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Sept ministres romands s'engagent contre l'initiative de limitation

Sept ministres Romands, dont Christoph Ammann, du canton de Berne, se sont retrouvés à Yverdon-les-Bains lundi pour afficher leur rejet de l'initiative dite de "limitation". [Canton de Berne]
Sept ministres Romands, dont Christoph Ammann, du canton de Berne, se sont retrouvés à Yverdon-les-Bains lundi pour afficher leur rejet de l'initiative dite de "limitation". - [Canton de Berne]
L'initiative dite de limitation constitue une "menace pour l’économie et les emplois". Particulièrement concernés de par leurs besoins en main-d'oeuvre et leur forte densité en hautes écoles, les gouvernements de Suisse occidentale ont appelé lundi à rejeter ce texte le 27 septembre.

Sept conseillers d'Etat des cantons de Vaud, Genève, Valais, Jura, Fribourg, Neuchâtel et Berne se sont réunis à Yverdon-les-Bains dans les locaux de l'entreprise intercantonale Sylvac. Ils sont montés au créneau, au nom de leurs gouvernements, contre une initiative "préjudiciable et dangereuse".

Le ministre vaudois Pascal Broulis, président de la Conférence des gouvernements de Suisse occidentale (CGSO), a rappelé que l'acceptation de l'initiative remettrait en cause cette voie bilatérale patiemment construite, qui fonde les relations économiques entre la Suisse et le marché européen.

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"Avec l'UE, la Suisse gagne 1 milliard par jour ouvrable"

Le conseiller d'Etat neuchâtelois Alain Ribaux a souligné que cinq des sept cantons de la CGSO ont une frontière directe avec l'UE. Cela se traduit par des échanges intenses, des collaborations transfrontalières comme le Conseil du Léman ou les projets Interreg.

Ces derniers concernent cinq millions d'habitants et 148'000 frontaliers et sont soutenus à hauteur de 66 millions par l'UE. Un oui à l'initiative les mettrait directement en péril.

L'initiative demande explicitement la résiliation de l'accord de libre circulation des personnes, une dénonciation qui entraînerait dans les 6 mois celles des sept accords bilatéraux. La Suisse serait ainsi privée d'un accès privilégié à l'incontournable marché européen. Le ministre a rappelé qu'elle gagne un franc sur trois grâce à ses échanges avec l'UE, soit l'équivalent d'un milliard de francs suisses par jour ouvrable.

Importance de la main d'oeuvre qualifiée

Plus de la moitié des biens et services exportés sont achetés par un pays européen. Les accords bilatéraux offrent à la Suisse un accès facilité à 550 millions de consommateurs, a ajouté le ministre bernois Christoph Ammann. La libre circulation est ainsi un élément déterminant de la prospérité économique.

La crise du coronavirus a démontré à quel point elle est cruciale pour la Suisse, que ce soit dans la santé, dans l'industrie ou l'agriculture. Sans main-d'oeuvre qualifiée, l'économie se retrouve en difficulté, a noté le Bernois. La stabilité de la Suisse doit en outre être préservée dans un contexte international chahuté, aux perspectives incertaines.

Il est important d'avoir accès à une zone de recrutement large, pas seulement pour les high tech mais aussi dans le domaine du tourisme ou de l'hôtellerie, a de son côté plaidé le Valaisan Frédéric Favre, rappelant que la Suisse devra également faire face au défi du vieillissement démographique.

Un équilibre trouvé avec les frontaliers

Enfin, le Genevois Antonio Hodgers a lui mis l'accent sur l'équilibre trouvé en matière de protection des travailleurs. Ces derniers sont protégés par les mesures d'accompagnement. Les contrôles et les sanctions ont été continuellement renforcés. Sur 40 CCT signées en Suisse, 24 le sont en Suisse occidentale. Une remise en cause ferait tomber ce dispositif, a-t-il prévenu.

A Genève, comme dans d'autres cantons il existe une vie transfrontalière qui n'est pas qu'économique, mais familiale, culturelle, de loisirs. Cette capacité de bouger serait elle aussi mise à mal, a relevé Antonio Hodgers.

ats/ther

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