Publié

"Il faut développer le métier d'infirmier et le rendre plus attractif"

Revalorisation des métiers de la santé: interview de Pauline De Vos Bolay, experte en gestion et planification hospitalière (vidéo)
Revalorisation des métiers de la santé: interview de Pauline De Vos Bolay, experte en gestion et planification hospitalière (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 27 mai 2020
Comment revaloriser la profession d'infirmière? La crise du coronavirus donne une visibilité nouvelle aux difficultés de cette profession très exposée. Beaucoup quittent le milieu hospitalier. En cause notamment: l’épuisement. Mais aussi le manque de perspectives, d’autonomie et le salaire.

La situation diffère fortement selon les cantons et les hôpitaux. Mais le canton de Vaud est assez représentatif de la moyenne suisse: un infirmier de base y commence avec environ 5000 francs mensuels à plein temps. Il peut espérer gagner jusqu'à 8000 francs, au faîte de sa carrière. Pour les cadres, le salaire moyen atteint 8600 francs.

Ce montant interpelle Luc Schenker, ancien directeur financier du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et économiste de la santé: "Si vous regardez dans le monde économique autour de nous, c'est ridicule pour des cadres avec les responsabilités qu'ils ont. Donc toute l'échelle infirmière est sous-évaluée. Vous avez 60% du corps infirmier qui a une formation correspondant aux niveaux d'études d'architecte, d'économiste, ou de juriste".

>> Ecouter l'interview complète de Luc Schenker :

Situation de crise pour les infirmiers. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Revalorisation des soins infirmiers: interview de Luc Schenker, économiste de la santé / La Matinale / 1 min. / le 27 mai 2020

Mais la revalorisation demandée par le corps infirmiers n'est pas que salariale, explique Pauline de Vos Golay, ancienne directrice du Conseil d'administration de l'Hôpital neuchâtelois: "Lorsque l'on pense à l'évolution démographique en Suisse, cela nécessitera une présence infirmière importante, d'où l'intérêt de pérenniser cette profession. Il faut la développer, la rendre attractive".

De l'autonomie

C'est précisément l'une des revendications principales de l'Association suisse des infirmières et des infirmiers (ASI), qui avait lancé en janvier 2017 une initiative pour des soins infirmiers forts: "Certains soins pourraient être faits directement par les infirmiers. Par exemple, après avoir effectué une évaluation clinique qu'ils ont la compétence de le faire, ils pourraient directement effectuer l'acte plutôt que de devoir référer au médecin et ensuite le faire. C'est un aspect important pour revaloriser le métier", explique Sophie Ley, présidente de l'ASI.

>> Ecouter aussi l'interview complète de Sophie Ley :

Initiative de revalorisation des soins infirmiers: interview de Sophie Ley
Revalorisation des soins infirmiers, interview de Sophie Ley, présidente de l’Association suisse des infirmières et infirmiers / La Matinale / 1 min. / le 27 mai 2020

Dans cette perspective, le Parlement souhaite créer un fonds doté de 400 millions de francs pour la formation des futurs professionnels de la santé. Une somme insuffisante pour la conseillère aux Etats tessinoise Marina Carobbio (PS): "On a reconnu dans la commission de la sécurité sociale que ce secteur était très important. Il faut former plus de gens, mais aussi avoir des moyens et des conditions pour que les gens formés restent au travail. A mon avis, on n'a fait que la moitié du chemin, car tout le monde reconnaît dorénavant l'importance des soins infirmiers et de la nécessité d'investir dans une profession systémique."

Guilaume Meyer, Camille Degott

Adaptation web: Jérémie Favre

Publié