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Covid-19: comment dire adieu aux personnes en fin de vie?

Comment dire adieu aux personnes en fin de vie en ces temps de coronavirus [Fotolia - Sframe]
Comment dire adieu aux personnes en fin de vie en ces temps de coronavirus / La Matinale / 1 min. / le 8 avril 2020
Selon les directives fédérales qui visent à lutter contre le Covid-19, toutes les visites au sein des établissements médicaux sont interdites. Mais il existe des exceptions.

"On ne fait pas de décès par FaceTime ou par Skype". Cette phrase lancée par un responsable d’EMS pose les bases d’une situation sensible. Les proches de personnes en fin de vie peuvent-ils en période de pandémie aller leur dire adieu?

Selon les directives fédérales qui visent à lutter contre le Covid-19, toutes les visites au sein des établissements médicaux publics ou privés et des EMS sont interdites, pour éviter la circulation du virus. Mais il existe des exceptions, notamment pour ces personnes en fin de vie.

Des adieux qui doivent être rendus possibles dans tous les EMS romands. Avec précautions : masque, mains propres et parfois blouse et gants. Les cantons s’adaptent.

Chaque canton a ses règles

A Fribourg, une directive indique que les établissements de soins doivent garantir le déroulement d’un adieu avant ou après le décès. Et une cellule spéciale coordonne ces visites avec deux règles principales : ne pas entraver le bon fonctionnement de l’établissement et respecter les règles d’hygiènes de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Pour l’instant, tous les EMS peuvent garantir les visites des proches qui viennent dire adieu à des personnes en fin de vie, selon Nicolas Fürst de la police cantonale fribourgeoise.

>> A lire : Des familles craignent que les résidents d'EMS soient privés d'hôpital

Selon le protocole mis en place dans le canton du Jura, les proches doivent prendre rendez-vous avec le personnel des hôpitaux ou des EMS pour déterminer l’heure de la visite. Ils doivent s’équiper et sont guidés par le personnel soignant de la manière la plus directe possible jusqu’à la chambre de la personne en fin de vie.

L’Association neuchâteloise des établissements et maisons pour personnes âgées (Anempa) coordonne les mesures liées aux visites en fin de vie sur tout le territoire cantonal. Selon la secrétaire générale, Fabienne Wyss Kübler, "je vous l’affirme, personne ne meurt seul."

Souvent du cas par cas

Partout, la situation est complexe. "Une personne en fin de vie et qui a le covid est contagieuse. Toute la question est de savoir si le proche est une personne vulnérable ou pas, et qui peut venir auprès de ces résidents. Mais surtout comment les accueillir ?", admet Carol Gay, directrice d'un EMS dans le canton Vaud.

Il est suggéré aux proches de ne pas toucher la personne en fin de vie, de respecter les règles de distance sociale. Le manque de visites en EMS se fait ressentir chez les résidents même si souvent tout est mis en place pour qu’ils puissent garder un contact avec leurs proches, par Skype et par téléphone.

La relation entre proches est un besoin fondamental qui doit être préservé le plus possible, estime le médecin cantonal vaudois, Karim Boubaker. Il affirme faire au mieux, mais le mieux ce n’est pas toujours ce que souhaitent les gens. Il va falloir une bonne dose de compréhension mutuelle, selon lui.

Un équipement complet

Au CHUV et à l'Hôpital Riviera-Chablais, on adapte en fonction des familles. Elles peuvent venir dire un dernier au revoir à un proche, qu’il soit ou non malade du Covid-19, estime Peter Vollenweider, médecin chef au Service de médecine interne du CHUV.

Les visiteurs doivent porter un masque, et parfois une surblouse et des gants, car il est souvent impossible dans une chambre d’hôpital de respecter une distance de 2 mètres.

Certains ont des règles strictes. Un seul visiteur par jour pendant dix minutes, par exemple, à l'Hôpital du Valais. Le visiteur doit également porter un masque, une blouse et des gants. Sur demande, l’hôpital peut mettre une tablette électronique à disposition pour permettre des échanges plus longs. Dans les EMS valaisans, il y a des conditions spécifiques en fonction de chaque institution.

Un équilibre difficile à trouver

Selon le médecin cantonal genevois, Jacques-André Romand, les visites sont tolérées dans les hôpitaux, les cliniques, les EMS. Mais si les gens vont mal, sans être en fin de vie, il est surtout proposé des télévisites.

Les HUG sont en train de tout mettre en place pour que ces visites soient possibles dans tous les secteurs, y compris en soins intensifs, où c’est pour l’instant plus compliqué. "En principe, nous acceptons une personne pas jour pour environ une heure", explique Sophie Pautex, cheffe du service de médecine palliative.

"Si le patient est vraiment dans ses derniers jours de vie, on s’adapte. Mais cela dépend de l’endroit. Nous sommes convaincus de l’importance des proches. Mais notre priorité actuellement est d’avoir du personnel soignant qui n’attrape pas le covid et qui s’occupe des patients dans de bonnes conditions. C’est une balance difficile à trouver."

Le jeu d'équilibriste est délicat : permettre les contacts en fin de vie, tout en protégeant le système de santé.

Pauline Rappaz/pwa

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