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"Le Conseil fédéral a bien travaillé", selon Céline Amaudruz et Céline Vara

Les invitées de la matinale (vidéo) – Céline Amaudruz et Céline Vara
Les invitées de la matinale (vidéo) – Céline Amaudruz et Céline Vara / La Matinale / 11 min. / le 4 mai 2020
Alors que le Parlement va débuter sa session extraordinaire, les parlementaires Céline Amaudruz (UDC) et Céline Vara (Vert) se rejoignent sur un point: le Conseil fédéral a bien géré la crise liée à la pandémie de coronavirus, mais il est temps maintenant que le Parlement reprenne le travail.

Interrogées dans La Matinale, la conseillère nationale genevoise Céline Amaudruz, vice-présidente de l’UDC, et la conseillère aux Etats neuchâteloise Céline Vara, vice-présidente des Verts, ont toutes les deux salué le travail du Conseil fédéral pendant cette crise.

Pour Céline Amaudruz, "la santé reste la priorité mais nous devons absolument nous assurer que l'économie puisse redémarrer, il y a eu assez de victimes pendant ce coronavirus, il ne faudrait pas tuer le tissu économique". Le Conseil fédéral a été "exemplaire" et "aujourd'hui le Parlement doit reprendre sa place, il doit jouer son rôle de législatif pour stopper le droit d'urgence qui a été mis en vigueur par le Conseil fédéral", a estimé la Genevoise.

De son côté, Céline Vara s'est réjouie de la manière dont le Conseil fédéral a géré cette urgence car "nous nous attendions à des catastrophes comme en Italie du Nord et cela ne s'est pas produit". Aujourd'hui, le Parlement va reprendre ses activités, "c'est normal qu'il y ait ce contrôle parlementaire pour accompagner cette sortie de crise", a relevé la Neuchâteloise. "Cette sortie doit absolument être intelligente, avec des mesures qui doivent véritablement décider de l'avenir que nous voulons, parce que soit nous retombons dans l'économie d'avant qui épuise nos ressources soit nous prenons cet effondrement sanitaire comme une opportunité pour rebondir".

Aide à l'aviation

Par exemple l'aide à l'aviation doit être conditionnée comme c'est le cas en Autriche, en France ou en Allemagne, a encore précisé la conseillère aux Etats Verte. "Il n'y a que la Suisse qui ne mette pas de condition à cette aide et c'est un scandale, sachant qu'aujourd'hui nous n'arrivons pas à tenir nos engagements pour l'accord de Paris".

Pour la vice-présidente de l'UDC au contraire, il faut rester "un tout petit peu raisonnable". "Nous ne pouvons pas demander à une industrie spécifique d'obtenir des crédits sous conditions et pas aux autres industries, c'est absolument dingue de vouloir tuer l'aviation en mettant des conditions alors que cela représente plus 190'000 postes". Prendre en exemple l'Allemagne et la France n'est pas la solution selon la conseillère nationale genevoise, "je ne crois pas qu'ils aient géré la crise aussi bien que la Suisse".

Application de traçage

Concernant la mise en place d'une application pour tracer les contacts dans la population, les avis des deux parlementaires divergent également.

>> Lire : Les zones d'ombre de la future application de traçage suisse

Pour Céline Amaudruz, il s'agit d'une pesée d'intérêts, "si à un moment donné, nous devons un peu renoncer à notre protection de la sphère privée pour le bien de la santé des citoyens de ce pays, j'y suis assez favorable, mais les conditions doivent être très strictes, nous devons être libres de télécharger l'application, celle-ci doit être gérée par le gouvernement et surtout toutes les données doivent être effacées après".

Céline Vara se montre plus dubitative sur cette application "d'une part parce qu'aujourd'hui nous n'avons pas de base légale et d'autre part il faudrait qu'une très grande majorité de personnes la télécharge". De plus, "nous ne pourrons jamais garantir que toutes les données soient véritablement confidentielles et effacées".

La suite pour les partis

Les Verts vont ressortir grandis par cette crise sanitaire, "j'en veux pour preuve l'appel du 4 mai qui sera remis aujourd'hui aux présidents des Chambres", a encore relevé sa vice-présidente. Cette crise sanitaire a montré "dans la douleur que nous pouvons, que nous devons consommer local. Nous devons arrêter de dépendre des pays extérieurs, en tout cas pour notre alimentation et les biens sanitaires". De plus pendant cette crise, "il y a eu deux élections, à Lucerne et Genève et dans ces deux cantons les Verts ont fait des scores historiquement hauts".

De son côté, la vice-présidente de l'UDC a estimé que cette crise "a apporté tout son sens à notre initiative sur la libre circulation. Les frontières aujourd'hui, ce n'est plus le thème de l'UDC c'est la réalité. Ce que veut l'UDC, c'est un contrôle aux frontières, nous voulons maîtriser notre immigration, nous voulons savoir qui entre (pour travailler, pour des vacances...) et qui sort. Si nous enlevons les contrôles, nous pourrions de nouveau avoir une crise sanitaire. La frontière joue un rôle essentiel dans la souveraineté et la sécurité d'un pays", a martelé Céline Amaudruz.

Un contrôle des personnes aux frontières est nécessaire en période de crise mais la circulation des personnes est essentielle pour la question économique, a répondu Céline Vara qui a rappelé qu'au début de la crise, les craintes sur le passage du personnel hospitalier frontalier étaient très grandes.

Comment relancer le pays?

Pour Céline Vara, le point essentiel pour relancer le pays, c'est de "repenser notre économie. Les jeunes veulent une autre société, nous ne pouvons plus nous appuyer sur une économie qui pousse à la surconsommation. Il faut penser local, penser régional. Nous devons également inventer des nouveaux métiers pour accélérer la réforme écologique."

La priorité, pour Céline Amaudruz, c'est d'assurer "qu'il n'y aura aucune nouvelle taxe, pas d'augmentation du prix de l'essence ou de taxe sur l'aviation". 

Propos recueillis par David Berger et Romaine Morard

Adaptation web: France-Anne Landry

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