleurs frontaliers, selon le ministre. "Même les étrangers résidant au Tessin sont touchés: le personnel de maison ou de nettoyage par exemple peine à trouver un emploi, car on lui a substitué des travailleurs frontaliers."

La Suisse "beaucoup plus ouverte"

"Nous connaissons, au Tessin, les effets les plus forts de la libre circulation, avec un contingent de travailleurs frontaliers qui représente actuellement un quart de tous les emplois", explique Norman Gobbi. Selon l'élu de la Lega, cela s'explique par la position du canton dans le réseau métropolitain de la Lombardie et ses 10 millions d'habitants, avec une mobilité de plus en plus forte. "Aujourd'hui, des personnes viennent travailler en Suisse depuis Palerme", souligne-t-il.

La moitié de tous les travailleurs frontaliers de l'Union européenne (UE) sont employés en Suisse, relève encore Norman Gobbi. "Cela montre que la Suisse est beaucoup plus ouverte que les autres pays européens, qui mettent en avant la liberté de mouvement mais ne l'appliquent pas eux-mêmes", fustige-t-il.

"Toutes ces libertés ont été de fait annulées pendant la période Covid par ces mêmes pays, avec une libre circulation pratiquement annulée au sein de l'UE et des entraves à la liberté de commerce, notamment. Cette approche très libertaire - quand c'est pour prendre, oui, mais quand c'est pour donner, non - je ne l'accepte pas", conclut-il.

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Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Katharina Kubicek

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