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Les initiatives anti-pesticides, "épées de Damoclès" sur les familles paysannes

L'invité de la Matinale (vidéo) - Jacques Bourgeois, directeur de l'Union suisse des paysans
L'invité de la Matinale (vidéo) - Jacques Bourgeois, directeur de l'Union suisse des paysans / La Matinale / 11 min. / le 18 février 2020
Le conseiller national fribourgeois Jacques Bourgeois quittera la tête de l'Union suisse des paysans à fin mars. Il évoque les évolutions de la branche, qui devraient permettre de renforcer la lutte contre les pesticides. Mais pour lui, pas question de s'en passer.

"Je ne peux pas dire que l'agriculture se porte vraiment mieux qu'au début du siècle, mais elle évolue avec l'environnement dans lequel elle se situe", estime Jacques Bourgeois, invité mardi de La Matinale de la RTS.

Le président de l'Union suisse des paysans (USP), qui s'apprête à remettre ses fonctions après 22 ans de bons et loyaux services, évoque l'agriculture "du futur": celle à laquelle les exploitations agricoles devront s'adapter, notamment dans le cadre de la nouvelle politique agricole 2022-2025, présentée la semaine dernière.

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Et de donner un cas concret: celui de la robotisation de certaines pratiques agricoles. "Ce sont des projets-pilotes à l'heure actuelle, mais ils vont reconnaître une plante et la détruire de façon ciblée, ce qui va permettre de réduire encore l'utilisation de produits phytosanitaires. On les a déjà réduits de 28% depuis 2008 et nous allons poursuivre les efforts. Mais je tiens à préciser que nous avons besoin de protéger nos plantes contre des maladies et des ravageurs", estime Jacques Bourgeois.

Des "épées de Damoclès"

L'usage des pesticides dans l'agriculture helvétique est en effet combattu par plusieurs initiatives, et de nombreuses études soulignent les dangers d'une agriculture industrielle. Dans ce contexte, est-il plus difficile de défendre la paysannerie?  "Oui, car on a ces épées de Damoclès sur la tête des familles paysannes, que sont les initiatives 'eau propre' et 'sans pesticides de synthèse'. Personne ne peut être contre de l'eau propre! Mais il faut voir que ces initiatives ont un impact majeur sur la production suisse: nous en perdrions environ 40%. Nous devrions alors importer et je ne pense pas que nous voulions être encore plus dépendants de l'étranger pour assurer la sécurité de l'approvisionnement de nos denrées alimentaires", réagit Jacques Bourgeois.

Ne pas être tributaires des importations

"Cela ne veut pas dire pour autant que l'on doit rester les bras croisés", nuance-t-il. Il évoque le "plan d'action phytosanitaire en place, décidé par la Confédération, et qui est en cours d'application", mais aussi "une initiative de la Commission de l'économie et des redevances du Conseil des Etats, qui fixe comme objectif de réduire les risques de 50% à horizon 2027".

"Nous faisons le maximum pour réduire les interventions de façons ciblée. Mais s'en passer complètement, cela serait nous rendre beaucoup plus tributaires de l'étranger. Et je ne crois pas que c'est la volonté populaire qui a été exprimée en automne 2017, avec l'article sur la sécurité alimentaire qui a été pratiquement plébiscitée, à près de 80%. Les consommateurs veulent en partie garder la main sur le contenu de leur assiette", insiste l'élu PLR.

Propos recueillis par Julien Bangerter

Adaptation web: Jessica Vial

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Lacs, rivières et ruisseaux mieux protégés

Les lacs, rivières et ruisseaux seront mieux protégés contre les pesticides dès le 1er avril. Le Département fédéral de l'environnement (DETEC) a revu les valeurs limites pour douze pesticides particulièrement problématiques pour les organismes aquatiques.

Pour ces produits, la valeur sera inférieure à 0,1 microgramme par litre, indique mardi le DETEC. Il s'agit notamment de la cyperméthrine, un insecticide. Trois médicaments seront aussi soumis à des valeurs limites.

Pour tous les autres pesticides, la valeur limite générale de 0,1 microgramme par litre devra être respectée dans l'ensemble des lacs et des cours d'eau. Le projet mis en consultation par le DETEC en 2017 prévoyait une valeur spécifique à chaque substance, en fonction de sa toxicité pour les organismes aquatiques.

Cela aurait signifié un assouplissement pour 25 pesticides, dont le glyphosate. Cette proposition a suscité la critique lors de la consultation. Le Département est donc revenu en arrière.