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Les dénonciations pour blanchiment d'argent lié à la corruption en hausse

Plus de 30% de dénonciations en 2018 par rapport à 2017 à l'Office fédéral de la police pour soupçons de blanchiment d'argent
Plus de 30% de dénonciations en 2018 par rapport à 2017 à l'Office fédéral de la police pour soupçons de blanchiment d'argent / 19h30 / 2 min. / le 14 novembre 2019
En 2018, 1639 soupçons de blanchiment d'argent lié à la corruption ont été signalés par les banques en Suisse, contre 65 dix ans auparavant. Mis en cause, des dirigeants ou des hauts fonctionnaires étrangers qui utilisent la place financière suisse pour laver des sommes astronomiques.

C'était entre 2009 et 2015. Durant six ans, les milliards du fonds souverain malaisien 1MDB ont été dilapidés dans une orgie de fêtes, de luxe et de corruption. Le ministère public cible l'ancien Premier ministre Najib Rajak et ses acolytes: près d'un milliard de francs sont confisqués en Suisse. La Banque de la Suisse italienne (BSI) ne s'en remettra pas et sera contrainte de mettre la clef sous la porte en 2016, avalée par le scandale.

Au cours des dix dernières années, les dénonciations pour blanchiment d'argent lié à la corruption en Suisse ont considérablement augmenté. En 2009, elles représentaient 7,3% des signalements de blanchiment potentiel (65 cas) contre 26,8% en 2018 (1639 cas). La corruption est même passée devant l'escroquerie comme principal soupçon dans les dénonciations, selon le dernier rapport du Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS) à fedpol.

Blocage de 1000 comptes liés au scandale Petrobras

"La hausse est significative mais ce n’est pas une surprise pour nous. C’est le résultat d’une sensibilisation effectuée auprès des établissements bancaires. Les autorités ont fait en sorte de faciliter les déclarations de soupçons", explique Daniel Thelesklaf, directeur du MROS.

L'Amérique latine est l'une des régions du monde les plus incriminées et le scandale Petrobras constitue la principale affaire traitée par le MROS au cours de ces dernières années. Les dirigeants du géant pétrolier brésilien avaient mis en place une mécanique de surfacturation permettant de détourner des sommes colossales qui ont notamment pris le chemin de la Suisse.

Résultat: près de 1000 comptes bloqués dans une quarantaine de banques helvétiques. "Tout a commencé au Brésil mais avec des ramifications dans de nombreux pays. Des centaines de millions de francs ont été trouvés et confisqués en Suisse. Nous avons pu retourner cet argent dans les Etats concernés", précise Daniel Thelesklaf.

Le Venezuela est un autre pays concerné. Selon les autorités fédérales, des proches de l'ex-président Hugo Chavez qui ont détourné de l'argent des caisses publiques ont possédé jusqu'à neuf comptes en Suisse, dans de prestigieux établissements bancaires. Un milliard de francs a été saisi. Reste qu'il n'y a pas que l'Amérique latine. Des représentants ou des proches de régimes autoritaires partout dans le monde, comme récemment en Algérie, sont largement concernés par cette hausse des dénonciations pour blanchiment lié à des faits de corruption.

Philippe Lugassy/kg

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"On passe encore entre les gouttes en Suisse"

Journaliste économique à la Tribune de Genève, Roland Rossier vient de publier un livre intitulé "La Suisse et l'argent sale - 60 ans d'affaires bancaires", aux Editions Livreo-Alphil.

"Le boulot n'a pas encore été fait complètement", souligne-t-il dans le 19h30. Les banques ont fait énormément d'efforts, mais il reste tout une série d'officines un peu plus obscures qui passent un petit peu entre les gouttes en Suisse (...) surtout avec l'argent de la corruption."

>> L'interview de Roland Rossier dans le 19h30: