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"Le risque de 2e vague est réel", rappelle le chef de la task force Covid-19

Matthias Egger dirige la task force scientifique. [Keystone - Peter Klaunzer]
Matthias Egger, directeur de la task force Covid-19 de la Confédération / L'invité-e de La Matinale / 11 min. / le 5 mai 2020
Interrogé dans La Matinale, Matthias Egger, chef de la task force Covid-19 de la Confédération, rappelle que le risque de deuxième vague est réel. "La population suisse doit continuer avec les mesures de distanciation sociale et d'hygiène", a-t-il insisté.

Alors que le 11 mai, de nombreux établissements (écoles, magasins, restaurants...) rouvrent leurs portes, Matthias Egger, chef de la task force Covid-19 de la Confédération, a rappelé mardi dans La Matinale que le risque de deuxième vague est "réel".  "Il faut éviter que le taux de reproduction du coronavirus, c'est-à-dire que le nombre d'infections secondaires provoquées par une personne malade, passe au-delà de 1", a expliqué le scientifique. "La population suisse doit continuer avec les mesures de distanciation sociale et d'hygiène."

D'un point de vue scientifique, "il aurait peut-être été préférable d'autoriser les réouvertures de manière plus progressive, mais d'un autre côté il faut aussi voir les demandes de l'économie et les effets secondaires de maintenir les restaurants fermés plus longtemps, par exemple", a reconnu Matthias Egger.

Réouverture des écoles

Le chef de la task Force Covid-19 est favorable à un retour à l'école le 11 mai. Même s'il comprend très bien l'inquiétude des parents, il faut prendre en compte "l'équilibre entre la protection de la santé et le droit des enfants à l'éducation". De plus, "les enfants ne jouent pas un rôle important dans la propagation de cette épidémie. Les enfants peuvent être infectés, mais s'ils le sont, ils ont des symptômes faibles", a-t-il encore rappelé.

"Nous pouvons rouvrir les écoles, mais avec des précautions", a rassuré le scientifique. Pour preuve, l'exemple du Danemark qui a rouvert ses établissements depuis deux semaines et qui n'a pas enregistré de hausse de cas dans ceux-ci.

Port du masque et vaccin

S'appuie-t-on sur un point de vue scientifique ou politique quand on affirme qu'il n'est pas utile de porter un masque si on n'est pas malade? C'est une question très difficile parce que nous n'avons pas beaucoup de données sur l'efficacité des masques, a déclaré Matthias Egger. "Il est tout à fait clair que si on a des symptômes, porter un masque est utile, en revanche si on n'a pas de symptômes, c'est moins clair. Il faut également insister sur le fait que ce virus peut être transmis par des personnes qui n'ont pas de symptômes, donc de ce point de vue porter un masque est quand même un principe de précaution", a reconnu le scientifique.

Concernant un éventuel vaccin d'ici la fin de l'année, c'est un scénario "trop optimiste, nous ne connaissons pas bien le virus. Nous aurons beaucoup de chance si nous commençons à vacciner à grande échelle dans un an", selon Matthias Egger.

Propos recueillis par David Berger/lan

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Déjà 18 rapports

Fin mars, la Confédération a mis en place un organe consultatif scientifique pour aider les autorités politiques à gérer la crise du coronavirus. Matthias Egger, président du Conseil de la recherche du Fonds national suisse (FNS), dirige cette Swiss National COVID-19 Science Task Force.

Elle se compose d’experts reconnus dans les domaines de spécialisation concernés qui conseillent la Confédération et les cantons sur le plan scientifique. Ces experts doivent aussi définir des thématiques de recherche et des mesures spéciales.

Depuis sa mise en place, "18 rapports ont été rédigés, des rapports qui ont été appréciés et considérés par les autorités", a déclaré, satisfait, Matthias Egger dans La Matinale.