Charles Juillard: "changer la formule magique mais ne pas se précipiter"

Sibyllin, Charles Juillard ménage le suspense: "Ce qui va ressortir de cette élection est quand même incertain, puisque le PDC n'a pas encore arrêté sa position même si, c'est vrai, il a refusé d'auditionner Madame Rytz, ce qui ne veut pas dire que, pour lui, les Verts n'ont pas leur place au Conseil fédéral. Simplement, on ne peut pas chambouler la composition du Conseil fédéral tous les quatre ans, parce que ce pays a besoin de stabilité, a besoin de la concordance qui a fait son succès politique, mais aussi économique." 

Huit ans

Pourtant le PDC se profile - notamment par le biais des déclarations de son président Gerhard Pfister dans la presse - comme le parti qui souhaite "donner des contours différents à la formule magique" en limitant, par exemple, la durée du mandat d'un conseiller fédéral à huit ans.

Mais les démocrates-chrétiens veulent absolument éviter d'agir dans l'urgence, comme l'explique Charles Juillard: "Pour l'instant, il faut se mettre autour de la table, parce que ça ne se fait pas à la légère, ça doit se faire de manière sérieuse, autour d'arguments qui tiennent la route et qui peuvent tenir le coup plus qu'une législature. (...) Nous voulons rediscuter de la composition du Conseil fédéral mais pas dans la précipitation, au risque d'amener de l'instabilité, et ça n'est pas le moment d'en amener au plan international en particulier."

"Pas envie d'avoir deux conseillères fédérales vertes"

Quant à la possibilité d'un vote "de vexation" à l'endroit du PS, dont le président Christian Levrat a qualifié la stratégie du PDC de "suicidaire" s'il ne vote pas pour Regula Rytz, Charles Juillard répond: "Le peuple suisse n'a certainement pas envie d'avoir deux conseillères fédérales vertes et de surcroît bernoises, car si on regarde la politique menée par la socialiste Simonetta Sommaruga, on doit se rendre compte qu'il n'y a pas besoin de Vert au Conseil fédéral pour mener cette politique."

Et de préciser: "Je n'ai pas dit que le PDC essaiera de faire élire Regula Rytz à la place de Simonetta Sommaruga, j'ai dit que le parti n'avait pas encore pris position sur sa stratégie de vote. La seule chose qu'il a dit, c'est faire réélire sa conseillère fédérale et le chancelier de la Confédération et il a renoncé à écouter Madame Rytz. Pour le reste, il n'y a rien eu d'autre qui a été entrepris par le PDC."

>>Voir aussi: La chronique politique de Stéphane Deleury: "Charles Juillard, pompier volontaire"

Xavier Alonso/pym