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La famille veut rouvrir l'enquête sur le drame du Vatican en 1998

La famille de Cédric Tornay veut rouvrir l'enquête sur le drame du Vatican en 1998
La famille de Cédric Tornay veut rouvrir l'enquête sur le drame du Vatican en 1998 / 12h45 / 1 min. / le 15 décembre 2019
Plus de vingt ans après les faits, c'est une affaire qui avait fait beaucoup de bruit en Suisse et au Vatican qui pourrait rebondir. La famille de l'ex-garde suisse Cédric Tornay, accusé d'avoir tué son commandant et son épouse avant de se suicider, demande la réouverture de l'enquête.

Le drame remonte au 4 mai 1998, au coeur du Vatican: trois corps sont retrouvés, trois personnes, tuées par balle.

Pour le Vatican, les choses sont claires: le jeune vice-caporal de la Garde suisse Cédric Tornay s’est donné la mort après avoir éliminé son supérieur, le commandant des Gardes suisses Aloïs Estermann, ainsi que sa femme.

Mais les proches de Cédric Tornay ont toujours contesté cette version des faits. Après une première tentative qui n'a pas abouti en 2008, ils demandent à nouveau la réouverture du dossier.

Pas d'accès au dossier

La principale critique qui est émise est le fait que la mère de Cédric Tornay n’a jamais eu accès aux actes d’enquête. Interrogée par la RTS, l'avocate de la famille Laura Sgrò dénonce aussi la gestion des autopsies: "Selon les informations que nous avons, les conclusions des deux rapports d’autopsie qui ont été faits ne coïncident pas. Et surtout, il n’y a pas eu véritablement d’analyse balistique, ce qui est absolument fondamental dans une affaire où il y a trois morts."

Aucun accès aux photos ou aux témoignages, des résultats d’examens qui n’ont jamais pu être consultés, pour l'avocate, trop d'éléments manquent et les conclusions de l’enquête seraient hâtives: à ses yeux, le meurtre aurait été commis par vengeance, pour une histoire de médaille que le commandant aurait refusée à Cédric Tornay.

Reconstitution des faits jugée incohérente

Pour la famille, la reconstitution des faits est également incohérente et ne coïncide pas avec la vitalité de Cédric, avec le fait que deux heures avant sa mort il avait parlé à sa mère et que tout allait bien. "Cela ne correspond pas non plus aux témoignages des personnes qui lui étaient proches. Il y a beaucoup, beaucoup de questions en suspens", confie Laura Sgrò.

Vingt-et-un ans après les faits, l’enquête pourrait donc être rouverte et les zones d’ombre qui subsistent pourraient réveiller une affaire qui avait fait le tour du monde et ébranlé le Vatican.

>> Revoir l'émission Zone d'ombre consacrée à cette affaire :

Meurtre au Vatican
Meurtres au Vatican / Zone d'ombre / 57 min. / le 2 novembre 2011

Valéri Gillioz/boi

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Le rappel des faits

- 4 mai 1998: Le nouveau commandant de la Garde pontificale, Aloïs Estermann, son épouse, et le vice-caporal Cédric Tornay sont retrouvés morts dans le quartier suisse au Vatican. Ils ont été tués par balle. Rapidement, un coupable est désigné par le Saint-Siège: Cédric Tornay, qui aurait assassiné le couple avant de se suicider.

- 6 février 1999: La justice vaticane conclut son enquête. Elle estime que la théorie élaborée immédiatement après le drame, un double meurtre et un suicide, est la bonne. Cédric Tornay aurait agi sous le coup de la frustration, parce que son chef lui refusait une décoration. Une tumeur au cerveau aurait contribué à son passage à l'acte.

- 11 avril 2002: S'appuyant sur les conclusions de l'autopsie du corps de Cédric Tornay, les avocats de sa famille demande la réouverture de l'enquête. Ils sont persuadés que l'ancien vice-caporal a été assasiné.

- 18 mai 2002: Le Vatican annonce qu'il ne rouvrira pas l'enquête.

- novembre 2008: La justice suisse est saisie par la mère de Cédric Tornay, qui dépose une plainte pour meurtre. Quelques semaines plus tard, le parquet genevois classe l'affaire.