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Surpoids et obésité sont des facteurs à haut risque face au Covid-19

Coronavirus: la majorité des patients traités aux soins intensifs de Genève souffrent de surpoids ou d'obésité. Notre enquête.
Coronavirus: la majorité des patients traités aux soins intensifs de Genève souffrent de surpoids ou d'obésité. Notre enquête. / 19h30 / 2 min. / le 12 avril 2020
Le surpoids et l'obésité sont encore plus présents qu'on ne l'imaginait dans les unités vouées aux malades du Covid-19, comme le montre une enquête du 19h30. Mais la seconde ne fait toujours pas partie des pathologies reconnues à risque en Suisse.

Sur un total de 101 patients contaminés par le nouveau coronavirus et admis aux soins intensifs des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) jusqu'ici, 83 sont en surpoids ou souffrent d'obésité.

A Lausanne, en tout cas deux tiers des patients actuellement aux soins intensifs et intubés souffrent de vraie obésité, constate de son côté le docteur Mauro Oddo, responsable du service au CHUV. "Et surtout dans la catégorie d'âge inférieure à 65 ans", précise-t-il.

>> L'interview du docteur Mauro Oddo dans le 19h30 :

Mauro Oddo: "Il y a une plus grande vulnérabilité, surtout avec la population des obèses."
Mauro Oddo: "Il y a une plus grande vulnérabilité, surtout avec la population des obèses." / 19h30 / 2 min. / le 12 avril 2020

Or en Suisse, 42% de la population est en surpoids et 11% est obèse. "Ce sont des personnes qui sont plus à risque de développer des thromboses veineuses, des embolies pulmonaires. Et plus l’obésité est importante, plus on sait qu’il y a un risque de mortalité qui est aussi plus important", explique Audrey Prestini, infirmière spécialisée en soins intensifs aux HUG.

Pas une pathologie à risque reconnue

L’obésité entraîne souvent d’autres pathologies - hypertension, maladies cardiovasculaires, diabète - qui font partie des facteurs aggravants du Covid-19. Mais elle ne fait pourtant pas partie officiellement des pathologies reconnues à risque en Suisse.

"L’obésité manque de reconnaissance dans le milieu médical et dans le domaine de la recherche également", constate la doctoresse Lucie Favre du Service d'endocrinologie, diabétologie et métabolisme du CHUV à Lausanne. "On considère le plus souvent l’obésité comme un état, comme une responsabilité individuelle et plus difficilement même dans le milieu médical comme une maladie à proprement dit".

Confinement encore plus important à respecter

Des études récentes démontrent pourtant que l’obésité entraîne des risques accrus. "Je pense qu’au vu de ces publications actuellement, il serait vraiment important que la maladie de l’obésité soit reconnue comme un facteur de vulnérabilité", poursuit Lucie Favre. "Et je pense que les personnes souffrant d’obésité, a fortiori d’obésité importante, devraient vraiment pouvoir respecter le confinement le plus strict et éviter à tout prix de contracter la maladie.

Delphine Misteli/oang

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