Journée C02, quels enjeux pour la Suisse?

Grand Format

Introduction

Le C02 est devenu le poison de la planète. Il est la cause numéro 1 du réchauffement terrestre. Pas un jour ou presque sans qu'il en soit question. La COP 25 qui se tient actuellement à Madrid veut relever les ambitions des États en matière de réduction des émissions. L'objectif est de limiter la hausse de température à 2 degrés d'ici la fin de ce siècle.

Chapitre 1
La Suisse est une grande émettrice de CO2

Selon le dernier classement établi par le Global Carbon Project, la Suisse se situe au 80e rang des pays émetteurs de CO2, si l'on considère le taux émis par habitant sur notre territoire.

En comparaison européenne, la Suisse figure parmi les Etats les moins pollueurs. Et pourtant, avec 4,7 tonnes de CO2 par personne, notre pays ne respecte pas son engagement pris dans le Cadre de l'Accord de Paris. Celui-ci prévoit de contenir d’ici à 2100 le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés, par rapport aux niveau préindustriel, et si possible de limiter la hausse des températures à 1,5 degré.

C'est la raison pour laquelle la loi sur le CO2 est en révision. L'objectif est que, d'ici à dix ans, nous ayons divisé par deux nos émissions de gaz à effet de serre sur notre territoire, par rapport à 1990. La loi est actuellement en discussion au Parlement. Parmi les solutions proposées dans le projet, il y a l'idée de taxer l'essence et l'avion notamment.

Objectif 2050

Et puis en août dernier, le Conseil fédéral a fixé une deuxième échéance: 2050. Il s'agit ici de réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre. Un but qui rejoint celui de l'initiative des Glaciers déposée fin novembre. Aujourd'hui une soixantaine de pays, ainsi que l'Union européenne, visent le zéro émission nette pour 2050.

Pour y arriver, le Conseil fédéral est en train d'élaborer une stratégie pour l'an prochain. Les secteurs les plus polluants sont clairement identifiés: il s'agit des transports et tout particulièrement de la voiture. Et aussi des logements encore chauffés au mazout.

>> L'interview de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga dans Forum :

Objectif zéro émission carbone d’ici 2050: interview de Simonetta Sommaruga
Forum - Publié le 4 décembre 2019

Comme pour la loi sur le CO2, il s’agit de remplacer les énergies fossiles par du renouvelable. Et puis, une seconde voie est à l’étude: le captage puis le stockage du CO2, dans ce qu'on appelle des puits de carbone. Car il devient de plus en plus évident que les seules mesures de réduction ne suffiront pas.

"La captation et l’utilisation du CO2 permet de lui donner une valeur économique et cela représente une incitation décisive. Que cela puisse générer des revenus représente une stratégie complémentaire, et non pas une substitution, pour lutter contre le réchauffement climatique", a affirmé dans la Matinale Suren Erkmann, professeur d'écologie industrielle à l'Université de Lausanne.

>>Regardez l'interview du professeur Suren Erkmann dans la Matinale

L'invité de La Matinale (vidéo) - Suren Erkman, professeur d’écologie industrielle à l’UNIL
L'invité-e de La Matinale (en vidéo) - Publié le 4 décembre 2019

Grands émetteurs

Et on ne parle là que des gaz à effet de serre émis sur notre sol. Or notre pays importe une quantité astronomique de biens. Toujours selon le Global Carbon Project. Nous remontons au 14e rang des pays les plus émetteurs si l'on considère toutes les émissions générées par notre consommation.

Avec près de 14 tonnes de CO2, nous excédons largement la moyenne mondiale. Raison pour laquelle de nombreux experts estiment qu'il est de plus en plus nécessaire de prendre aussi en considération la perspective de la consommation dans le bilan carbone d'un pays.

Croissance grâce à la technologie ou nécessaire décroissance?

La technologie nous sauvera-t-elle du réchauffement climatique? C'est le débat qui oppose "techno-optimistes" et "décroissants": ceux qui pensent que l'humanité doit changer mais peut continuer à consommer, créer, transformer grâce aux progrès, et ceux qui pensent qu'il est temps de sérieusement ralentir.

Le débat de Forum a réuni jeudi la conseillère nationale Isabelle Chevalley (Vert'libéraux/VD), le PLR Marc Ehrlich, président du groupe Retripa, l'urbaniste et architecte Laurent Guidetti (Tribu Architecture) et la philosophe et économiste Sophie Swaton, maître d'enseignement et de recherche à l'Université de Lausanne.

>> Le débat de Forum :

Le débat - Face aux problèmes écologiques, la technologie ou la décroissance?
Forum - Publié le 4 décembre 2019

Chapitre 2
Le détail des émissions de CO2 en Suisse

Le transport arrive largement en tête avec 32% des émissions de CO2 sur territoire suisse. La route représente à elle seule 30% de nos émissions. Les rejets de CO2 liés aux carburants des voitures de tourisme ont même augmenté de plus de 3% l'an dernier par rapport à 1990. Cela s'explique par la hausse du nombre de kilomètres parcourus, l'augmentation du nombre de véhicules en circulation et par des voitures de tourisme à fort taux d'émissions.

Il s'agit également de tenir compte du trafic aérien international. Les vols internationaux en avion ne sont pas pris en considération dans les calculs. Mais si on les ajoute aux autres modes de déplacement, les transports totalisent 39% de nos émissions de gaz à effet de serre. En générant 5,35 millions de tonnes de CO2, les vols internationaux sont responsables de 10% du total de nos émissions. Et le secteur est en forte croissance. Il y a toujours plus de vols. Entre 1990 et 2017, il a progressé de 37%. Pour contenir cette évolution, la révision de la loi propose d'introduire une taxe sur les vols en avion.

Le chauffage au mazout et au gaz représente 18,8% de toutes les émissions de gaz à effet de serre en Suisse. Un domaine dont les émissions sont en baisse. L'efficacité énergétique des bâtiments et l'utilisation des énergies renouvelables qui sont de plus en plus souvent utilisées pour les chauffages expliquent cette évolution.

Hormis pour le carburant, l'agriculture ne génère pas de CO2, mais du méthane. Ce gaz est produit pour l'essentiel par le bétail, mais aussi par le fumier et les engrais.

Chapitre 3
De quoi se composent les gaz à effet de serre?

Le CO2 représente le 81% des gaz à effet de serre dans le monde. Il est essentiellement généré par les carburants et les combustibles (chauffage), mais aussi par les processus industriels et les solvants. 

Le méthane est essentiellement généré par le secteur agricole et en particulier via les émissions des ruminants. Il représente 10,3% des gaz à effet de serre. 

5% des gaz à effet de serre sont composés de gaz hilarant ou protoxyde d'azote: il est émis pour l'essentiel via les sols et l'utilisation d'engrais. 

Quant aux gaz synthétiques (3,7%), ils sont présents dans les processus industriels et les solvants.

Chapitre 4
Des écogestes pour montrer la voie

Keystone - Georgios Kefalas

Il est possible d’agir à son niveau. Nous pouvons réduire nos émissions de CO2 avec des petits gestes du quotidien. Mais que faire? Et pour quel résultat?

Statistiquement, chaque Suisse produit 14 tonnes de CO2, dont environ 8 sont importés (biens de consommation, produits pétroliers,...). Voici quelques gestes choisis par l'Office fédéral de l'environnement et leur impact sur notre production de CO2

Il s’agit si possible de réduire sa consommation d’énergie et son chauffage. Par exemple, chaque degré en moins dans une pièce permet d’économiser 6% d’émissions de CO2. "En Suisse, nous importons notamment de l'électricité fossile d’Allemagne, donc installer un panneau photovoltaïque sur sa toiture (ou contribuer à une bourse solaire participative) fait une vraie différence, car cela remplace directement de l'énergie fossile européenne", estime par exemple Denis Bochatay spécialiste du développement durable chez Quantis.

Pour ses déplacements, la mobilité douce est évidemment souhaitable, mais une conduite écologique peut vous permettre d’économiser 2 kg de CO2 tous les cent kilomètres. Il s’agit notamment d’augmenter la pression des pneus, d’utiliser le régulateur de vitesse (tempomat) et de passer rapidement la vitesse supérieure.

Prendre l’avion alourdit également votre bilan personnel. Un vol aller-retour vers Bangkok (18'000 km) représente à lui seul 1900 kg de CO2, soit 9800 km parcourus en voiture.

Chapitre 5
Recycler le CO2

Capter les émissions de CO2 dans l'atmosphère pour le transformer ou le réinjecter. Cela se fait déjà dans plusieurs pays, notamment en Islande, en Italie ou aux Etats-Unis, et également en Suisse.

>> Lire aussi : Et si le CO2 devenait une ressource, une matière première?

Dans le canton de Zurich, l'entreprise Climeworks utilise le CO2 de l'air ambiant pour, entre autre, faire pétiller l'eau de Valser dans les Grisons.

L'installation de capture du CO2 se situe à Hinwil, dans la campagne zurichoise. C'est au dessus de l'usine d'incinération que se trouvent de grosses bouches circulaires, des capteurs de CO2. Mais tout commence par l'incinérateur.

"C'est là que brûlent les ordures et les déchets de l'Oberland Zurichois, cela génère l'énergie nécessaire pour faire fonctionner le système de captation de CO2", explique Louise Charles, responsable de communication chez Climeworks. Avec cette énergie auto-produite, l'installation sur le toit permet d'aspirer le C02 contenu dans l'air ambiant.

Les capteurs de CO2 au dessous de l'usine d'incinération d'Hinwil (ZH)

"Il y a 18 modules avec des filtres très sélectifs. On peut comparer ça à de grosses éponges qui absorbent non pas de l'eau mais du gaz."

La capacité est d'environ 900 tonnes de CO2 captées par an. Une partie du gaz pur filtré est acheminé vers une serre à quelques centaines de mètres de là pour aider des légumes à pousser.

Et une autre partie sert à produire les bulles de l'eau de Valser. Ce gaz est alors acheminé en camion à Vals, dans la vallée grisonne. "Le CO2 nous est transmis dans un réservoir qui est ensuite relié à notre installation pour l'ajouter à l'eau", explique Slavéna Novacovic chargée de communication chez Coca-Cola, à qui appartient Valser.

La startup Climeworks récupère le CO2 de l'atmosphère. [climeworks.com]climeworks.com
La Matinale - Publié le 4 décembre 2019

"L'installation injecte du CO2 sous pression dans la boisson, dans notre eau. Le CO2 est dissous dans l'eau. Actuellement le CO2 de Climeworks est plus cher que le CO2 conventionnel. Mais dès le début nous avons choisi de soutenir Climeworks avec leur technologie qui peut combattre le changement climatique. L'aspect financier n'est pas une priorité pour nous dans cette collaboration."

La chaîne de production de l'eau Valser à Vals

C'est donc plutôt un procédé symbolique à ce stade. Mais qui a l'ambition de délivrer un message plus général, nous dit Slavena Novacovic "Pour nous il s'agit d'une collaboration importante avec Climeworks. Nous pouvons ainsi soutenir la technologie prometteuse d'une entreprise suisse."

Ici, Climeworks fait pétiller de l'eau. En Islande, c'est plus conséquent, la firme suisse enfouit le CO2 sous terre, où il se transforme en matière rocheuse. "Nous pouvons démontrer que cette technologie fonctionne au niveau industriel", précise la firme.

>> La Suisse se profile également sur le stockage du CO2. Regarder la vidéo diffusée dans le 19h30. :

Enfouir le CO2 pour sauver le climat.
19h30 - Publié le 20 janvier 2019

Chapitre 6
Le bâtiment, un secteur qui pollue de moins en moins

Keystone - SALVATORE DI NOLFI

Les émissions annuelles de CO2 du parc immobilier suisse ont reculé de plus de 4 millions de tonnes, en 30 ans. Mais les bâtiments - qui sont d'abord des logements - émettent encore un quart de ces gaz à effet de serre.

Les autorités subventionnent les constructions plus performantes et les rénovations. On modernise souvent l'isolation thermique, au risque parfois de dénaturer l'aspect de certains bâtiments.

Pour éviter cela, Le Lignon, à Genève, est rénové par l'intérieur. On préserve la façade de ce colosse des années 70 qui mesure 1 kilomètre de long et peut loger 10'000 personnes. On remplace le verre intérieur. On augmente l'isolation, avec des matériaux plus performants et plus d'épaisseur.

C'est le plus grand chantier de restauration en Europe. Le TSAM, le Laboratoire des techniques et de la sauvegarde de l'architecture moderne à l'EPFL, a élaboré une feuille de route qui à terme pourrait diminuer de plus de 30% la consommation de chaleur.

Le Lignon à Vernier (GE) est l'un des bâtiments les plus long au monde. Déroulé, il s'étend sur plus d'un kilomètre. 6000 personnes y vivent. [Claudio Merlini]

Pour l'instant, 80% du Lignon est restauré, ou va bientôt l'être. Selon Giulia Marino, architecte et chercheuse au TSAM, les bâtiments sont trop souvent rénovés par l'extérieur. Ce qui modifie leur apparence, et donc l'image des villes. "C’est un projet qui veut mettre en valeur ce qui existe. Le but de cette rénovation est de conserver l’image et une grande partie des matières."

Le TSAM a réalisé un chantier prototype sur l’immeuble de l’allée 22. "L’isolation se fait de l’intérieur. Tout en conservant la façade, nous avons une amélioration de la performance énergétique avec des coûts contenus. Le choix des isolants entre en ligne de compte."

Situé à Ste-Croix (VD), le nouveau bâtiment de la coopérative DomaHabitare offre des logements dans un cadre communautaire. [domahabitare.ch - Corinne Cuendet]

Autre manière radicale de gagner en efficience énergétique. Direction le Jura vaudois, dans une coopérative de dix appartements à Sainte-Croix construite en 2016. Ici, on a choisi de construire en étant le plus écologique possible.

Tout est fait pour réduire au maximum l'empreinte carbone: habitat collectif et non pas villa individuelle. De l'énergie produite sur place. Du réemploi, des matériaux naturels et si possible locaux.

Une partie des murs sont construits en briques de terre crue. De la terre issue des travaux d'excavation. Et ces briques s'emboîtent comme des Lego, sans mortier.

"Notre bâtiment est si bizarre qu’il partage les avis en deux catégories ; ceux qui le trouvent magnifique et ceux qui le trouvent vraiment moche!". Daniel Béguin a conçu le bâtiment, avec sa compagne, comme un projet de fin de vie.

"Ce qui frappe, c’est les éléments de récupération hétéroclites. Il y a des fenêtres de trois maisons qui ont été utilisées. Les panneaux photovoltaïques sont en façade. En hiver, ils ne sont pas couverts de neige. Nous avons construit nous-même la façade, car les entreprises ont refusé de travailler avec du matériel de récupération."

Et la maison est uniquement chauffée au feu de bois. Il y a un fourneau par logement et pas de chauffage central. "Nous avons également une fosse à compostage par appartement. Il y a un gros tuyau qui arrive des toilettes à la verticale dans la fosse. Grâce à une bactérie, tout est transformé en engrais pour notre jardin."

Cette coopérative valorise des techniques simples, low-tech, à contre-courant du "tout-technologique".

Ici la Suisse.
Ici la Suisse - Publié le 4 décembre 2019

Chapitre 7
Quand les garagistes vendent en priorité des SUV

Keystone - Gaetan Bally

Les garagistes suisses poussent-ils à l’achat de SUV ? En tout cas, ils font pencher la balance chez ceux qui sont indécis. C’est le constat fait par Rinny Gremaud. Notre journaliste est allée faire le tour des garages dans la région lausannoise.

En Suisse, les SUV représentent la moitié des voitures neuves vendues, et la majorité sont des 4x4. Longtemps, notre pays a été champion des ventes de ce type de voitures. Mais aujourd'hui, cette tendance concerne tous les pays industrialisés. Dans le monde, les SUV sont désormais six fois plus nombreux qu'en 2010. Et selon l’Agence internationale de l’énergie, ils sont la deuxième cause de l'augmentation des gaz à effet de serre dans le monde.

Alors, pourquoi se vendent-ils si bien?

Pour sa tournée des garages, Rinny Gremaud s’est présentée ainsi : actuellement propriétaire d'un break sept places (qui n’est pas un SUV), elle est à la recherche d’un modèle plus petit. Mère de famille avec deux enfants de 10 et 12 ans, elle a 40'000 francs de budget pour racheter une voiture. Elle n’exprime aucune préférence sur le type de voiture, mais elle précise qu’elle ne fera que des petits trajets en ville, sauf quelques fois dans l'année, où elle va à la montagne.

Des SUV plein les garages

Or, malgré ce profil, la plupart des vendeurs de voitures lui ont proposé un SUV. Sur les huit garages visités, un seul l’a orientée sur une hybride – chez un constructeur qui a déjà fait de cette motorisation sa spécialité. Deux lui ont proposé une berline ordinaire. Les cinq autres, soit la majorité, lui ont présenté des SUV, ou "petits SUV". Les arguments sont toujours les mêmes : on voit mieux la route, on se sent plus en sécurité, etc.

Autre constat : tous les showrooms sont remplis de ces gros véhicules hauts sur roue, et à moins de demander à voir d'autres modèles, on a l'impression qu'il n'y a que cela à vendre.

Enfin, parmi les questions posées par les vendeurs, celle qui revenait le plus souvent était "est-ce que vous souhaitez quatre roues motrices ?", alors qu'à l’évidence, le profil de l’acheteuse faisait penser que non. Il faut préciser qu'il existe des SUV à traction, et ce sont donc ces véhicules qui étaient alors proposés à l'acheteuse potentielle.

En revanche, la question de la motorisation alternative n'a jamais été posée. Il a fallu que la cliente-journaliste demande s'il y avait ce type de voitures à disposition. Dans la plupart des cas, le vendeur indiquait que de nouveaux modèles étaient en cours de développement et arriveraient l'année prochaine. Aujourd'hui, tous les constructeurs ont au moins un modèle électrique dans leur gamme. Le vendeur le présentait alors, tout en listant les inconvénients : installation d'une borne spéciale, et autonomie limitée sur de longues distances, notamment.

En conclusion : si la cliente ou le client ne demande pas spécifiquement autre chose, c'est un SUV qui lui sera vendu.

>> Qu'en pensent les garagistes? Écoutez la réponse de Pierre Daniel Senn, vice-président de l'UPSA, la faîtière des garagiste, dans le 12h30. :

Pierre Daniel Senn, co-direceur de Automobiles Senn SA à Neuchâtel. [RTS - Romain Bardet]RTS - Romain Bardet
Le 12h30 - Publié le 4 décembre 2019