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Uni de Neuchâtel: le recteur a été licencié

Alfred Strohmeier, le recteur licencié
Certains reprochaient à Alfred Strohmeier son autoritarisme
Le recteur de l'Université de Neuchâtel, Alfred Strohmeier, a été licencié lundi avec effet immédiat par le Conseil d'Etat. Le gouvernement explique avoir pris cette décision face au refus d'Alfred Strohmeier de «dialoguer normalement».

Ajouté à d'autres inverventions récentes du recteur, cela «rend
impossible la collaboration indispensable à la conduite de
l'Université», écrit le Conseil d'Etat dans un communiqué diffusé
lundi.

Effet immédiat

Dans un communiqué publié un peu plus tôt, Alfred Strohmeier
explique que «ce matin (lundi) à 07h00, un porteur m'a apporté à
mon domicile privé la décision du Conseil d'Etat de résilier mon
contrat de travail avec effet immédiat». Il précise avoir reçu
«l'ordre de quitter (son) bureau d'ici le soir du même jour à
18h00».



Selon Alfred Strohmeier, le gouvernement «invoque comme motifs le
différend qui oppose le Conseil d'Etat et le rectorat concernant la
reprise de l'Institut de microtechnique (IMT) de l'Université par
l'EPFL». Le Conseil d'Etat évoque aussi dans son courrier
l'interview accordée mardi dernier au journal «Le Courrier».

Décision "injuste"

«Je ressens la décision du Conseil d'Etat comme profondément
injuste, étant convaincu avoir défendu les intérêts de l'Université
de Neuchâtel conformément à la loi», poursuit le recteur. Ce
dernier précise qu'il n'a pas l'intention, dans les circonstances
actuelles, de commenter la décision du gouvernement.



En attendant qu'un nouveau recteur soit nommé, c'est Jean-Pierre
Derendiger, actuel doyen de la faculté des sciences, qui prend la
tête de l'Université. Nommé en janvier 2004 à la tête de
l'établissement, Alfred Strohmeier s'était opposé récemment au
rattachement de l'Institut de microtechnique (IMT) à l'EPFL.

Microtechnique

A l'état de projet, le rapprochement entre l'IMT et l'EPFL doit
encore faire l'objet de négociations entre le Conseil d'Etat et la
direction de la haute école lausannoise. Il y a quinze jours, le
recteur avait jugé que la démarche signifiait «la perte d'un des
plus beaux fleurons de l'Université».



Il avait dénoncé la remise en cause par le Conseil d'Etat de toute
la stratégie de réorganisation de la haute école neuchâteloise. A
ce sujet, il avait rappelé que les réformes mises en oeuvre depuis
l'an dernier portaient précisément sur le renforcement du pôle de
la microtechnique.

Incompréhensible

Selon le recteur licencié, le projet de transfert de l'IMT à
l'EPFL ouvre une période d'incertitude pour l'avenir de
l'université. Le sentiment d'incompréhension d'Alfred Strohmeier
vis-à-vis du Conseil d'Etat est d'autant plus vif que l'université
collabore depuis longtemps avec l'EPFL.



ats/hof/ruc

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Etudiants satisfaits, assistants inquiets

Pour Jérémie Gaudichon, co-président de la Fédération des étudiants neuchâtelois (FEN), «plus que ses récentes divergences avec le Conseil d'Etat, c'est la personnalité et le caractère d'Alfred Strohmeier qui lui valent sa brutale mise à l'écart».

Si Jérémie Gaudichon ne cache pas son «soulagement», il se montre «inquiet» pour l'avenir de l'université, particulièrement lors de la période de transition qui s'ouvre.

Du côté des assistants, Eric Simon, président de l'Association du corps intermédiaire de l'université de Neuchâtel, qualifie la décision du Conseil d'Etat de «brutale» et de «grave», car «ce licenciement signifie que le Conseil d'Etat n'a plus besoin de recteur pour diriger l'université».

Selon Eric Simon, il faut craindre «une prise de contrôle de plus en plus grande de la vie universitaire par le politique.»

Le professeur Philippe Terrier, président du sénat de l'université, n'a quant à lui pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat.