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L'OFCOM ouvre une enquête après la seconde panne de Swisscom

Delphine Gianora : "Chaque service d’urgence a dû se débrouiller tout seul, parce que Swisscom n’avait pas de plan B hier soir".
Delphine Gianora : "Chaque service d’urgence a dû se débrouiller tout seul, parce que Swisscom n’avait pas de plan B hier soir". / 19h30 / 3 min. / le 12 février 2020
Des travaux de maintenance ont paralysé une partie du réseau de Swisscom dans la nuit de mardi à mercredi. Les numéros d'urgence ont été indisponibles durant plus d'une heure et demie. Après cette 2e panne en un mois, l'OFCOM veut mener sa propre investigation.

Entre 22h33 mardi soir et 00h10 mercredi, les clients de Swisscom n'ont eu accès ni à la téléphonie fixe et mobile 4G ni à internet. L'application Alertswiss ne fonctionnait pas non plus. Seuls les mobiles utilisant la 2G et la 3G sont restés opérationnels.

De nombreuses polices et services médicaux d'urgence ont annoncé sur Twitter que les numéros d'urgence 117, 112, 144 et 118 n'étaient plus atteignables, et invité le public à se reporter sur des numéros mobiles des services concernés.

Dans l'émission Forum, André Duvillard, délégué du Réseau national de sécurité, souligne qu'un tel incident met en évidence la vulnérabilité des systèmes d'information. "Aujourd'hui, on est assez vite mis en défaut si on a un problème", insiste-t-il.

"On doit être capables, au niveau des services de secours, (...) d'avoir une redondance dans les communications. Il n'est pas du tout admissible que nous ayons une panne, parce dans ce genre de circonstances, des vies sont en danger."

>> Lire aussi : Une grosse panne chez Swisscom a paralysé les numéros d'urgence

Le conseiller d'Etat fribourgeois Maurice Ropraz en charge de la justice et de la sécurité déplore ce nouvel incident: "Ces ruptures de réseau Swisscom créent de lourds désagréments, des problèmes pour la population, pour les entreprises, et c'est un gros souci pour les responsables de la sécurité."

Rappelant la situation de "monopole" dont dispose Swisscom dans la gestion des réseaux de sécurité et qui est stipulée dans sa concession, Maurice Ropraz ne mâche pas ses mots: "Swisscom n'a pas été à la hauteur, et je crois qu'elle en est consciente."

>> Ecouter les interviews complètes d'André Duvillard et Maurice Ropraz :

Quelles leçons tirer de la panne des numéros d'urgence? Interview de Maurice Ropraz et André Duvillard
Quelles leçons tirer de la panne des numéros d'urgence? Interview de Maurice Ropraz et André Duvillard / Forum / 6 min. / le 12 février 2020

"Erreurs humaines"

Mercredi en milieu de journée, Swisscom a attribué le dérangement "à des travaux de maintenance planifiés pour l'élargissement de la capacité du réseau, lors desquels plusieurs erreurs humaines ont été commises". Les travaux ont alors été interrompus et inversés afin de rétablir tous les services touchés.

L'entreprise étant elle-même affectée par la panne, il a été difficile de convoquer les spécialistes nécessaires, ce qui a retardé la résolution du problème, précise-t-elle.

>> Les explications du 12h45 :

Une grosse panne Swisscom a paralysé les numéros d'urgence la nuit dernière.
Une grosse panne Swisscom a paralysé les numéros d'urgence la nuit dernière. / 12h45 / 2 min. / le 12 février 2020

En Suisse romande, les cantons de Genève, Vaud, Fribourg, du Jura et de Neuchâtel ont été touchés. En Valais, la police cantonale, citée par le Nouvelliste, a indiqué que la panne n'avait pas eu d'impact, la police disposant d'un système technique de secours. Dans le reste de la Suisse, Berne, Zurich, Thurgovie, Argovie, les deux Bâle, Saint-Gall, Nidwald, le Tessin et les Grisons ont notamment signalé le dérangement.

A l'instar de la police zurichoise, la police vaudoise a précisé une fois le dérangement terminé que les numéros alternatifs proposés n'avaient pas été utilisés. La police bernoise a elle indiqué avoir été présente à l'extérieur de manière renforcée.

Enquête ouverte

Un composant défectueux avait déjà provoqué une panne du réseau le 17 janvier dernier. Le dérangement avait touché le réseau fixe de l'opérateur. Il avait pu être surmonté grâce au redémarrage du réseau.

Swisscom étant tenu d'assurer l'accès aux numéros d'urgence par la loi sur les télécommunications, l'Office fédéral de la communication (OFCOM) a annoncé mercredi "un examen approfondi des causes" de la panne. Il ne dispose pas à ce stade d'un rapport détaillé à ce sujet et n'est donc pas encore en mesure de s'exprimer, a-t-il indiqué à Keystone-ATS.

S'il devait constater des infractions à la législation, l'OFCOM pourrait exiger de Swisscom des mesures pour que cela ne se reproduise pas. Il pourrait aussi assortir la concession de conditions et même limiter, suspendre, révoquer ou retirer cette dernière au pire des cas.

>> Voir les explications de Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale vaudoise :

Panne chez Swisscom: les explications de Jean-Christophe Sauterel, porte-parole police cantonale vaudoise.
Panne chez Swisscom: les explications de Jean-Christophe Sauterel, porte-parole police cantonale vaudoise. / 12h45 / 1 min. / le 12 février 2020

ats/ebz

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Les services de secours veulent pouvoir être atteints

Polices, sapeurs-pompiers et services d'urgence disposent certes de leurs propres canaux de communication internes, comme des fréquences radio et Pager. Mais le problème, en cas de panne générale de réseau, est pour eux de pouvoir être atteints par la population.

La Conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police s'est aussi dite préoccupée. "C'est inquiétant pour la population quand les numéros d'urgence ne sont pas atteignables durant un certain temps", a souligné son président, Urs Hofmann. La conférence va examiner les incidents survenus, y compris directement avec Swisscom.

L'entreprise de télécommunications a annoncé de son côté qu'elle allait examiner d'autres possibilités d'accès avec les numéros d'urgence concernés, par exemple par téléphone mobile. La Fédération suisse des sapeurs-pompiers a elle fait part de ses besoins aux instances concernées et se dit confiante.