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Une mortalité hors norme due au coronavirus déjà perceptible en Suisse

Depuis la mi-mars, le nombre de décès en Suisse est plus élevé qu'habituellement. Ce pic de mortalité frappe les seniors, premières victimes de la pandémie de coronavirus. La hausse demeure mesurée mais devrait s'accroître ces prochaines semaines.

Le Covid-19 commence à avoir un impact visible sur la mortalité. La semaine du 23 au 29 mars, l'Office fédéral de la statistique (OFS) prévoyait 1174 décès chez les personnes de plus de 65 ans, toutes causes confondues. Il y en a eu 1435, soit 261 de plus que le chiffre attendu, d'après les données publiées mardi.

Surtout, le nombre de décès dépasse la limite supérieure de mortalité attendue par l'OFS, ce qui signifie qu'une surmortalité est observée. C'est la deuxième semaine d'affilée que la courbe franchit cette limite, calculée en fonction des décès enregistrés habituellement à cette période de l'année.

Pour l'instant, un pic pas exceptionnel

Sans surprise, l'OFS attribue cette surmortalité à la pandémie de Covid-19. "Les chiffres de l'OFS montrent plus ou moins la même évolution que ceux de l'OFSP (ndlr: l'OFS compte tous les décès via les offices d'état civil, l'OFSP les décès liés au coronavirus via les cantons)", indique l'office dans la description de ses données.

Même si elle dépasse la limite supérieure, la courbe des décès atteint pour l'instant des proportions connues par le passé. Ces valeurs ont été franchies plusieurs fois ces dernières années lors d'épisodes de fortes grippes ou de canicules.

Début 2015, l’épidémie de grippe avait par exemple entraîné un pic de surmortalité de 11 semaines, avec au total 2200 décès de plus qu'attendu.

Que le début

Il est toutefois trop tôt pour tirer des conclusions. Les chiffres de mars 2020 ne reflètent que le tout début de la crise du coronavirus en Suisse. Depuis le 29 mars, date des données publiées mardi par l'OFS, les cantons ont annoncé plus de 450 nouveaux décès dus au Covid-19.

Le pic de surmortalité devrait donc se prolonger ces prochaines semaines et il est probable qu'il surpasse celui des épisodes de grippe. Comme la surmortalité est influencée par les mesures de confinement et leur respect, il n'est toutefois pas possible de savoir dans quelles proportions ni combien de temps ce pic durera.

En Italie, premier foyer de la pandémie en Europe où les mesures ont été prises tardivement, la surmortalité a déjà atteint une tout autre dimension. D'après les dernières données publiées par le ministère italien de la Santé pour la semaine du 18 au 24 mars, l'Italie du Nord compte chaque jour presque le double de décès par rapport à la moyenne.

Nombre de décès quotidien moyen par semaine en Italie du Nord [http://www.salute.gov.it/]

Pas de pic chez les moins de 65 ans

En revanche, du côté des bonnes nouvelles, la pandémie n’influence pas fortement la courbe des décès des personnes de moins de 65 ans en Suisse.

Ces derniers, qui représentent moins de 10% des victimes du Covid-19, dépassent tout de même très légèrement la limite supérieure pour la semaine se terminant le 29 mars, avec 206 décès.

Valentin Tombez

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