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André Hédiger élu maire de Genève

L'élection d'André Hédiger ne s'est pas faite à bulletins secrets
André Hédiger accède à la mairie malgré son inculpation
Malgré son inculpation, André Hédiger a été nommé mercredi maire de la Ville de Genève par ses collègues de l'exécutif. Deux voix pour, deux voix contre et une abstention lui ont suffi pour accéder au poste.

André Hédiger a annoncé son accession à la mairie aux médias
présents sur le perron du Palais Eynard. L'élection de M. Hédiger
n'allait pas de soi. Le magistrat du Parti du Travail est en effet
depuis mardi sous le coup d'une inculpation pénale pour abus
d'autorité dans l'affaire des amendes annulées.



«Je n'ai commis aucune faute. On me fait un faux procès, sans
avancer de preuve», a déclaré le prochain maire de Genève. «Et je
ferai en sorte que mon année à la tête de l'exécutif se déroule
dans une atmosphère sereine», a-t-il ajouté.

L'âge prime

Deux tours de scrutin ont été nécessaires pour élire M. Hédiger.
Le maire actuel, Manuel Tornare, ainsi que le magistrat écologiste
Patrice Mugny, se sont opposés à cette nomination. André Hédiger a
en revanche reçu le soutien du conseiller administratif d'extrême
gauche Christian Ferrazino. Le libéral Pierre Muller s'est
abstenu.



En cas d'égalité des voix le plus âgé des candidats à la mairie
l'emporte, précise le règlement. Patrice Mugny, le dernier arrivé
au Conseil administratif, a été ensuite élu à la vice-présidence de
l'exécutif de la Ville. «A l'unanimité des voix», a précisé à l'ATS
Philippe d'Espine, chargé de la communication à la Ville.

Mauvais procès

Christian Ferrazino, de l'Alliance de Gauche, a défendu André
Hédiger. «On lui fait un mauvais procès. Savoir qui dispose de la
compétence pour faire annuler des amendes d'ordre est une question
qui se discute sans doute, mais il n'y a pas là de quoi jeter
l'opprobre sur un magistrat au service de la collectivité depuis 20
ans», selon lui.



De son côté, Pierre Muller a déclaré qu'il s'est abstenu lors du
vote car il ne voulait pas arbitrer un duel entre la gauche.
«Inculpé veut dire présumé innocent», a relevé encore M. Muller
pour expliquer sa position neutre.



Le conseiller administratif libéral, comme tous les autres membres
du Conseil administratif, a pu consulter le dossier constitué par
la justice genevoise avant de prendre la décision de s'abstenir.
«J'ai pu me faire une idée» de l'affaire, a-t-il souligné.

Risques pour la Ville

Manuel Tornare et Patrice Mugny ont expliqué leur refus de voter
pour André Hédiger par souci de l'intérêt général. En dépit de la
présomption d'innocence, les deux magistrats estiment qu'il n'est
pas souhaitable que Genève se dote d'un maire inculpé qui va devoir
«assumer plusieurs confrontations avec la justice».



Le socialiste et l'écologiste évoquent encore les décisions à
venir du côté de l'autorité cantonale qui avait ouvert une enquête
administrative, suspendue dans l'attente de l'évolution du dossier
judiciaire. Ils regrettent donc que M. Hédiger n'ait pas renoncé à
ce poste par «souci de l'intérêt général», ont-ils
communiqué.



«Une majorité du Conseil administratif a opéré un choix qui semble
lourd de conséquence et de risques pour notre ville. Espérons que
Genève, qui n'a pas besoin de ça, n'aura pas à le regretter»,
conclut le communiqué de MM. Tornare et Mugny.



agences/st

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Partis consternés

A l'exception du Parti du travail (PdT), les partis présents au Conseil municipal de la Ville de Genève se déclarent consternés par l'élection d'André Hédiger à la mairie. Ils jugent cette nomination déplorable pour l'image de la ville, en Suisse comme à l'étranger.

L'élu radical Guy Dossan se déclare «extrêmement choqué» par l'accession du magistrat communiste à la mairie. «Comment peut-on désigner un maire sous le coup d'une inculpation?» Cette étiquette lui restera attachée tout au long de son année de mandat, qu'il soit finalement innocenté ou reconnu coupable.

Socialistes et Verts ne mâchent pas non plus leurs mots. «C'est la consternation», affirme l'écologiste Marguerite Contat Hickel. «André Hédiger a fait passer ses intérêts avant ceux de la collectivité.» Le parti socialiste évoque quant à lui une «décision irresponsable du point de vue politique et institutionnel».

«La nomination d'André Hédiger discrédite les institutions politiques de la Ville et affaiblit sa position dans ses relations avec les communes et le canton», s'inquiètent les socialistes. Les élus municipaux estiment que l'ambiance au sein de l'exécutif va encore se détériorer au vu de la manière dont l'élection a eu lieu.

L'affaire des amendes annulées

Le magistrat a admis avoir demandé à ses services d'annuler les amendes qu'il avait reçues dans le cadre de ses fonctions, mais a invoqué son bon droit.

Toutes les contraventions qu'André Hediger a annulées concernaient des stationnements trop longs. Il s'agit d'environ dix amendes sur six ans et demi, a précisé son avocat M. Assaël.

En revanche, les contraventions infligées au conseiller administratif à titre privé ont toutes été payées, a assuré l'avocat.

Le communiste a également fait sauter un certain nombre d'amendes qui avaient été infligées à des tiers.

Cette affaire empoisonne aussi les relations entre le maire actuel, Manuel Tornare, et son successeur. M. Tornare estime qu'A. Hédiger a tenu des propos diffamatoires à son égard et menace de porter plainte.

A. Hédiger avait laissé entendre que M. Tornare avait lui aussi procédé à l'annulation d'amendes d'ordre, ce qu'il conteste avec véhémence.